
William Cloutier, grand gagnant de Star Académie 2021, a récemment fait paraître son premier album, On ira, sous l’étiquette Musicor. On y trouve onze compositions abordant des sujets variés, en passant par l’amour sous toutes ses formes, mais aussi par des thèmes engagés comme les infanticides, le féminisme du point de vue masculin ou encore l’environnement. Nous en avons discuté davantage avec lui.
Tu rêvais de sortir un album solo depuis longtemps. Comment te sens-tu maintenant que c’est fait ?
Je me sens comme si j’étais le prochain à glisser dans le Mont Everest (rires)! J’ai un vertige, mais en même temps je suis vraiment content. C’est tellement trippant de pouvoir enfin lancer quelque chose qui est à soi, surtout que j’ai écrit les chansons, donc je suis vraiment fier de moi.
Comment nous présenterais-tu ton album ?
C’est un pot-pourri de toutes mes couleurs, de toutes mes textures, de toutes les choses qui me préoccupent. À travers cet album-là, je me révèle, mais je prends aussi position sur des enjeux que je trouve importants, sur des choses dont on ne parle jamais assez. On ne parlera jamais trop du féminisme ou de la condition de la planète. J’aborde aussi les infanticides. C’est vraiment un sujet qui me préoccupe, maintenant que je suis papa. C’est un voyage dans toutes les choses qui me traversent, qui me constituent. J’assume complètement le fait que d’une chanson à l’autre, on change complètement de style. Pour moi, c’est important qu’il y ait un équilibre entre « on écoute une balade, on relaxe un peu » et après ça « on danse, c’est le party ! ». C’est vraiment tout ça qui vibre en moi.
Je pense d’ailleurs que c’est une des grandes forces de ton album, le fait que tu te sois permis de passer d’un style à l’autre selon le besoin.
Merci! Tu sais, c’est une façon nouvelle de penser la musique, aussi. Les albums physiques ne se vendent presque plus. Souvent, les gens font des playlists avec leurs chansons préférées. Pour moi, à date, c’est vraiment particulier parce qu’il n’y a pas une personne qui préfère la même chanson. Tout le monde a SA chanson. Je trouve que ça permet d’aller rejoindre encore plus de gens. Je suis sûr que ma mère préfère « Côte à côte » parce que c’est son style et que mes amis préfèrent « Comme des cons ». C’est ça qui l’fun, c’est ce partage-là de ma musique que je trouve important.
Pourquoi avoir choisi « On ira » comme pièce titre ?
Je trouvais ça l’fun. C’est tourné vers le futur; c’est un verbe conjugué au futur. C’est une promesse. C’est comme si, pour moi, le meilleur est à venir. Les chansons de mon album concernent toutes des choses que j’ai envie de changer pour l’avenir. On ira, c’est comme la chanson thème de mon album, qui est calquée sur ma relation avec ma blonde. C’est cette idée-là qu’on a traversé le temps ensemble. C’est un peu tout ça, je pense.
Quand tu es entré à Star Académie, tu te considérais comme un interprète. Tu as écrit une première chanson, « Si pour me voir », et finalement, tu as écrit les onze chansons qui figurent sur ton album. Comment expliquerais-tu cela ?
Ça, c’est vraiment spécial! C’est-à-dire que moi, au début, je ne pensais jamais m’embarquer dans le fait d’écrire mes propres chansons. Je trouvais ça vraiment trop stressant parce que je ne me considérais pas du tout auteur. Je voulais que l’album avance; je voulais vraiment le sortir avant le prochain Star Ac. C’était important pour moi et j’avais le goût de faire un album depuis longtemps, donc je ne voulais pas que ça retarde. J’ai laissé venir l’inspiration et, pour vrai, je n’ai pas arrêté. Une fois que j’ai commencé à en écrire une, il y en a eu une seconde, puis une autre, une autre, et un autre… À travers ça, j’ai reçu des propositions d’artistes, de gens qui tournent bien à la radio. J’ai eu des opportunités d’avoir des chansons qui auraient eu un bon potentiel radiophonique. Je me suis dit que oui, j’aimais les chansons, mais je trouvais ça encore plus intéressant d’avoir la possibilité qu’une chanson écrite par moi, se retrouve à la radio parce qu’elle plaît aux gens. Je laisse vraiment ça entre les mains du hasard et du public. Je ne veux pas forcer les choses.
« Si pour me voir » t’a d’ailleurs permis de remporter la demi-finale, et donc éventuellement de gagner Star Académie. Est-ce que cette réception de la part du public t’a donné confiance pour faire un album de compositions, ou as-tu quand même eu des moments de doute ?
Un peu des deux. De savoir que les gens avaient autant aimé ma chanson, ça m’a fait me donner plus la permission d’essayer. Rien n’arrive pour rien. Ça fonctionnait dans ma démarche; c’est pour ça que je l’ai fait, et je l’assume de jour en jour parce qu’à force de lire les commentaires des gens, de voir les gens qui mettent en story mes chansons, ça me fait dire que oui, peut-être que ça avait sa place, que j’écrive mes chansons, finalement. C’est vraiment un retour inespéré que j’ai de la part du public en ce moment. Je n’aurais pas pensé ça. Ça me touche chaque fois. Chaque deux minutes, il y a quelqu’un qui met dans sa story un message ou même une de mes chansons. C’est vraiment spécial comme sentiment.
