
Martin Rouette est l’un des seuls candidats de l’histoire de Star Académie à n’avoir jamais été mis en danger au cours de l’aventure, les deux autres étant Marie-Mai (2003) et Brigitte Boisjoli (2009). Finaliste masculin de la première édition en 2003, il marquait le public à chacune de ses interprétations bien senties. Aujourd’hui, il est davantage doubleur et comédien que chanteur, mais la musique fait toujours bien partie de sa vie. Lors de la réunion spéciale de la première édition, j’ai pu m’entretenir avec lui pour mon dossier spécial des 20 ans de Star Académie.
Quand tu regardes ce que tu as accompli depuis, qu’est-ce qui te rend le plus fier ?
Ma plus grande fierté… Honnêtement, c’est ça qui est drôle, mais juste de pouvoir faire encore ce métier-là, c’est incroyable parce que c’est vrai qu’il y a des moments où ça n’a pas toujours été facile. Il y a des moments où tu penses que peut-être que ça va s’arrêter. Ça peut être un gros deuil. Il y en a qui l’ont peut-être vécu, qui ont changé de carrière, par choix ou parfois peut-être pas. Ça aurait été très malheureux. Je n’ai jamais été en crise ou en dépression ou quoique ce soit, mais je pense que s’il avait vraiment fallu que je retourne où j’étais avant, j’aurais été foncièrement très malheureux.
Probablement que c’est encore ce feu-là que j’ai. Même si c’est moins la chanson, et je dis ça, mais encore là, je chante en ce moment et peut-être plus que jamais. Je veux faire de quoi (rires)! Mais on dirait que juste le côté acting, tout ça, d’évoluer dans ce milieu-là, c’est tellement stimulant. Je l’ai déjà fait, travailler chaque jour la semaine et avoir des shows la fin de semaine, et j’avais toujours tellement hâte à la fin de semaine! Quand tu as connu ça aussi fort, c’est juste de pouvoir continuer!
Au contraire, qu’as-tu trouvé le plus difficile depuis ?
Il y a eu quand même certains passages à vide où c’est un peu plus rough, qui te remettent en question. Tu sais, je suis allé travailler dans un bar à un moment donné. Mais en même temps, c’était cool. C’était un super bon contexte de vie! Mais ces moments de doute là, où tu penses que c’est peut-être la fin alors que tu dois payer tes affaires, c’était plus difficile. Mais sinon, en général, depuis je dirais quasiment dix ans, ça va super bien.
Parmi tous les apprentissages que tu as faits lors de ton parcours à l’émission, quels sont ceux qui te servent encore aujourd’hui ?
C’est sûr qu’il fallait déjà avoir une base en chant parce qu’on a des performances à livrer chaque dimanche. Je dirais que c’est le côté technique de la télé, de comment ça se passe sur un plateau, la rigueur de travail que ça demande et tout ça. Je pense que ça a été la plus belle école pour ça. Ça te donne des trucs que tu ne peux pas apprendre ailleurs. Au cégep, je l’ai fait. C’est cool, j’ai mon diplôme, j’y ai appris beaucoup de choses, mais comment ça se passe, la vraie vie, quand tu mets le pied sur un stage, et sur un stage de cette ampleur-là, ce n’est pas comme un bar.
Il y a aussi l’envergure que ça avait, tu sais, de pouvoir te dire : « c’est toi qui as la place, donc prends-la! » C’était quelque chose que j’avais peut-être de la difficulté à faire, avant. Je faisais des shows, plus jeunes, et j’avais toujours des tics : je buvais de l’eau quand je ne chantais pas, je me passais la main dans les cheveux, c’était quasiment si je ne chantais pas de dos (rires)! J’en mets un peu, mais j’ai appris à avoir du fun, comme si les gens me donnaient confiance. C’était comme si j’oubliais toutes les caméras, j’oubliais le monde, j’oubliais tout!

Partage-moi ton plus beau souvenir de l’aventure.
Écoute, il y en a tellement! Autant des moments passés avec la gang… Tu sais, la tournée, ça a été juste incroyable! Je n’arrête pas de le dire, mais si on pouvait revivre ce moment-là aujourd’hui, une deuxième fois, il me semble que je mordrais encore plus dedans. Ça va tellement vite! Autant, dès que ça commence, on est bombardés de trucs, on rencontrait plein de monde… C’était juste un feu roulant de trucs qui se passaient dans nos vies, et je pense qu’on avait un peu de difficulté à réaliser l’ampleur que ça avait réellement.
