
« Heille ! Fais-tu frette ? T’es-tu ben dans ton coton ouaté ? »
Aussi sympathique qu’on pourrait se l’imaginer, Matt (alias Claude Cobra), de Bleu Jeans Bleu, nous a parlé cette semaine de comment il abordait les sujets des chansons du groupe en toute simplicité, mais également en toute sonorité. Une entrevue super agréable qui nous fait connaître le groupe sous un nouveau jour.
Parle-moi de votre dernier extrait Parfum de grill.
C’est une histoire vécue. C’est assez décrit textuellement dans la chanson. C’est un vrai beau flop de camping de cuisson pendant que j’étais en train de me péter les bretelles à dire que je ne manquais jamais mes côtes levées. Cette fois-là, j’ai trop parlé et j’ai manqué mon coup. Depuis ce jour, je pense que je n’ai jamais réussi mes côtes levées. Je me suis fait taper sur les doigts par le karma !
Es-tu game de nous partager ton secret pour une sauce BBQ parfaite ?
En fait, je n’ai pas de mérite. J’achète toujours une sorte différente déjà toute faite. Par contre, je peux vous donner mon secret de la mayo BBQ ! Je prends ladite sauce BBQ et je la mélange avec de la mayo !
Votre chanson Coton ouaté a vraiment rejoint tout le monde, que ce soit les jeunes, les adultes ou les aînés. Comment expliques-tu ce succès ?
Ça ne s’explique pas ! Cela dit, je crois que cette chanson est arrivée à point. Je me souviens, le printemps où on a sorti cette chanson était particulièrement frette. Ça prenait du temps avant qu’on sente le vrai printemps et on a tourné le vidéo pendant la seule belle journée du mois. Il y avait quelque chose de contagieux dans la ritournelle, il y a de quoi dans le fait que la phrase est déjà assimilable parce qu’on la dit sans s’en rendre compte. C’est dans notre jargon « Y fais-tu frette », même moi je le dis. Maintenant, ça a une nouvelle connotation quand je le dis exactement de cette façon-là, mais ça fait partie de l’ADN québécois, on dirait. Il y a donc quelque chose avec cette chanson qui est tombée à point, ça mettait de bonne humeur, c’était léger. Et dans la rythmique, il y a quelque chose de super accrocheur pour les enfants, entre autres, ce qui fait que les parents l’ont, entre guillemets, subie ! Cette toune-là, je l’appelle le succès social parce que ce n’est pas par les radios qu’elle est passée pour devenir ce qu’elle est devenue. Les radios ont emboîté le pas, mais ça n’a pas été un numéro un radio avant d’être connu dans les chaumières.
Est-ce que vous pensiez faire un aussi gros buzz avec des chansons exploitant des thématiques aussi concrètes, voire banales ?
C’est sûr que non ! On comprend que la simplicité, des fois, ça peut avoir une certaine portée et quand je dis simplicité, c’est de faire paraître les choses simples. Je réalise qu’à force de faire des trucs qui paraissent simples, je comprends que le gros du travail, c’est de faire paraître ce travail-là simple au final. Simple et efficace. C’est certain que ce que « Coton ouaté » a amené, on n’aurait jamais pu espérer ça. Le groupe allait bien, on roulait notre bosse, mais il a y eu une portée grand public qui était imprévue et grandement bénéfique. Ça a changé la donne pour nous. Il y a des gens qui nous ont découverts avec cette chanson et qui ont dit « OK, le reste ne m’intéresse pas », mais ça a permis à d’autres de découvrir ce qu’on avait fait avant et qui viennent maintenant aux spectacles et qui connaissent plein de tounes. C’est un énorme coup de pouce qu’on a eu avec cette chanson et c’était inespéré totalement.
Que répondrais-tu à ceux qui disent que Bleu Jeans Bleu a fait un one hit wonder ?
Si quelqu’un dit qu’on a juste grosse toune comme « Coton ouaté », je ne pense pas qu’on en ait une autre. Je ne pense pas non plus que c’est coutume pour un projet d’en avoir même une seule. Cela dit, ce n’est pas un one hit wonder dans le sens que quand c’est arrivé, il y avait déjà d’autres choses qui roulaient. La portée de « Coton ouaté » est particulière, mais avec la substance qu’on avait avant, personne ne pouvait dire que c’était juste ça. Ça aurait été une autre situation si on avait commencé par ça, il y a dix ans, mais ce n’est pas un one hit wonder parce qu’il y a autre chose, simplement.

