
Cela fait déjà 20 ans que le public québécois a découvert Marie-Mai lors de la première édition de Star Académie en 2003. Pour célébrer cette étape importante, la chanteuse présente Immuable, une prestation à la frontière du concert et du vidéoclip mettant en lumière trois facettes de l’artiste: le côté rock, le côté acoustique et le côté pop. Assumée, authentique et vulnérable à la fois, elle y revisite plusieurs de ses succès, en plus de présenter deux nouvelles chansons. J’ai pu m’entretenir avec elle lors du visionnement de presse.
Tu célèbres 20 ans de carrière! Qu’est-ce que ça représente pour toi, d’être encore là, 20 ans plus tard ?
Ayayaye! C’est un peu irréel parce que, d’un côté, j’ai l’impression que c’est hier que tout a commencé, mais d’un autre côté, ce n’est vraiment pas hier (rires)! Ce n’est ni près ni loin. Mais je suis juste fière d’être encore là, en fait, aussi cliché que ça puisse paraître. Il y en a eu, des moments de remise en question, où je me demandais ce que je faisais, mais finalement, tu avances de 20 ans, puis non seulement je suis encore là, mais j’ai encore autant de plaisir à faire ce que je fais, puis je continue à repousser mes propres limites et à mettre des cordes à mon arc. Ça, je trouve ça intéressant, aussi. Je ne suis pas blasée encore (rires)! Il y a beaucoup de fierté.
Avais-tu certaines appréhensions par rapport au fait de te livrer avec autant de sincérité, comme tu le fais dans Immuable ?
En fait, c’est toujours de… Ah mon dieu, je me fais tellement penser à ma fille (rires)! Cette semaine, je lui demandais si elle allait être gênée, puis elle me répondait : « Non, je vais être excitée! » Moi, ma réponse, c’est que j’étais excitée de ça, mais c’était tout en sachant que je le sais que c’est extrêmement confrontant quand tu vois quelqu’un s’assumer autant. Que ce soit dans le rock, dans l’acoustique ou dans le pop, il va toujours y avoir des gens qui vont dire que c’est trop ci ou trop ça.
Tu peux décortiquer ce que je fais de toutes les façons que tu veux. Puis si tu veux voir juste une version de moi, tu peux juste voir celle-là. Mais si tu décides de voir toutes les versions de moi, tu vas avoir une meilleure expérience, peut-être. C’est là que tu peux te permettre d’être vraiment toi dans toutes tes facettes, quand elles sont exprimées. Si j’avais juste fait un projet pop, je ne serais pas allée full out à ce niveau-là. Mais non : je veux embrasser chacune des facettes de qui je suis.
Qu’espères-tu que les gens retiennent du documentaire ?
Très bonne question… Je n’ai pas tant d’attentes que ça. Je pense que, à un moment donné, c’est juste sain, de ne pas avoir trop d’attentes. Il était important pour moi à faire. Je ne fais pas un projet en ayant un résultat en tête. Si je n’avais pas fait ce documentaire-là, je ne suis pas certaine que j’aurais été très inspirée pour mon prochain album. C’est vraiment de me retrouver dans cette affaire-là où je performe. J’aime tellement ça encore, puis ça m’a vraiment inspirée pour la suite des choses. Après ça, ce que les gens en retirent, j’espère que ça va les inspirer à réaliser, peu importe ce qu’ils ont envie de réaliser.
Pour nous, il était impossible à faire ce projet-là. Ça n’existe pas des projets comme ça au Québec pour un milliard de raisons : pour des raisons monétaires, pour des raisons de temps… On a tourné ça en deux jours. C’est vraiment tout le monde qui se dépasse pour arriver à faire ça. Outre les chansons, j’espère aussi que les gens vont voir qu’on est capables de faire tout ce qu’on a envie de faire quand on met toute notre énergie dans un projet. Que ce soit un projet musical, un projet visuel, un projet qu’on a envie de faire, peu importe le milieu, peu importe ce qu’on fait, je pense qu’il faut d’abord croire qu’on est capables.
Il y a aussi des invités spéciaux. En quoi était-ce important, pour toi, de ramener tes musiciens des débuts ?
