
Le dimanche 5 juin avait lieu la 24e édition du Gala Québec Cinéma, récompensant, comme son nom l’indique, les artistes et artisans du milieu du cinéma. J’étais présent sur le tapis rouge afin de rencontrer les nommés.
Émile Schneider, meilleure interprétation masculine – Rôle de soutien (François Paradis, dans le film Maria Chapdelaine)

« Pour moi, c’est une histoire de famille, ce rôle. Mon grand-père était lui-même chasseur-cueilleur. C’est donc un monde que je connaissais. ». Quant à son rôle du prétendant François Paradis, qui tentera de séduire le cœur de la jeune Maria Chapdelaine, il avoue que la direction a voulu changer l’image faite par les anciennes versions du film. « C’était un rôle imposant au début, mais nous avons voulu faire quelque chose d’autre, de beaucoup plus tendre. Nous avons aussi voulu briser le cliché du «lumbersexuel ». Nous avons été vers quelque chose de plus fragile, tendre. ». L’acteur nomme aussi avoir eu un bon contact avec Sara Montpetit, l’interprète du rôle-titre. Questionné sur ses projets futurs, Émile me confie qu’il a tourné dans deux séries qui seront annoncées sous peu ainsi qu’un rôle dans un opéra, à l’automne. « Je suis le seul acteur sur un spectacle avec de grands solistes. Ça s’appelle La beauté du monde, nous sommes presque 300 personnes sur ce spectacle. Ça fait déjà deux fois que c’est remis donc nous avons hâte. Je serai aussi au théâtre Rideau Vert, au printemps 2023, avec Mylène Mackay dans une pièce qui s’appelle Trace d’étoile. La pièce avait été jouée en 1992 avec Luc Picard et Sylvie Drapeau et nous sommes les premiers à la reprendre. »
Danielle Fichaud, meilleure interprétation féminine – Premier rôle (Sylvette, dans le film Aline)

Dans le film librement inspiré de la vie de la chanteuse Céline Dion, Danielle Fichaud interprète la mère d’Aline. Le film a été malmené par des critiques québécoises. En revanche, en France, le film a eu une ovation de 15 minutes au Festival de Cannes puis 10 minutes à Paris, couronné par plusieurs nominations aux César. « Il y a eu une campagne de salissage contre le film avant même sa sortie. Les gens étaient déçus. Mais en même temps, le film a été vendu dans 70 pays. Mais la journée qu’il va passer à la télé, les gens vont le regarder et changer d’idée. ». La carrière de Danielle Fichaud s’étend sur près de 45 ans. Questionnée à savoir ce qui fait qu’elle est toujours dans nos écrans, l’actrice répond : « Parce que je n’ai jamais perdu la flamme ! ».
Robert Naylor, meilleure interprétation masculine – Premier rôle (Alexandre, dans le film Le bruit des moteurs)

Robert joue le rôle d’Alexandre, un formateur pour l’armement des douaniers canadiens, aux prises avec une problématique de sexualité compulsive. « C’est un film à petit budget, soit 150 000$. On fait ce genre de film, car ce sont des défis alors je ne m’attendais vraiment pas à une nomination. C’est aussi le premier film du réalisateur Philippe Grégoire donc je n’avais pas d’attente. ». Le talentueux acteur est également en vedette dans le film Maria Chapdelaine. Même s’il n’a pas obtenu de nomination pour ce rôle, Robert offre une brillante performance dans le rôle de Lorenzo. « Je connaissais l’histoire, mais je n’avais pas lu le livre. Sébastien Pilote, le réalisateur, nous a demandé de ne pas regarder les autres versions, pour pas que l’on joue comme les autres. Je suis très fier de mes collègues en nomination. ».
Antoine Olivier Pilon

Même s’il n’avait pas directement de nomination pour Antoine Olivier Pilon, il est tout de même le personnage principal du film Sam, de Yan England. Il joue le rôle d’un jeune athlète tourmenté, qui se retrouve bien malgré lui au cœur d’un événement dramatique aux répercussions insoupçonnées. Il s’agit de la deuxième collaboration entre l’acteur et le réalisateur. « Retravailler avec lui m’a confirmé que j’ai beaucoup de plaisir. C’est quelqu’un avec qui je m’entends bien et la glace est déjà brisée. Une troisième collaboration serait très agréable. ».
Pascale Bussières, meilleure interprétation féminine – Premier rôle (Laura, dans le film Bootlegger)

