
Note attribuée par notre chroniqueur
Critique du film français Robuste, qui sortira en en salle le 23 septembre au Québec.
La réalisatrice Constance Meyer nous invite à suivre la vie d’un vieil acteur célèbre qui sombre seul, Georges (Gérard Depardieu), homme désagréable ‘’j’aime faire chier’’, têtu mais touchant, et de sa nouvelle assistante temporaire Aïssa (Déborah Lukumuena), une jeune noire agente de sécurité de 24 ans et lutteuse, en quête de confiance. Deux personnages à l’opposé qui vont devoir s’apprivoiser par la force des choses.
Il a été le film choisi pour l’ouverture à la semaine de la critique de Cannes en 2021 (France) et a fait partie de la Sélection officielle au Festival international du film Black de Montréal 2022 (Québec, Canada).
Bande-Annonce
Le film repose principalement sur ces deux êtres qui se débattent dans leur vie respective, mais qui sont aussi bouleversants lorsqu’ils se retrouvent ensemble, dans le conflit ou l’échange.
Gérard Depardieu livre une prestation magistrale, tout comme la surprenante actrice d’origine congolaise Déborah Lukumuena (en 2017, pour Divines : César du meilleur second rôle, meilleur espoir féminin aux Prix Lumières et prix de la meilleure actrice au Festival du film de Carthage| en 2018 : Les Invisibles). Ils jouent juste et de façon très naturelle, même lorsque la caméra demeure de longues minutes sur leurs visages et leurs sublimes regards.
Un parfum de documentaire est présent lorsque l’on rentre dans leur vie intime, comme quand Aïssa pratique la lutte dans un gymnase ou que Georges est sur un plateau de tournage. Dans les autres scènes les plans sont recherchés, avec des couleurs magnifiques, notamment celle autour d’un aquarium avec de curieux poissons des abysses.
La musique épurée de David Babin (BABX) sert le film à merveille, tout comme le touchant titre ‘’quelques mots d’amour’’ de Michel Berger.
Ce premier long-métrage de la réalisatrice Constance Meyer (elle avait déjà réalisé des court-métrages avec Gérard Depardieu à l’affiche : Franck-Étienne et la béatitude et Rhapsody) est une vraie réussite et ne sombre jamais dans le cliché, avec des dialogues subtils. On se laisse facilement embarquer dans l’histoire avec des moments de tension, parfois de malaise face à la maladresse de Georges ou leur mal-être. Mais on retrouve surtout de grands instants de bonheur, de rire et de tendresse. La vie !
Pourquoi pas une note de 5 sur 5 ? : à partir de la deuxième moitié du film, quelques plans et scènes s’enchainent très rapidement et maladroitement, avec de petites histoires parallèles, faisant perdre le fil quelques minutes.


Mot de la réalisatrice Constance Meyer
« A l’origine de ce film, il y a une image : un homme robuste évanoui dans les bras d’une femme. Comme une scène galante inversée. Cette image d’abandon et de vulnérabilité me revenait, et j’ai eu envie de la déconstruire pour en faire une histoire.
C’est ainsi que sont apparus Aïssa et Georges, la rencontre de leur deux univers, de leurs deux solitude. Il fallait une femme comme Aïssa – ancrée, déterminée, sans jugement – pour “porter” et supporter Georges, le mettre face à lui-même, face au monde auquel il a renoncé. Et il fallait le regard et le non-conformisme d’un homme comme Georges pour qu’Aïssa laisse derrière elle un amour dont elle n’attendait rien et qu’elle retrouve la dimension ludique de la lutte.
Il y a aussi une phrase, qui m’a beaucoup marquée : « Pour jouer, il faut accepter de se noyer. » Cette phrase, c’est Depardieu qui l’a dite un jour au détour d’une conversation.
Pour jouer, donc, il faudrait se jeter à l’eau et cesser de se débattre ? Renoncer à la vie ? C’est pourtant un homme d’une vitalité quasi incompréhensible qui prononce ces mots.
Je crois, avec le recul, que Robuste est une tentative pour appréhender cette idée, celle du jeu d’acteur comme une noyade, un abandon, et en même temps un retour à la vie. »
Synopsis : Lorsque son bras droit et seul compagnon doit s’absenter pendant plusieurs semaines, Georges, star de cinéma vieillissante, se voit attribuer une remplaçante, Aïssa. Entre l’acteur désabusé et la jeune agente de sécurité, un lien unique va se nouer.
Distribution : Gérard Depardieu et Déborah Lukumuena