
Belmont, le théâtre musical a offert une performance exclusive et intime autour du piano lundi le 10 juillet comme avant-goût, avec les six interprètes (Catherine Allard, Catherine Sénart, Laetitia Isambert, Laur Fugère, Geneviève Alarie et Pierre-Olivier Grondin), qui donneront vie à cet univers unique en l’honneur de Diane Dufresne du 4 août au 26 août (à certaines dates sélectionnées) au Théâtre Alphonse-Desjardins de Repentigny.
« Ce projet est né dans ma tête en 2018, dans le cadre du Festival Fous de théâtre, avec deux minutes, deux piasses et trois trombones. Richard Langevin y a assisté et suite à cette présentation Diane nous a donné son accord pour que le spectacle puisse prendre son envol ».
– Jade Bruneau.


Diane Dufresne, cinq couleurs, cinq personnages !
Le cœur du spectacle est une ode à l’intensité féminin inspiré de la chanteuse, comédienne et peintre Diane Dufresne. Les cinq personnages féminins ont été créés à partir de différentes facettes de la personnalité de la chanteuse : La diva, l’artiste, l’amoureuse, la folle et la petite fille incarneront chacune à leurs façons les différentes couleurs « primaires », de la personnalité éclatée, assumée et libérée de cette icône québécoise, qui a été l’une des premières à « crier », à « pas nécessairement faire beau, faire bien, mais plutôt à faire «vrai» en donnant toujours la priorité à l’interprétation tout ça avec une technique vocale irréprochable ».
Jade Bruneau, metteuse en scène, met de l’avant l’émotion, l’interprétation, la fougue, la rage, l’amour, la colère dans cette idée du cri. « Il y a encore aujourd’hui plein de choses à dire et à faire pour les femmes de chez nous. Diane Dufresne est tellement multiple qu’elle est un peu en une seule personne, toutes les femmes à la fois et elles peuvent toutes se reconnaître en elle. »
La distribution est composée de cinq femmes et un homme, cet homme deviendra au fil du spectacle Le clown, libre d’être lui-même en côtoyant les cinq personnalités « comme s’il se donnait le droit de se déployer comme un être entier, pleins, et complexe lui aussi! » « J’avais envie que dans ce personnage masculin on puisse retrouver un peu de Richard Langevin, Luc Plamondon et François Cousineau, tous ces gars qui ont gravité autour d’elle, qui ont contribué d’une certaine façon à son rayonnement mais surtout, des hommes qui ont tous été foudroyés par son immense talent, son charisme et son aura inégalé. »


Le spectacle est construit autour de textes tirés d’entrevues, de chansons déjà connues, d’extraits de textes et préfaces de biographie, mais aussi de nouveau matériel original, poétique et théâtral écrit par Laurence Regnier, parfois mis en musique par Audrey Thériault. « Il y a du nouveau matériel inspiré de son univers ». Tout ça dans un décor flamboyant, telles une grande fresque, une œuvre et une toile débordante d’excentricité. Les costumes aussi sont à l’honneur, comme si on en inventait de nouveaux pour la chanteuse, et cela est inspiré de ce qu’elle a déjà porté sur scène, par les matières, textures, volumes et couleurs, eux aussi se déploieront tout au long du spectacle. Le rose sera assurément à l’honneur.
« Ça va s’apprécier comme un tableau quand on va au musée. Ça va être très fort visuellement. Tout le monde va pouvoir se faire sa propre interprétation, son petit chemin selon son propre vécu, à travers le spectacle. »
– Pierre-Olivier Grondin, Le clown.
C’est plutôt drôle de réaliser que Diane Dufresne se doit d’être représentée par cinq femmes pour l’égaler… et suffit d’un seul homme pour tout le reste.
« Je crois que l’on souligne le nombre majoritaire de personnages féminins colorés parce que c’est plus souvent l’inverse. C’est peut-être moins la norme. On profite de l’intensité de Diane pour déranger, s’assumer, s’imposer et s’affirmer.. »
– Laetitia Isambert, L’amoureuse.
« En tant qu’interprète, c’est un spectacle dans lequel on peut se permettre tout simplement et colorier en dehors des lignes et des cadres. S’affirmer tel que l’on est dans toutes ces facettes, je pense que c’est vraiment plus ça que de se rebeller. »
– Geneviève Alarie, La folle.
« C’est une opportunité, une permission de dépasser ce qu’on se permet de manière générale. C’est une chose qu’elle s’est donnée le droit de faire, et par le fait même on se le donne aussi à nous dans le spectacle. Ça prend beaucoup de cran et d’audace pour faire ça et nous on l’a en cadeau. Ça nous la fait connaître dans sa profondeur et sa complexité. Quelque part, ça me donne envie d’être elle. Le spectacle est comme une fresque. Il va falloir lâcher prise complètement et se laisser aller là-dedans. C’est un train qui part… pendant 90 minutes. Ce sera un objet en soi. »
– Laur Fugère, La petite fille.
« C’est un spectacle qui va surprendre les gens, parce que ce que le public va recevoir ne passe pas par l’intellect. Jade a mis l’accent là-dessus sur l’organique. »
– Catherine Sénart, La diva.


Retrouvailles et découverte
Cela s’annonce comme de grandes retrouvailles et une belle découverte à la fois autant pour ceux qui connaissent très bien Diane Dufresne que ceux qui la connaissent moins, comme les jeunes de la nouvelle génération. Cette pionnière mérite d’être reconnue.
« On redécouvre une artiste établie depuis longtemps et on revisite son œuvre. La plus belle chose qu’on peut souhaiter c’est que tout le monde ait envie de s’intéresser à elle et de l’aimer encore plus. On veut piquer la curiosité des gens et on souhaite que le spectateur passe un super moment dans son univers. Une grande artiste qui est venue bien avant les Lady Gaga et les Madonna de ce monde. »
– Catherine Allard, L’artiste.
« C’est jaune pétant ! C’est flash ! C’est une énergie féminine forte, qui parle et qui s’inscrit dans quelque chose de plus grand. Je pense à ma fille de 14 ans et à ma mère de 75 ans qui toutes les deux vont venir voir le spectacle et qui vont assurément se sentir concernées. Quand on déploie quelque chose qui est ancré et connecté, alors c’est inévitable que ce soit transmis. »
– Geneviève Alarie.
« Il y a une pudeur ancrée dans nos foyers depuis plusieurs générations pour plein de femmes au Québec. On doit s’unir…pour combattre une rectitude sociale et célébrer la liberté. Ce n’est pas en rapport à une accusation envers quiconque, mais on se doit de se poser des questions, entre l’ouverture que l’on peut dénoter et une censure dans notre expression. Les choses sont en mouvance, ça change. Ça crie, ça parle, ça chante. On espère que ce sera reçu à la hauteur de Diane et que ça prendra parole en soi pour toutes les générations qui pourront découvrir ou redécouvrir la force que ça prenait à l’époque, pour avoir l’audace de Diane. Le public l’aimait tellement, l’aime encore, elle décoiffait et décoiffe toujours! »
– Toute la distribution.

Audrey-Anne Séguin | Journaliste
Crédit photo : Courtoisie