Dans ce film qui porte sur les dualités que vit une communauté autochtone, Pascale Bussières joue le rôle de Laura, une trafiquante d’alcool. « Il y avait dans ce personnage une survivance, ce n’est pas tout noir ou tout blanc, les bons et les méchants. ». Le film a été tourné en partie sur la réserve de Kitigan Zibi, en Outaouais. L’actrice a passé quatre semaines sur la réserve, avec les habitants de la communauté. « Le tournage était physiquement difficile. C’était l’hiver, parfois des conditions extrêmes. Les membres de la communauté ont été très accueillants et collaboratifs. J’ai tissé des beaux liens avec des gens de là-bas, mais aussi d’ailleurs, car certains acteurs venaient d’autres communautés. ».
Patrice Robitaille, meilleure interprétation masculine – Premier rôle (Étienne Brasseur, dans le film Une révision)

Il s’agit de la première nomination pour Patrice Robitaille depuis son rôle de JP, dans le film La Petite Reine, en 2015. Malgré le succès des dernières années, Patrice Robitaille reste les pieds sur terre. « C’est flatteur les nominations, mais je prends ça avec du détachement. Je trouve ça fun, j’aime y participer, mais mon plus grand plaisir, ce ne sont pas les nominations, c’est d’être avec mes confrères et consœurs. ». Patrice joue le rôle d’Étienne, un enseignant en philosophie à l’université, qui se voit bousculé dans ses principes et ses valeurs. Il ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec la vie de nos jours. « Nous sommes dans une ère du politically correct, les institutions deviennent frileuses avec les sujets délicats et ne savent plus comment réagir. Le film, c’est beaucoup ça : des institutions qui font de l’aplaventrisme face à des lobbys. ». Il vante également le talent de Nour Belkhiria, qui joue le rôle de Nacira, l’élève qui déclenchera les questionnements d’Étienne.
Louise Portal – Prix Iris hommage

La grande Louise Portal voit l’ensemble de sa carrière récompensée, en cette soirée de gala. « Je suis très heureuse, comblée. Je regarde derrière et je vois tout le chemin parcouru. ». L’actrice, qui compte 50 ans de carrière, a eu une longue discussion téléphonique avec Dominique Michel, quelques jours avant le gala. « Elle m’a envoyé des fleurs pour me féliciter. Nous avons parlé longuement, nous disant que nous avons eu des carrières fabuleuses et que nous sommes chanceux de vieillir dans ce métier. ». Elle croit que le secret de sa longévité dans nos écrans est, car elle est une femme de cœur. Elle nomme mettre du cœur dans ses incarnations. Elle explique aussi que le fait d’avoir eu une grande diversité de rôles a dû aider à ce que les gens ne se lassent pas de la voir.
Sylvain Marcel, meilleure interprétation masculine – Premier rôle (Guy-Claude, dans le film Aline)

Sylvain Marcel a eu la chance d’interpréter Guy-Claude, le penchant fictif de René Angélil, dans le film Aline. « Au début, j’étais certain que c’était un canular. Mon gérant m’a appelé pour me dire que Valérie Lemercier voulait me rencontrer. J’ai répondu d’arrêter d’essayer de me faire des blagues, ça ne marche pas avec moi. Même quand j’ai rencontré Valérie pour la première fois, j’ai regardé autour d’elle s’il n’y avait pas trop de miroirs pour cacher des caméras. ». Quant à l’accueil mitigé du film au Québec, il croit que le fait que le rôle soit joué par une actrice française a pu écorcher quelques spectateurs. Enfin, Sylvain Marcel bénéficie d’énormes retombées depuis la parution d’Aline. « J’ai tellement de job ici. Je suis gâté pourri. Je tourne Les jours heureux de Chloé Robichaud présentement, je tourne aussi L’Échappée puis deux nouvelles séries qui seront annoncées sous peu. Je suis rendu à refuser des projets. La vie est bonne avec moi. ».
Émilie Bierre, meilleure interprétation féminine – Premier rôle (Rose Dubois, dans le film Le guide de la famille parfaite)