À l’Académie, tu avais l’habitude de chanter des balades lors de tes mises en danger. Sur ton album, il y en a, mais il y a aussi plusieurs chansons rythmées. Voulais-tu te démarquer de ce que tu avais fait à Star Académie ?
Je voulais me donner une couche de plus. Pour moi, c’est important que les gens me connaissent sous mon vrai jour. Je n’ai pas juste une couleur. À Star Ac, j’avais beaucoup la couleur du bon papa, du bon gendre, du bon chum. Je suis un peu saturé de ça parce que je suis plus que ça. Ultimement, moi, j’ai le goût d’aller faire des shows et de m’éclater. C’est vraiment cohérent avec moi de faire une chanson comme « Ce soir je danse » qui traite du fait de partir sur la rumba, sky is the limit (rires)! Pour moi, c’est une chanson qui permet de montrer d’autres couches de ma personnalité et de tripper. Ça se peut que cette chanson se retrouve dans un festival et j’ai envie d’être en harmonie avec les décisions que j’ai prises pour l’album.
Tes chansons traitent de thèmes variés, dont certains qui ne sont pas souvent abordés, comme les alertes Amber, le machisme ou encore l’environnement. Pourquoi était-ce important pour toi de le faire ?
Les gens peuvent se faire une idée des choses qui me préoccupent. Parler du féminisme d’un point de vue masculin, je n’ai pas vu ça souvent, et je trouve que ça manque. La victoire n’est pas gagnée; on ne parlera jamais trop du féminisme. Je voulais l’aborder du point de vue « Je suis un garçon. Comment puis-je faire une différence ? » C’était cohérent avec la personnalité que j’ai et avec les modèles féminins qui m’entourent. J’ai grandi entouré de modèles féminins : ma blonde, ma mère, ma sœur. Ça allait de soi d’aborder ce thème-là sur mon album. Après ça, les infanticides, c’est évidemment le papa en moi qui parle. Je suis vraiment désemparé chaque fois que j’entends une nouvelle ou que mon téléphone annonce une alerte Amber. C’est la panique générale; je ne peux pas faire autrement que de m’imaginer que ce soit les miens. Ce sont des grands thèmes; c’est parfois épineux et risqué de les aborder, sauf que j’ai réussi à le faire avec prudence. Mes autres albums seront peut-être moins engagés, mais je trouvais ça important d’installer ça dès le début. Pour moi, l’art, c’est l’opportunité de faire avancer les choses.
Qu’est-ce qui te rend le plus fier de ton album ?
Ahhhhhhhhhh! D’avoir tout fait tout seul (il rit)! Il a fallu que je décide de tout. Ce n’est vraiment pas facile de prendre des décisions comme ça. La typographie, les paroles, les titres, l’ordre… Il fallait que je pense à tout ça. Une chance que j’avais ma blonde avec moi parce que je ne serais pas passé à travers. Elle a été tellement patiente. À toutes les deux minutes, je lui demandais si c’était une bonne idée, et elle me disait de me faire confiance. Il y a aussi Benjamin [Nadeau], mon réalisateur, qui a fait la co-composition des chansons. Ça me rend fier de l’équipe qui m’entoure dans ce projet-là. J’aime vraiment tout le monde et c’est vraiment satisfaisant.
Tu partiras en tournée avec Lunou Zucchini dès février. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
On a hâte d’aller rencontre le public; c’est tellement excitant, d’autant plus qu’il n’y avait pas de public pendant les tournages. Ça va aussi être l’opportunité pour moi de faire les chansons qui ont le plus marqué les gens. Je vais faire des compos. Ça va être un show dansant. Il va aussi y avoir des moments plus tendres, puis un mélange entre le Français et le Québécois. On va aussi aller plonger dans nos souvenirs, à Lunou et moi, parce qu’on est tous les deux des bébés de 1995. On a vécu le début de notre adolescence à l’ère de MusiquePlus, des vidéoclips, de Sean Paul, Beyoncé, Britney Spears, les Backstreet Boys. Pour nous, c’est important de faire un clin d’œil à ça, comme ça fait partie de notre héritage musical.
Finalement, mis à part la tournée, as-tu d’autres projets pour 2022 ?
J’aimerais dire que oui, mais en ce moment, tout a tellement été incertain dans les dernières semaines, donc je ne sais pas encore c’est quoi le plan de match pour ma tournée solo, mais j’espère qu’il va y en avoir une. Je sais aussi que je fais d’autres petites apparitions, comme à Ça finit bien la semaine, ce vendredi. On peut me voir aussi tous les jeudis en live sur mon compte Instagram, j’anime des « JEU-DI », c’est un jeu de mot, parce que j’aime faire des lives publics avec des invités. À court terme, je te dirais que c’est ça.
L’album On ira de William Cloutier est disponible en magasin et sur toutes les plateformes numériques. Pour toutes les dates de la tournée avec Lunou Zucchini, consultez la page suivante : https://www.qub.ca/article/la-tournee-star-academie-1041775775
Crédit photo principale : Mélany Bernier

Samuelle Guimond | Journaliste
Samuelle est une passionnée de musique, de littérature, de télé et de théâtre. Si elle est journaliste pour le média, c’est dans le but de faire briller des artistes d’ici en qui elle croit, principalement à travers des entrevues. Tu pourrais très bien la croiser dans une salle de spectacle aux environs de Montréal!
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