« Je passe à table », recettes et escales vers les souvenirs de Lara Fabian

Nous l’avons connue sur scène, à la radio ou à la télévision. Trente ans plus tard, c’est à travers les pages d’une autobiographie gourmande que Lara Fabian s’ouvre à nous. Je passe à table, c’est un recueil d’anecdotes, de souvenirs et comme elle le dit si bien, de recettes d’une fille qui a trois vies.

Au cœur d’un petit café chaleureux et lumineux, par une journée grise d’octobre, nous rejoignons Lara Fabian. Fébrile, sa dernière réalisation paraîtra le 3 novembre.

D’où vient l’inspiration pour ce livre ?

Mon amour pour la table, le fait que ça a été transmis depuis mon plus jeune âge et que dans cette période historique que l’on traverse, je réalisais que la chance que l’on a d’être en lien par la table était réduite à un lot de chagrins. Ça m’a rappelé à quel point les éléments très importants de ma vie se sont souvent passés autour d’une table et grâce à la table, grâce à ce plaisir de partage.

Dans tout projet, nous faisons face à des défis et des obstacles à surmonter et probablement plus encore avec le contexte dans lequel on vit depuis un an et demi. À quels défis avez-vous été confrontés durant le processus ?

Je dois dire que ça a été assez fluide. J’ai tout écrit et tout cuisiné, donc c’est vrai que ça réduit l’équipe. Il n’y avait pas tellement de personnes autour de moi pour l’écriture. Pour la cuisine, j’avais une équipe de proches. Franchement, je n’ai pas eu la sensation qu’il a fallu que j’enjambe beaucoup d’obstacles pour arriver à raconter Je passe à table.

À travers les pages du livre, on y retrouve des anecdotes, des conseils, des souvenirs. Qu’est-ce qui a fait en sorte qu’il était important pour toi de les inclure ?

C’était naturel en fait. Je passe à table, c’est une expression consacrée qui veut dire que je me raconte. C’était une extraordinaire stratégie pour continuer de nourrir les liens avec mes proches. La table, la transmission de la cuisine. Je ne suis pas un chef, je suis une fille qui cuisine par amour et pour partager. Comme dans ma vie, c’est important de partager par amour. Ça allait de soi de se raconter au travers de ces moments de partage qui sont les tribulations que je vis. La première histoire, c’est celle de ma naissance. Ça s’arrête au moment où je rencontre mon mari.

Parlant de ton mari, vu votre grande complicité, y a-t-il une partie de lui dans le livre ?

Oh mon Dieu, oui il y a une grande partie de Gabriel dans ce livre, ne serait-ce que par le partage, par l’amour que l’on vit, le fait que mes premiers convives, mes invités quotidiens, c’est toujours lui et ma fille donc c’est certain, oui. Le fait que Gab est lui aussi Italien, comme ma maman, du même endroit, c’est presque comme cuisiner pour quelqu’un qui est un héritier de cette culture.

À cette époque de l’ère numérique, où l’on a accès à toute l’information constamment et rapidement, qu’est-ce qui a motivé le choix d’un livre physique plutôt qu’une plate-forme Web ?

L’aspect autobiographique que tu ne retrouveras pas. Bien sûr, tu peux avoir une recette d’osso buco où tu veux, mais tu ne sauras pas pourquoi ma recette d’osso buco raconte ce qu’il s’est passé dans ma famille, pourquoi ma mère m’a transmis cette recette, à quel moment je l’ai mangé et ce que ça a concrétisé à cet instant précis de ma vie. Pourquoi aller vers un livre de recettes alors que tu as tout au bout des doigts en un clic ? Eh bien d’un, si tu en as envie et deux, si ce que j’ai à raconter autour de l’osso buco t’intéresse.

Au fil de ta carrière, tu es passée plusieurs fois par le processus d’écriture, d’enregistrement et de retranchement de tes chansons afin de former tes albums. As-tu eu recours à cette même méthode pour les recettes du livre ?

Non, parce que les recettes étaient vraiment liées au récit. Je commençais par l’histoire de ma naissance et la rencontre de mes parents et je savais immédiatement quelle recette était attachée, puisqu’elle faisait partie de l’histoire.

Évidemment, on parle de recettes… Y en a-t-il une qui est ta préférée ou une qui se rattache à ton souvenir le plus précieux ?

Il y en a beaucoup, puisque chacune est une escale vers un souvenir. Je te dirais, les boulettes à la sauce tomate. Elle est importante dans mon parcours, c’était un plat qui réconcilie. C’est un plat qui est facile, qui prend un peu de temps, mais tu peux le faire la veille et le réchauffer avec des pâtes ou du pain.

Quel est ton album qui s’écoute le mieux en cuisinant ?

Les sessions lockdown. Je trouve que ça s’écoute tellement bien. C’est un album plein de mantras. C’est plus une sorte d’expérimentation musicale où j’utilise ma voix comme un instrument et où je répète des mots de manière mantique. Donc, je dirais cet album. Il n’est disponible qu’en vinyle ou disque physique sur mon site Web. Donc en cuisinant, tu mets cet album un album un peu électro pop méditatif. Ça n’a rien à voir avec un album standard je dirais.

De ton côté, qu’est-ce que tu écoutes en cuisinant ?

En ce moment, Bach, joué par Yo-Yo Ma, le violoncelliste pour lequel j’ai une passion.

Qu’on te connaisse de nom ou qu’on te suive depuis plusieurs années, il en va de soi de savoir que tu as réalisé tellement de choses que ce soient des albums, des spectacles, des émissions télévisées, tu as traversé beaucoup… c’est quoi, aujourd’hui, le rêve de Lara Fabian ?

Continuer de cultiver la joie à partir d’un endroit paisible et de le partager. Faire sens. Convoquer la joie, c’est de s’assurer qu’il y a au moins une personne sur cette terre pour laquelle ce qu’on fait à une valeur, une pertinence. Mon rêve serait de continuer d’avoir de la pertinence, de l’utilité, de la valeur pour au moins une personne et savoir que ce que je fais a du sens. Que ça continue d’être serein, paisible.

Quelles réalisations aimerais-tu accomplir ?

Une école. Une école dans laquelle je pourrais transmettre ce que moi j’ai appris, que ce soit au niveau de la musique qui a été tellement importante, mais aussi tout ce que j’ai traversé parfois qui n’était pas banal. J’ai récolté beaucoup d’expérience.

À quoi peut-on s’attendre pour la prochaine année ?

Je rembarque sur Star Académie à titre de directrice. C’est tout qu’un beau projet. Et puis, j’écris un peu de musique aussi ces temps-ci, j’en écris pas mal même. Retrouver ma famille, mon papa, mes proches.

Je passe à table est disponible en librairie dès le 3 novembre 2021. Star Académie sera de retour sur nos écrans à l’hiver 2022.

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