Son rôle dans le film de Ricardo Trogi et scénarisé, entre autres, par Louis Morissette, est celui d’une adolescente, envahie par l’anxiété de performance et la pression que lui met son père. L’actrice, qui a eu 18 ans le mois passé, est-elle confrontée aux mêmes épreuves, en grandissant devant les yeux du public? « Absolument! Je le vis différemment de Rose, car j’ai de super bons parents qui me supportent. Mais je me mets beaucoup de pression pourêtre parfaite dans tout ce que je fais. Le film m’a aidé à ouvrir les yeux sur ce sujet. ». La jeune actrice a également reçu énormément de messages de jeunes adolescents, qui disaient vivre les mêmes choses que le personnage de Rose. Quant à la suite, Émilie réalisera son tout premier court-métrage cet été. Le tout se fera à Vancouver et sera tourné en anglais. En plus d’assurer la réalisation, elle a co-écrit le scénario. « C’est un beau gros défi. Ça s’appelle Greener comme dans l’expression Grass is always greener. Ça parle du fait que l’adolescence nous est toujours vendue comme la plus belle partie de notre vie alors que, quand on est dedans, ce n’est pas toujours facile. »
Hélène Florent, meilleure interprétation féminine – Premier rôle (Julie, dans le film Les oiseaux ivres) et meilleure interprétation féminine – Rôle de soutien (Laura, dans Maria Chapdelaine)

Seule artiste à être nommée deux fois dans des catégories d’interprétation, Hélène Florent était toute souriante sur le tapis rouge. Le film Les oiseaux ivres traite du domaine de l’agriculture, un domaine qu’elle ne connaissait pas du tout. « Nous sommes allés visiter la ferme une journée. J’ai observé un peu comment ça se passait là-bas. ». Le film, qui a d’ailleurs également gagné pour la meilleure direction photo, présentait en effet un visuel incroyable. Les scènes agricoles ont été tournées à Dunham, dans l’Estrie. Elle est également en nomination pour son rôle de Laura Chapdelaine, la mère de Maria Chapdelaine. Pour l’audition, elle avait regardé de courts extraits de la version de 1983 de Gilles Carle, mais elle ne voulait pas trop s’y fier. Elle nomme également avoir supporté l’actrice Sara Montpetit, nouvellement arrivée dans le métier.
Vincent-Guillaume Otis, meilleure interprétation masculine – Premier rôle (Éric Asselin, dans le film Norbourg)

C’est pour le rôle du bras droit de Vincent Lacroix, Éric Asselin, que Vincent-Guillaume Otis est en nomination. « C’est toujours un peu intimidant de jouer quelqu’un qui existe pour vrai. Cela dit, Éric Asselin était dans l’ombre. Il n’y avait pas beaucoup d’images de lui, il était très discret. J’ai pu me permettre de l’inventer, d’une certaine façon. Rendu là aussi, moi, je pense aux victimes de Norbourg. Donc qu’il n’aime pas ma performance ou qu’il la juge, je m’en fous un peu ! ». L’acteur aime également que l’histoire se joue plus par le personnage d’Éric, moins connu du public. Il trouve intéressant que cet événement, connu par tant de gens, soit vu d’une autre façon. Avec la fin du phénomène qu’a été District 31, Vincent-Guillaume ne se retrouve pas le bec à l’eau pour autant. « J’ai commencé à répéter au théâtre. J’ai tout mis de côté pour en refaire. Je vais être au Théâtre du Rideau Vert, en septembre, dans une pièce qui s’appelle Le Fils, mise en scène par René-Richard Cyr. J’ai d’autres beaux projets qui s’en viennent aussi, mais je ne peux pas encore en parler. »
Guillaume Cyr, meilleure interprétation masculine – Rôle de soutien (Forgeron Riopel, dans le film L’arracheuse de temps)

« Je connaissais déjà les histoires de Fred Pellerin, j’ai toujours été un grand grand fan. Alors quand Francis Leclerc m’a appelé pour m’offrir le rôle du Forgeron Riopel, j’ai pleuré. ». Le rôle a été défendu par Gildor Roy dans Babine et Ésimésac mais c’est désormais Guillaume qui a repris le rôle. « Étant donné que toute la distribution a changé, je n’avais pas de stress de devoir faire comme celui d’avant. J’étais le nouveau forgeron. ». Guillaume vit présentement des années merveilleuses avec des projets qui n’arrêtent plus. En plus du film pour lequel il est nommé, il joue dans les séries La Confrérie, Léo 5 et Le Bonheur 2 en plus de jouer dans les films Arseneault et Fils, La Meute et Bungalow.—




















































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