
Jusqu’au 11 mars, le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui présente Pisser debout sans lever sa jupe. Créée par Olivier Arteau dans le cadre de sa résidence, cette autofiction éclatée étudie la construction de l’identité. Bien qu’inégal, ce spectacle qui combine les formes d’art est malgré tout un bel objet scénique.
Un accueil déconcertant
Un rat en sous-vêtements, une petite trappe à souris et une immense boule disco phallique accueillent le public de la salle Michelle-Rossignol.
Ce regroupement hétéroclite joint aux mots d’Olivier Arteau mettent la table pour la suite :
« Ceci est une histoire vraie.
C’est la nôtre.
Mais les artistes sur scène, eux
devront jongler constamment avec leur être fictif.
Leur alter ego.
Celui qui les protège de la persécution
et leur permet de créer une distance avec celleux qu’iels sont vraiment. »
Trois parties distinctes
Dans la première partie, on retrouve huit amis réunis pour célébrer un enterrement de vie de jeune fille. Ariel Charest est succulente dans le rôle de la future mariée.
Or, la soirée se détourne très rapidement de son but initial.
Un après l’autre, les membres de la bande se mettent à confronter leurs semblables.
Chacun pointe du doigt les biais des autres au sujet de l’identité sexuelle ou de genre.
À demi-mot, ils font référence à l’événement tragique qui les a éloignés les uns des autres.
Puis, dans une rupture de ton drastique, on passe à la seconde partie. Ici, on présente les personnages individuellement.
Devant un diaporama de photos de leur jeunesse, les artistes se racontent. Navigant sur la frontière entre le réel et l’imaginaire, ils se livrent en paroles, en musique, ou en danse.
Ce flou peut causer un certain inconfort chez les spectateurs.
Enfin, le tout se termine avec un rappel de certains éléments. La trappe du début se multiplie pour occuper toute la scène dans une chorégraphie de Fabien Piché.
Intéressante métaphore pour illustrer les obstacles que la vie a mis sur son chemin.
La boule disco revient aussi, mais sous forme de robe. Cet étincelant vêtement est porté par Laurence Gagné-Frégeau qui interprète le chant final.
Se défaire des idées préconçues
En insistant sur l’unicité de chacun, l’auteur impose une distance avec les idées reçues sur le groupe auquel le personnage s’identifie.
Cette volonté de s’affranchir des préjugés se traduit aussi dans la forme du spectacle. En jouant avec les codes du théâtre et en mélangeant les différentes formes d’art, Olivier Arteau a créé une œuvre déroutante qui nous fait réfléchir sur nos propres biais.
Pisser debout sans lever sa jupe jusqu’au 11 mars
Création du Théâtre Kata en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, Pisser debout sans lever sa jupe est à l’affiche jusqu’au 11 mars. À l’origine, le spectacle n’était présenté que six soirs seulement. Deux supplémentaires ont été ajoutées les mardi 7 et mercredi 8 mars à 20h.
Texte et mise en scène : Olivier Arteau
Interprétation : Ariel Charest, Lucie M. Constantineau, Laurence Gagné-Frégeau, Jorie Pedneault (Narcisse), Fabien Piché, Vincent Roy, Zoé Tremblay-Bianco, Sarah Villeneuve-Desjardins
Chorégraphie : Fabien Piché
Conception sonore : Vincent Roy, Sarah Villeneuve-Desjardins, Jorie Pedneault (Narcisse)
Assistance à la mise en scène et direction de production : Lucie M. Constantineau
Crédit photo : Hugo B. Lefort
Texte : Nancie Boulay