
Afin de souligner le 30e anniversaire de la série culte La petite vie, Claude Meunier a écrit six nouveaux épisodes qui seront mis en ligne sur ICI TOU.TV EXTRA en 2023-2024.
Voici des entrevues réalisées avec Claude Meunier (Ti-Mé), Diane Lavallée (Thérèse), Marc Labrèche (Rénald), Josée Deschênes (Lison), Bernard Fortin (Rod), et Rémy Girard (Pogo) lors d’une rencontre de presse avec l’équipe de la série qui a été originalement diffusée entre le 16 octobre 1993 et le 30 novembre 1998 à Radio-Canada.
Claude Meunier (Ti-Mé)
Claude Meunier admet que Ti-Mé a toujours été avec lui. « Il vit avec moi, il dort dans la même chambre que moi. La petite vie, c’est un drôle de niveau. Quand tu embarques dedans, c’est bien ludique. C’est comme une émission pour enfants, c’est flyé. C’est du jeu parce que ça n’a pas de sens ce que tu fais. Tu joues des émotions par procuration, à un autre degré. C’est bien jouissif de faire ça », souligne-t-il.
Imaginer La petite vie 30 ans plus tard a donné beaucoup de jus à l’auteur. Les personnages sont tous rendus ailleurs. Il y a toutes sortes d’affaires qui se passent quand tu vieillis de 30 ans. S’il n’est pas capable de dévoiler le nom d’un personnage auquel il s’est plus amusé avec ce saut de 30 ans, Claude avoue que Lison (Josée Deschênes) est particulièrement drôle et que Thérèse (Diane Lavallée) va loin avec son voyage astral.
Quant à Ti-Mé, celui-ci fait pitié comme il n’a plus de femme avec le départ de Jacqueline (Serge Thériault). « Il pense qu’il y a encore une femme. Il est angoissé avec ça. Il vit son trip d’homme seul. C’est là qu’on voit qu’il aime sa femme sans le savoir.»
Sans aucune surprise, les gens parlent évidemment des vidanges de Ti-Mé lorsqu’ils croisent Claude Meunier. La scène qui a marqué l’imaginaire, c’est celle du souper de famille avec les sandwiches aux caps de tomates. À chaque année toutefois, il en avait une nouvelle qui sortait du lot.

Marc Labrèche (Rénald)
Rénald n’était pas très loin, mentionne Marc Labrèche d’entrée de jeu. « L’écriture de Claude est tellement précise et c’est tellement clair comme univers. Une fois que tu t’es installé dedans, on dirait que tu le retrouves organiquement et facilement. J’ai l’impression de rentrer dans une bande dessinée. Je ne connais pas nécessairement tous les codes, mais j’en connais assez pour retrouver le plaisir facilement. Lors de la lecture des premiers textes, on a retrouvé quelque chose qu’on connaissait, qui était resté intact, agrémenté d’une dose de plus d’humanité et de plus touchant. »
« Autant les personnages peuvent finir la phrase de l’autre, autant ils ne se comprennent pas. Il y a une partie du génie de Claude Meunier qui est là-dedans. Ce sont des gens qui s’aiment à leur façon. Ils se connaissent tellement bien qu’ils peuvent prévoir ce que les uns et les autres vont faire. En même temps, ils sont chacun dans leur monde et ils ne se comprennent pas. Ils ont chacun leur petite réalité et leur univers à eux. Chacun a l’impression de dire les choses clairement, et l’autre a l’impression de les entendre clairement. Au fond, on se rend compte rapidement qu’ils ne parlent pas la même langue. Le plaisir, quand on le joue, c’est de trouver sur quelle planète est son personnage au moment où la scène se déroule. »
– Marc Labrèche.
Pinson est très préoccupé par sa retraite et sa relation avec Creton (Josée Deschênes). À 30 ans, c’était important qu’il ait de l’argent. En 2023, il est plus conscient de sa santé. C’est encore un radin, mais sur le fait qu’il veut vivre le plus vieux possible et qu’il veut rester en forme le plus longtemps possible. Toutefois, le compte en banque n’est jamais vraiment loin de sa principale préoccupation.
Au fil de la série, les membres du clan Paré ont traité régulièrement son personnage de cheap, tandis que sa phrase fétiche est « Je ne suis pas CHEAP ». Encore aujourd’hui, des gens font la remarque à Marc Labrèche. « La scène dont on me parle le plus est celle de la Bamba. Il y a souvent des gens qui me demandent de m’exécuter devant eux. C’est un peu gênant de danser la Bamba au milieu de la rue », souligne-t-il.