Crédit photo : Kim Valiquette
Côté écriture, vous semblez inspirés par plusieurs sujets. Est-ce qu’il y en a que vous aimeriez aborder, mais que vous n’avez pas encore trouvé comment ?
C’est drôle, je n’avais jamais pensé à ça. Tu parlais de choses anodines et il y a beaucoup de choses dans la grande écriture, si je peux me permettre. Je pense qu’à cause de ça, il y a plein de tounes d’amour parce que c’est super intense, mais personne ne se penche sur le dossier, mettons, des patates frites ou des petites choses. Où ça m’amène ? Qu’est-ce que je peux faire avec quelque chose d’aussi simple ? Ça devient, je trouve, intéressant parce que c’est une approche différente. Au lieu d’aller puiser dans des émotions et des états d’âme, ce projet-là se veut plus dans le comment on peut faire les choses différemment. On part de choses en portant attention, je reviens encore aux patates frites ou à petit pudding parce que j’avais envie de crier petit pudding comme si le monde venait de s’écrouler. Je me suis donné l’occasion de le faire avec une toune parce que j’avais un intérêt pour les mots. Petit pudding, il y a quelque chose là-dedans. J’ai mangé trop de patates frites, même chose. T’es-tu ben dans ton coton ouaté, j’aimais la sonorité. Après ce que tu fais avec ça pour que la toune se tienne d’un bout à l’autre, c’est là que le vrai travail commence.
Est-ce qu’on peut s’attendre à un nouvel album bientôt ?
Oui, je confirme qu’il y aura un autre album, mais le futur n’est probablement pas si rapproché. On finit la tournée de Perfecto en décembre et après il y aura une année tampon pour faire le prochain album. La tournée va repartir en janvier 2023. Donc l’album sort soit à l’automne 2022, soit en début d’année 2023.
Qu’est-ce que Bleu Jeans Bleu voudrait laisser comme empreinte dans l’univers musical québécois ?
La bonne humeur ! C’est souvent le feedback qu’on a et ça a toujours été la mission qu’on s’est donné. On sent que c’est ce que ça fait aux gens et tant que c’est ça, nous on est heureux. Au départ, quand on a commencé, c’était ça que ça nous faisait. On s’est dit, si ça nous fait ça, est-ce que ça peut le faire aux gens ? Et c’est encore le cas à cause de ce ping pong entre le public et nous. Si ça peut continuer et qu’un jour, quand on ne sera plus là, les gens écoutent ça pour se rendre de bonne humeur, si c’est encore vivant de cette façon, ça sera mission accomplie en ce qui nous concerne.

Crédit photo : Kim Valiquette
Comment c’est d’avoir repris les shows et la route ?
Ça fait du bien ! On n’a pas senti qu’on avait arrêté complètement parce qu’on a continué de faire des shows. L’été dernier, on était dans les ciné-parcs, on a fait des salles aussi à l’automne. On ne sent donc pas qu’on a arrêté, mais on sent maintenant comme un retour un peu vers la normalité. Les shows dehors, les gens sans masque, ça fait vraiment du bien. On voit la réaction, on voit que le monde est content d’être là. Il y a quelque chose qui se passe et c’est bénéfique des deux côtés.
Avez-vous déjà pensé arrêter la tournée de Perfecto et travailler sur du nouveau matériel au lieu de reprendre la route ?
On y a pensé. S’il y avait eu, cet été, une vague de fou et qu’il n’y aurait eu aucun festival et un automne incertain, je pense qu’on aurait été rendu là parce qu’on aurait annulé trop de choses qu’on avait au calendrier qui ont déjà été re-reportées. Là, on a réussi à condenser l’été, l’automne, l’hiver jusqu’en décembre avec tout ce qu’on voulait faire. On s’est dit que si ça se passe cet été et que ça reprend, on finit la tournée, mais si ça se n’était pas passé, on se serait probablement tourné vers sortir l’album plus tôt.
Prochaines dates de tournée

Crédit photo : Kim Valiquette