
Jusqu’au 27 novembre, le théâtre Denis-Pelletier présente Les sorcières de Salem, une œuvre du dramaturge américain Arthur Miller, traduite par Sarah Berthiaume et mise en scène par Édith Patenaude.
Mensonges …
Dans le Salem puritain de 1692, le révérend Parris voit sa fille Betty ainsi que sa nièce Abigail en train de danser nues, dans les bois en pleine nuit, accompagnées d’autres jeunes filles. Le révérend qui a peur des qu’en-dira-t-on, force sa nièce à se confesser et à admettre qu’elles se livraient à la sorcellerie.
Elle a beau clamer son innocence, personne ne la croit. Avec la menace de se faire fouetter, elle accuse Tituba, l’esclave de son oncle, de les avoir incitées à la sorcellerie.
Soudainement, toutes les autres jeunes filles se mettent à accuser des gens innocents sans aucune preuve afin de sauver leur peau.
Un parallèle avec le Mouvement #metoo
Les Sorcières de Salem est d’abord l’histoire d’un homme qui se fait manipuler par une jeune fille.
Le pauvre succombe aux plaisirs de la chair avec sa très jeune servante et quand sa femme les prend sur le fait, elle congédie la « débauchée » qui cherchera à se venger. Impossible de ne pas faire de parallèle avec le mouvement #metoo. Tant d’hommes publics ont utilisé cette expression afin de se poser en victimes lors de accusations et de dénonciations.
Une histoire qui traverse les temps
Et puis arrive un moment sublime, comme un rendez-vous qui n’existe qu’au théâtre, où Anna Beaupré Moulounda, en Tituba, brise le quatrième mur et s’adresse à nous public du XXIe siècle.
Elle parle des femmes qui sont encore et toujours celles par où le mal arrive. Elle s’arrête et nous regarde comme pour nous défier et soudainement, un ange passe. Elle est grandiose en sorcière lucide.
Parions que Miller n’aurait jamais pu imaginer que sa pièce, écrite en 1953, trouverait écho dans la réalité du XXIe siècle. Si cette mouture 2021 est fidèle à l’esprit du texte, c’est une pièce féministe bien contemporaine qui est jouée devant nous.
C’est impossible de sortir sans être ébranlé. Quand une histoire réussit à traverser les temps, c’est signe qu’elle parle de notre humanité profonde. Ces sorcières nous hantent bien après avoir quitté le théâtre.
Jusqu’au 27 novembre
La production du théâtre Denise-Pelletier Les sorcières de Salem est à l’affiche jusqu’au 27 novembre.
Auteur : Arthur Miller
Mise en scène : Édith Patenaude
Traduction et adaptation : Sarah Berthiaume
Interprétation : Anna Beaupré Moulounda, Adrien Bletton, Luc Bourgeois, Maude Boutin St-Pierre, Éveline Gélinas, Mathieu Gosselin, Catherine Larochelle, Emmanuelle Lussier-Martinez, Étienne Pilon, Sébastien Rajotte, Anna Sanchez, Elisabeth Smith
Crédit photos : Gunther Gamper
Texte : Tan Bélanger