Bernard Fortin (Rod)
Bernard Fortin a l’impression d’être un Harlem Globetrotters, cite-t-il. « Les vieux de la vieille reprennent le ballon pour faire une tournée d’adieu. Ils vont se retrouver et jouer ensemble pour le plaisir. Il n’y a aucune pression même si on veut nous en mettre (quant au retour de La petite vie). On ne se pose même pas la question. »
Rod est le plus vieil enfant de la famille, mais c’est lui qui paraît le plus jeune intellectuellement. L’acteur aime le côté plus dramatique de son personnage. « Il y a beaucoup de comique dans La petite vie, mais avec Rod la comédie est plus dramatique. Il y a toujours du drame autour de lui; il est à la recherche de l’amour, l’amour de ses parents, l’amour de son père. C’est toujours complexe pour lui. Il est tout le temps sur le bord de se suicider. Il y a quelque chose d’intense chez lui, et j’aime jouer cette dimension-là. Il est vrai. Il est affligé de tout. Il est à fleur de peau », souligne-t-il.
Rod est bien sûr affecté par le départ de Mom (Serge Thériault), il a hâte qu’elle revienne. Il s’ennuie d’elle parce qu’il a tout l’amour de sa mère, tandis que son père (Claude Meunier) se sacre éperdument de lui ou il est peut-être un peu jaloux de lui parce que c’est un grand conquérant sur le plan de la séduction.
Vous pouvez vous en douter, Bernard se fait constamment parler de son lavage. « Toutes les semaines, il en a qui m’en parle. Je trouve ça très charmant et craquant », conclut-il en nous laissant sur notre appétit à savoir qui fera son lavage en l’absence de Mom.



Josée Deschênes (Lison)
Lison a toujours été un personnage que Josée Deschênes s’est fait un malin plaisir à incarner. « Les six épisodes que Claude nous a concoctés, ce sont les personnages à leur meilleur. On a des lignes à dire et des situations à jouer qui sont formidables. On se trouve drôle les uns et les autres, il y a comme une espèce de fébrilité à jouer ça ensemble. On le sait qu’on est toujours sur le bord du fou rire. On a hâte de se retrouver pour le tournage. »
« J’ai toujours dit que Creton me permettait de faire des affaires que je n’ai pas le droit de faire dans la vraie vie parce que je suis bien élevée. Elle était un défouloir pour moi. Elle réalisait tous mes fantasmes d’impertinence. De tout ce qui est trop dans la vie (trop de la même couleur, trop superficielle, etc.), je pouvais me le permettre avec Lison. La bru opportuniste, c’était très le fun à faire. Elle est toujours souriante, mais elle peut t’envoyer une vacherie incroyable. On se dit qu’elle a l’air nouille, mais elle n’est pas si nouille que ça. Elle est assez calculatrice, c’est une petite maudite (rires). Peu importe le personnage que tu as à jouer dans La petite vie, c’est plaisant parce que tu sens que ça résonne quelque chose. »
– Josée Deschênes.
Tandis que Pinson est à la retraite, Creton, qui n’aime pas vieillir, continue d’être sur le marché du travail et de surveiller ses arrières en cas qu’elle se retrouve toute seule. Elle fait dans la publicité. Ce qu’elle a à vendre, ça ne fait pas jeune. Même si Moman n’est pas présente, elle continue de bitcher sa belle-mère comme avant; nous rassure l’actrice.
Dans la rue, Josée Deschênes se fait souvent dire « Bonjour groupe » et « Pouvez-vous répéter la question? ». Plusieurs personnes lui disent qu’elle n’est pas habillée de la même couleur aujourd’hui. Elle se fait beaucoup parler de la lampe (Lison voulait avoir la lampe de Moman). Quand elle va à la banque, elle se fait dire des phrases comme « Votre mari n’est pas gérant ici » et « Votre mari est un cheap. »

Diane Lavallée (Thérèse)
Diane Lavallée se sent bien et confortable à l’aube de reprendre le collier. « Thérèse est déjà ancrée en moi. Ça fait quelques lectures qu’on fait, et c’est comme si tout le monde avait retrouvé son personnage. La lecture, ce n’est que du plaisir et on riait tous. C’est vraiment de la joie en ce moment. Claude aime tous ses personnages et ça se reflète dans son écriture. Il crée de belles situations et de belles lignes, c’est très agréable comme sensation. »
En 2023, Thérèse est dans la spiritualité. Elle fait des petits voyages astraux. Elle est toujours avec Réjean (Marc Messier); toujours dans la même dynamique. Elle est toujours aussi naïve et pure, et en même temps crue. C’est justement pour son naturel, sa pureté et sa naïveté que l’actrice aime plus que tout son personnage.
« Steak, blé d’Inde, patates », la fameuse recette du pâté chinois est sans contredit le sujet qui demeure ancré dans l’imaginaire des Québécois. Il y a aussi la Tercel et les carrés aux dattes. « Tout ce qu’elle essaie de faire à manger, que tout le monde trouve bien innocent, c’est ce qui a marqué l’esprit. Elle est la seule au Québec qui ne sait pas faire un pâté chinois. Alors, tout le monde peut rire d’elle », souligne-t-elle.


Rémy Girard (Pogo)
Après deux ans sans pouvoir parler du retour de La petite vie, Rémy Girard est, enfin, soulagé que l’embargo soit tombé. « Tout était planifié pour sortir au bon moment. Je suis content que tout le monde soit enfin au courant. Pogo n’est pas très loin ancré en moi. Il ne faut pas oublier qu’on a eu un talk-show (Le Ti-Mé Show) où Pogo était là pour donner la réplique à Ti-Mé. J’étais content de retrouver le personnage. Ça fait drôle 30 ans après, mais on ne perd pas le fil du personnage. C’est toujours là à l’intérieur de nous autres », dit-il.
Pogo a perdu un peu de mémoire ces 30 dernières années, ça n’est pas arrangé dans son cas. Jacqueline lui manque bien gros, il en parle beaucoup.
Plusieurs personnes saluent Rémy Girard en lui disant « Salut mon homme » en empruntant la voix de Pogo. Les scènes de discussion entre les deux bons vieux amis sont restées dans l’imaginaire des gens.

