
Ne prenons rien pour acquis, font valoir les autrices Marie-Ève Milot et Marie-Claude Saint-Laurent, en écrivant la pièce Clandestines sur le droit à l’avortement. Une fragilité constatée en juin dernier, alors que les États-Unis ont restreint ou interdit l’avortement dans cinquante États. Le droit à l’avortement est-il immuable au Canada? C’est ce grand questionnement qui est mis en lumière au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 11 février à la salle Michelle Rossignol.
Politique, Justice et Liberté individuelle
La pièce est fragmentée en deux tableaux et se passe en 2025. Le premier a lieu dans un appartement où une médecin (Myriam LeBlanc) très enceinte et une sage-femme pratiquent des avortements dans la clandestinité, selon un processus bien établi. Survient alors un drame qui vient tout bousculer.
Quant à la seconde partie, elle plonge le spectateur dans les suites de cet événement catastrophique.
Se tisse alors une intrigue où la politique, la justice et la liberté individuelle s’entremêlent et se confrontent pour former un scénario surprenant sur l’avortement, dans lequel se révèle un réseau qui cherche par tous les moyens à remettre en question le statut du fœtus.
Un Québec imaginaire où les femmes ne peuvent plus choisir de se faire avorter.
Choix personnel
Les deux autrices du Théâtre Les Affamées, complices de longue date, ont œuvré quatre ans sur ce projet. Elles ont réalisé des recherches et des consultations auprès d’experts. Il en résulte un texte dense et criant d’authenticité.
Abordant plusieurs angles sur l’avortement et divers points de vue tant féminins que masculins, elles invitent le spectateur à se questionner sur la complexité d’être pro-choix ou anti-choix au niveau moral, physique et ressenti.
Rien n’est blanc, ni noir, c’est un choix personnel, clament haut et fort les deux dramaturges dans leur pièce.
« Le corps c’est la dernière des frontières », écrivent-elles.
Une distribution d’ensemble
Les dialogues sont portés par une distribution où les personnages principaux ont une importance égale.
Les sept comédiens bien ancrés sur scène livrent leur performance avec justesse, mettant en évidence les stratégies et magouilles subtiles et habiles des regroupements et politiciens pour convaincre à l’anti-avortement.
À noter la présence de la jeune comédienne du film “Antigone”, Nahéma Ricci, qui en est à son premier rôle central au théâtre. Elle s’en tire haut la main.
Clandestines jusqu’au 11 février
Création du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et du Théâtre de l’Affamée, la pièce Clandestines est à l’affiche du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 11 février.
Les Affamées s’investissent à (re)créer et à faire (re)vivre une culture des femmes en mettant en lumière leurs expériences dans les sphères privée, sociale, politique et artistique.
Texte et mise en scène : Marie-Ève Milot
Texte et interprétation : Marie-Claude St-Laurent
Interprétation : Alexandre Bergeron, Sofia Blondin, Sarah Laurendeau, Diane Lavallée, Myriam LeBlanc, Nahéma Ricci, Mattis Savard-Verhoeven,
Crédit photo : Valérie Remise
Texte : Micheline Rouette