Frederic Lebeuf 
Est-ce que vous vous ennuyez de vos cours de philosophie du Cégep ? Si c’est le cas, vous allez sûrement adorer la genèse du nouveau film de Catherine Therrien présenté en ouverture du Festival Cinemania le 2 novembre dernier. Et même si ce n’est pas le cas, je suis certain que vous allez vous plaire à regarder ce long-métrage qui est à la fois léger, mais aussi éthique.
Découvrez les personnages
Étienne Brasseur (Patrice Robitaille) est un professeur au Cégep en philosophie. C’est un gars entier. C’est un enseignant qualifié. Ses étudiants aiment son cours et ils aiment y participer. Son objectif est de rendre la philosophie stimulante et le fun pour tout le monde. Il est challengé par le changement dans notre société. C’est un homme rigoureux, autant dans sa correction que dans sa vie.
Nacira (Nour Belkhiria) est une jeune fille courageuse et déterminée qui aime se questionner en profondeur. Elle aime comprendre les choses dans son entièreté. Elle commence à exprimer certains doutes et questionnements par rapport à ses convictions religieuses. Elle est dans une certaine quête de réponses. Elle citera le Coran dans une de ses dissertations de philosophie. Son professeur lui mettra un échec parce que, pour lui, la philo et la religion sont aux antipodes. Elle demandera donc la révision de sa note puisqu’elle estime avoir été traitée injustement. Elle vit seule avec son père depuis que sa mère est décédée. Elle vit une détresse familiale en silence. Elle se sentira quelque peu incomprise durant sa quête.
Maude (Rose-Marie Perreault) est la meilleure amie de Nacira. Elle est un point d’équilibre entre les deux protagonistes polarisés dans leurs opinions. Maude se pose des questions sur la spiritualité et la religion, mais elle ne subit pas la pression de devoir trouver des réponses comme sa meilleure amie. « C’est bien d’avoir des opinions, d’être sûr de son idée et d’avancer la tête baissée. En même temps, je suis fan de la nuance. Quand une personne n’a pas de réponse définie dans sa tête et qu’elle est ouverte, c’est un sentiment que j’appréciais en mon personnage », souligne l’actrice qu’on peut voir dans Nuit Blanche sur ICI Télé.
Dualité amicale
En parallèle à l’intrigue principale, soit la révision de la note à Nacira, Maude a aussi sa propre histoire avec son prof. Elle flirte avec le nouveau célibataire (après une rupture difficile avec le personnage incarné par Anne-Élisabeth Bossé) lorsque celui-ci paraît vulnérable. Maude est assez joueuse. Elle le fait d’une façon bon enfant sans mauvaises intentions.
Rose-Marie Perreault voit cet intérêt amoureux pour son enseignant comme un hommage aux professeurs. « À ses yeux, c’est un excellent orateur qui s’exprime bien et qui arrive à vulgariser des idées un peu hermétiques pour des jeunes de cet âge. Il parvient à lui faire aimer la philosophie. C’est grâce à lui qu’elle s’y intéressera pour le reste de sa vie à la philosophie. Elle est fascinée par son éloquence et son esprit. On a tous eu un prof comme ça qui nous a intéressés à quelque chose sans quoi on ne se serait jamais intéressé. »
Maude et Nacira sont deux personnages d’horizons complètement différents, mais ô combien nécessaires ! D’un côté, Maude n’a aucune idée que Nacira vit des questionnements aussi embêtants et profonds. De l’autre côté, Nacira n’est pas au courant de l’intérêt amoureux de Maude. « Les deux vivent leur affaire en parallèle. Je trouvais ça beau cette réconciliation toute douce complice à la fin. Elles ont eu des trajectoires différentes pendant un certain moment, mais on sait qu’elles vont passer par-dessus. », révèle Rose-Marie.
La fiction versus la réalité !
Questionné à savoir s’il serait le même type de professeur que son personnage, Patrice Robitaille admet qu’il serait tout autant exigeant. « Il y aurait des irritants qui m’irriteraient moi aussi. Toutefois, je mettrais plus d’eau dans mon vin. Bref, j’aurais plus écouté les conseils de son père spirituel (incarné par Pierre Curzi). »
De son côté, Nour Belkhiria avoue qu’elle n’était pas une bonne élève. Elle ne cherchait pas à avoir une excellente cote R comme son personnage. Elle affirme cependant qu’elle était une étudiante sélective dans ses matières. « Je m’investissais là où je voyais de l’intérêt… et la philo en faisait partie », révèle-t-elle.
Un film qui force à réfléchir
Dès le début de l’aventure, l’actrice qu’on a pu voir, entre autres, dans le long-métrage Antigone a été séduite du fait que son personnage n’est pas caricatural. « De nos jours, je trouve qu’il y a beaucoup de personnages d’origine musulmane qui sont caricaturés de manière négative dans les médias ou dans la culture en général. C’était important que ce soit une jeune femme intelligente et courageuse qui prend son destin en main. C’était primordial de vivre entièrement mon personnage. »
En plus d’exposer des points de vue très opposés, le scénario ne donne pas de réponse. « En lisant l’intrigue, je penchais d’une idée à une idée contraire. Le film pose beaucoup de questions qui nous forcent à réfléchir. C’est quelque chose que j’apprécie que ce ne soit pas tout cuit dans le bec et qu’on doit se poser des questions parfois pas évidentes », conclut Rose-Marie Perreault.
Synopsis
Étienne, professeur de philosophie au Cégep, enseigne avec passion à ses élèves éveillés. Un jour, Nacira, une de ses étudiantes, met en pratique ce qu’il leur a enseigné : la remise en question. Voilà qu’Étienne et Nacira embarquent dans un voyage qui bouscule leurs plus profondes convictions.
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