On le réalisait après coup! C’était la première cuvée; c’était spécial! Autant les moments dans l’autobus, l’esprit de famille… C’est une espèce de confrérie que je n’avais jamais vraiment vécue avant dans ma vie. Sinon, au niveau des performances, je te dirais celle avec Serge Lama au gala sur « Je suis malade ». Ça a été quelque chose! Mais pour vrai, il y en a plein.
Si c’était à refaire, y a-t-il des choses que tu ferais différemment ?
Je changerais assurément des choses, je te dirais, surtout au niveau marketing de ma personne. Il y en a qui sont forts là-dessus, qui étaient déjà businessman ou businesswoman, chose que je n’étais pas vraiment. Je me laissais un peu pousser par le vent. Dans ce temps-là, il n’y avait pas de réseaux sociaux. C’est très différent, puis, comme des fois je laisse le spot et le temps aller, parce que je ne cherche pas à tout prix tout le temps à être devant les projecteurs, mais en même temps, j’en ai besoin et j’aime ça quand je suis là. C’est nécessaire aussi, dans la performance et dans ce que tu veux donner pour ne pas que les gens t’oublient. On dirait que j’aurais pu pousser un peu plus, à ce moment-là. Je suis resté un peu en attente qu’il se passe quelque chose.
Au début, tu te fais bombarder et inviter dans plein de trucs, mais ça ne dure pas nécessairement. On dirait que je n’avais pas ce côté-là qu’aujourd’hui, j’aurais un peu plus, d’essayer de profiter de la vague et de savoir un peu plus me vendre. Ça n’a l’air de rien, mais ce n’est pas si facile que ça. Je n’ai pas eu un gérant qui est arrivé et qui m’a dit : « toi, je veux faire de quoi avec toi! » Mais en même temps, j’aurais peut-être été malheureux et je me serais peut-être dirigé vers quelque chose que je ne suis pas parce que, ça, ça arrive. Mais en même temps, si on oublie ça, j’ai quand même toujours essayé de faire mes petits trucs par moi-même, avec mes amis. Ça n’a pas nécessairement débloqué au niveau musical, mais ça a débloqué dans d’autres choses.
Si tu devais choisir une chanson que tu as interprétée pendant ton parcours, que ce soit une performance en solo, en duo ou en groupe, laquelle choisirais-tu et pourquoi ?
Je dirais la performance que j’ai livrée à la finale des gars, « Ne me quitte pas ». Je ne pensais jamais pouvoir arriver à m’attaquer de telle façon à un classique. Denise Filiatrault à l’époque et les autres professeurs m’ont fait confiance et m’ont permis de me lancer là-dedans. Ça a été quelque chose! Je dirais autant la performance en tant que telle que tout ce qui se passe autour de ça. C’est un sentiment spécial. Ta famille est là. Tu as aussi peut-être plus conscience des téléspectateurs veut, veut pas.
Moi, j’ai été chanceux et je n’ai jamais été mis en danger, mais je voyais quand même tout ce que la famille et les amis faisaient quand il y avait des candidats en danger et tout le rayonnement que ça avait dans les régions. Donc quand on a à performer comme ça, on prend conscience de toute l’ampleur que ça a. Il y a quelque chose qui se passe, lors de la performance, qui est comme magique. Tout le monde est un peu accroché à tes lèvres. En plus, c’est une chanson dans laquelle tu peux tellement te livrer et te laisser aller pour savourer le moment. Des fois, on dirait que je pouvais presque entendre une mouche entre deux phrases. C’était assez particulier comme moment.
En plus, toi qui es plus comédien et doubleur aujourd’hui, cette chanson-là te permettait de jouer, déjà.
Assurément! C’est sûr que tout le parcours à Star Académie m’a permis de débloquer des choses. J’avais des amis artistes, même plus jeune au secondaire. Moi, je ne participais pas aux cours d’arts dramatiques. Probablement que ça m’aurait déjà attiré, mais j’étais très gêné. On dirait que je ne pensais pas que ça pouvait être pour moi. En même temps, c’est comme si je ressentais en dedans de moi qu’il fallait que je donne ça. Et c’est drôle parce que, même en musique, en chanson, je chantais dans ma chambre chez nous au secondaire, mais je n’étais même pas prêt à faire un show de fin d’année.
Des fois, ils cherchaient des chanteurs! J’avais des amis qui me disaient d’y aller, surtout que je connaissais les chansons (rires)! Star Académie, ça m’a permis de m’ouvrir et de prendre confiance avec Denise Filiatrault au niveau de l’acting. Elle me donnait un peu de jus à ce niveau-là, et ça m’a permis de comprendre que c’était possible et que je pouvais arrêter de me poser des questions. Le syndrome de l’imposteur, à un moment donné, ça va faire!