Écoute, ça s’est fait tout seul. Pour vrai, on a commencé à parler de ce projet-là, et dès qu’on est venues avec France [France-Aimy Tremblay, productrice exécutive chez Roméo et Fils] au point de commencer avec les premières tounes, j’étais comme : « Je ne peux pas faire ces chansons-là sans eux ». C’est eux qui étaient là. Ça n’aurait pas été aussi authentique si j’avais pris de nouveaux musiciens. Je me disais que, tant qu’à le faire, aussi bien se réunir toute la gang, puis utiliser ceux qui étaient là quand j’ai vécu cette période-là! C’est tellement le fun! C’était comme s’il n’y avait pas de temps qui s’était passé. Robert [Langlois] et Guillaume Marchand, je continue à leur parler de temps en temps, mais de revoir la gang, Max [Maxime Lalanne], Doiron [Guillaume Doiron]… Les jokes sont toutes revenues! C’était vraiment comme si le temps n’avait pas passé.


Si tu penses à ton répertoire, quelle serait la chanson la plus marquante pour toi ?
Il y en a plein (rires)! Mettons que j’essaie d’être difficile, je dirais « Conscience » et « C’est moi » pour des raisons différentes. « C’est moi », on la voit vraiment différemment à travers ce documentaire-là, puis c’est un peu pour montrer la dualité. Tu sais, les paroles de cette chanson-là, c’est « Rien ne me déchire / Rien ne vient à bout de moi », mais à quel point c’est aussi cette pensée-là de « Je suis capable, je suis capable » qui m’a épuisée à un moment donné parce que c’est correct d’être vulnérable et c’est correct des fois de dire : « Tu sais quoi ? Je ne suis pas capable ». Donc, de la montrer sous cet angle-là, « C’est moi », je trouve que c’était vraiment intéressant, de montrer comment la force peut devenir une faiblesse si tu l’utilises mal.
« Conscience », au niveau de l’écriture, je trouve que c’est celle qui représente le plus une grande partie de ma vie. Tu sais, le combat entre « Je suis capable » et « Non, tu n’es pas capable » ou « Tu es bonne » et « Non, tu n’es pas assez bonne » ou « Je pense que je vais y arriver » et « Ben non, Marie-Mai ne sera pas capable de faire ça! », ce qui m’amenait à dire: « Oh non, c’est vrai que je ne serai pas capable! ». Ça, à quel point ça a pris de la place dans ma vie! Quand j’ai écrit cette chanson-là, c’était vraiment pour moi.
Comme « C’est moi », en fait. Les gens me disent que cette chanson-là les a vraiment aidés à reprendre confiance en eux. Eh bien moi, j’avais besoin plus que quiconque d’écrire cette chanson-là pour moi (rires)! Pour moi, l’écriture, c’est ça. C’est moi que j’aide, d’abord et avant tout, qui ai besoin d’entendre ces paroles-là. Donc, ces deux-là étaient vraiment très personnelles.
Les chansons sont d’ailleurs présentées sous forme de différents tableaux, dans le documentaire.
Oui, c’est vraiment ça! C’est des tableaux, des univers différents. Dans le bout en noir et blanc, je trouve ça super intéressant qu’il n’y ait rien. C’est juste des jeux de lumière; c’est vraiment épuré et ce n’est pas redondant ou répétitif. Ça laisse toute la place au vide, en fait, au vide que j’ai ressenti quand j’étais dans cette remise en question là. Le vide qui fait peur, mais aussi là où on est capable de se re-grounder.
Ce sont de nouvelles versions de tes chansons qui sont présentées. Sont-elles vraiment exclusives au documentaire ou pourraient-elles éventuellement paraître ailleurs ?
Pour le moment, c’est exclusif au documentaire, mais c’est sûr que, nous aussi, on y pense. Les versions sont tellement belles, avec des violons et tout ça. On va voir! Tu sais, si la demande est là, c’est sûr qu’il y aurait la possibilité de sortir ces versions-là aussi.
Tu danses beaucoup, surtout dans la dernière partie, la partie pop. On t’a souvent vue danser au Centre Bell par exemple, mais là, tu montes ça d’un cran.
Quand même (rires)! Pour moi, c’est un autre défi de plus. Les gens pensent que ça me vient naturellement et que je danse parce que j’apprends vite, mais ce n’est tellement pas ça. Moi, j’aime danser quand j’invente mes mouvements, mais s’il faut que je fasse une chorégraphie, c’est de la job! Mais il y a quelque chose d’extrêmement satisfaisant aussi dans le fait de performer et de faire comme : « OK, j’ai répété tous les soirs cette semaine, puis quand il était le temps de filmer, j’ai réussi! »
Moi, je le vois vraiment comme un autre défi personnel. Ce n’est vraiment pas parce que c’est facile à faire. « Pour toi », la nouvelle chanson, c’est un plan séquence, donc il n’y a aucun montage. Ce n’est pas juste de danser; c’est de danser du début à la fin de la toune sans te tromper (rires)! Mais c’est le fun! C’est ça, aussi, qui fait en sorte que je continue à avoir du plaisir et à sentir que j’apprends, que ce n’est pas redondant et répétitif. Quand la barre est là, je veux essayer d’aller encore plus loin.