Y a-t-il des éléments des autres éditions que tu aurais aimé avoir lors de ton édition ?
C’est certain que, d’année en année, on dirait que le budget était de plus en plus grand, donc il y avait des artistes internationaux. Nous, par exemple, on a eu Gino Vannelli qui est un artiste international, mais c’est un Montréalais. C’est sûr qu’on n’a pas reçu CeeLo Green comme à La Voix par exemple. Dans les années de René Angélil, surtout, c’est sûr qu’il y a des artistes que j’aurais aimé rencontrer. En même temps, dans notre temps, c’était tellement l’inconnu, ce qu’on vivait, que juste de recevoir tous ces gens-là, c’était merveilleux; c’était inespéré!
Si tu pouvais choisir un ex-académicien ou une ex-académicienne pour une collaboration, qui choisirais-tu et pourquoi ?
Tu m’en poses une bonne (rires)! Il y en a tellement… En fait, il y a un gars avec qui on avait commencé à travailler, puis c’est un gars que j’ai toujours admiré énormément. C’est Jason Battah, qui était dentiste et qui pratique toujours, je crois. On était quand même assez chumey dans ce temps-là; on se côtoyait, puis on avait commencé des trucs ensemble. On avait réarrangé une de mes tounes, puis c’était très cool! J’ai toujours aimé sa vibe, son côté soul, son côté r & b. C’est quelque chose que, justement, il n’y avait pas de gens près de moi qui étaient dans ça, puis moi, c’est ce que j’aime le plus.
C’est ce qui me fait le plus tripper, encore aujourd’hui, le côté très soul, le côté black, en fait, que j’ai découvert après. Moi, je viens vraiment d’un petit milieu rocker qui trippait Red Hot Chili Peppers et Metallica. Après ça, il y a eu tellement d’autres choses! Jason, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu, mais il avait vraiment quelque chose. Ce gars-là, c’est un musicien incroyable; il a une tête, c’est incroyable en musique! Je me demande même ce qu’il devient. Ce gars-là avait tellement une forte musicalité; c’est sûr qu’il fait encore des trucs en musique même s’il est aussi dentiste. Peut-être pour lui, peut-être aussi qu’il collabore avec d’autres. Tu me fais penser que je suis dû pour lui écrire (rires)!
Comment décrirais-tu ton rapport à Star Académie, 20 ans plus tard ?
Ça a été tout un tremplin! La vie, c’est ponctué de plein d’événements qui font de toi qui tu es, donc c’est sûr que ça a assurément démarré ma carrière, mon côté professionnel. Ça a démarré très fort, et c’est sûr qu’il y a eu des moments où ça a été plus calme, mais présentement, je vis moins de musique, mais je vis de voix et de doublage. C’est quand même très artistique, veut, veut pas. Je suis plus comédien que chanteur, mais je le dois quelque part à Star Académie parce que c’est ça qui m’a un peu propulsé.
Ça m’a apporté des opportunités, aussi. Ça m’a permis de réaliser moi-même quel était le métier que j’aurais aimé faire. Ce n’était peut-être pas quelque chose que je voyais avant. Avant Star Ac, j’étudiais en musique aussi, donc tout était très focusé là-dessus, donc on dirait que même le métier de comédien, c’est ça qui en a été le déclic. Ça a été le début de tout, en fait!
Finalement, quels sont tes principaux projets actuels ?
Principalement, toujours du doublage. Je fais ça de ma vie à temps plein! Mais j’ai quelque chose qui s’en vient dont je ne peux pas encore parler (rires). C’est un projet télé qui est très, très cool!

Samuelle Guimond | Journaliste
Samuelle est une passionnée de musique, de littérature, de télé et de théâtre. Si elle est journaliste pour le média, c’est dans le but de faire briller des artistes d’ici en qui elle croit, principalement à travers des entrevues. Tu pourrais très bien la croiser dans une salle de spectacle aux environs de Montréal!

Patricia Duval | Photographe
Passionnée par la musique et les arts depuis son jeune âge, elle a découvert il y a quelques années la passion pour la photographie. Elle carbure aux défis, adore les festivals et capter l’émotion. Elle a une piqure pour le country, si vous voyiez une petite noire dans un pit de spectacle ou en train de courir partout pour s’assurer d’avoir une belle photo, c’est bien elle.