Dans ce qu’on a pu voir aujourd’hui, de quoi es-tu le plus fière ?
Je suis vraiment fière de toute l’équipe qui a travaillé dessus parce que moi, ce que je fais, c’est une infime partie de ce que vous avez vu. Le résultat, c’est l’éclairagiste, c’est le monteur, c’est le coloriste, c’est les différents caméramans, c’est la direction photo, c’est les techniciens au son… Pour vrai, c’est tellement de gens qui sont impliqués dans quelque chose comme ça. C’est vraiment un triomphe d’équipe. C’est ça qui me rend fière, de voir que quand tout le monde avance dans le même sens, a le même objectif et se donne à 300%, on est capables de faire de grandes choses.


Tu brouilles toujours les styles, même à travers tes albums. Et c’est un peu ce qu’on ressent dans Immuable. Le rock, l’acoustique et le pop, ce sont trois facettes de toi. La dernière fois qu’on s’est parlé, tu m’as d’ailleurs dit que tu voulais toucher à tout ce que tu avais fait précédemment pour le prochain album.
Oui, ça tient toujours, vraiment! J’ai vraiment envie de faire des petites incursions dans le rock, de faire des trucs pop, de ne pas avoir peur de pousser pour chacune des chansons et de les faire à 300%. Je ne veux pas essayer de rendre ça homogène nécessairement. On y va all out, puis je le fais de façon assumée. En fait, je pense que « assumé », c’est le mot qui va vraiment bien décrire le prochain album.
Parmi les apprentissages que tu as faits en début de carrière, à Star Académie 2003, quel est celui qui te sert le plus, encore à ce jour ?
Il y en a plusieurs! Tellement, tellement de choses! Josélito Michaud avait des paroles en or. Lui, en fait, il nous disait tout le temps, avant de chanter une chanson de quelqu’un d’autre, avant de l’interpréter, de juste la lire pour comprendre ce qu’on chante. C’est facile, pour un chanteur, de juste chanter sans savoir ce qu’on chante, donc de vraiment lire pour comprendre ce qu’on chante, pour qu’on puisse l’interpréter et que ça résonne avec les autres, en le racontant d’une façon qui est authentique et bien jouée.
Après ça, un autre truc, il nous disait tout le temps de prendre le contrôle de notre scène avant de faire un show : « Enlève tes souliers, marche nu-pieds sur la scène, fais tous les recoins de la scène, c’est ton espace à toi, donc maîtrise-le, comme ça, quand tu arrives le soir, tu connais déjà ton stage ». Ça, je le fais encore à ce jour, d’arriver sur le stage et d’avoir comme un petit rituel pour dire que, ce soir, on va faire un bon show! C’est mon ami, le stage (rires)!
Finalement, que peut-on te souhaiter pour les vingt prochaines années ?
Plein de surprises! Plein de surprises! Et d’avoir autant de fun à faire ce que je fais!


Marie-Mai Immuable sera diffusé ce samedi 25 février à Télé-Québec à 21h. Disponible en rattrapage.
Mise à jour: 30/03/2023
Dans Immuable, nous avons aussi pu entendre pour la première fois « Wicked Ways », disponible sur toutes les plateformes dès le 30 mars!
Cette chanson, Marie-Mai la décrit ainsi: « Une phrase clé qui incarne parfaitement cette chanson c’est “Nobody can tell me, how to be pretty”. Pour moi, tout repose là. Dans la vie, on se fait souvent tester dans nos convictions. Parfois par des gens, parfois par des situations. Apprendre à trouver sa force dans l’adversité est un cadeau avec lequel j’aime jouer. Il est là, l’ADN de Wicked Ways. »
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Samuelle Guimond | Journaliste
Samuelle est une passionnée de musique, de littérature, de télé et de théâtre. Si elle est journaliste pour le média, c’est dans le but de faire briller des artistes d’ici en qui elle croit, principalement à travers des entrevues. Tu pourrais très bien la croiser dans une salle de spectacle aux environs de Montréal!

Frédéric Lebeuf | Photographe
Grand passionné de musique rock, metal, metalcore et post-hardcore, Frédéric adore assister à des concerts de ses artistes préférés qui gravitent autour de son palmarès hebdomadaire. Passionné de lifestyle et de télévision, il reste à l’affût pour couvrir des événements de tout genre. Son premier album qu’il a acheté est Americana de The Offspring.