
L’étau se ressert à Star Académie. C’est la talentueuse et authentique Marily Dorion qui a malheureusement quitté ce dimanche, après avoir livré sa version sobre et touchante de « Le tour de l’île » de Félix Leclerc. Nous avons discuté avec elle de son parcours.
D’abord, comment te sens-tu après la soirée d’hier ?
Je me sens vraiment bien, pour vrai. C’est sûr que je ne me suis pas encore déposée; c’est le lendemain, j’ai dormi une heure, j’ai beaucoup d’entrevues… Pour vrai, hier, j’avais un peu les yeux dans l’eau, mais c’était des larmes de reconnaissance. Quand j’ai été éliminée, c’était comme si toute l’aventure que je venais de vivre m’avait frappée dans la face. Je réalisais à quel point j’étais chanceuse d’être sur le stage, à quel point j’étais chanceuse d’être choisie parmi autant de monde. Tu sais, je pense qu’il y en a d’autres qui ont mon style et qui n’ont pas été pris à Star Ac. Je suis vraiment reconnaissante en ce moment!
Tu as choisi de chanter « Le tour de l’île » de Félix Leclerc, une chanson importante de notre patrimoine québécois. Peux-tu nous dire en quoi cette chanson-là était importante pour toi ?
J’avais vraiment le goût de faire une pièce en français. Aussi, en ce moment, avec tout ce qui se passe au Québec avec la pandémie, je trouve que ça nous désolidarise un peu, donc j’avais le goût de ressortir un hymne de nos racines, un hymne collectif. Félix Leclerc, c’est tellement un grand auteur-compositeur-interprète du Québec, que j’avais le goût de lui rendre honneur. J’ai l’habitude de prendre des pièces et de les mettre à ma façon, donc je trouvais que je posais aussi ma signature en faisant ça.

Tu es arrivée à l’Académie avec une identité artistique bien définie. Tu trouvais toujours une façon d’adapter les chansons, de les faire à ta façon. En quoi Star Académie t’a permis d’approfondir cette identité ?
Je pense que oui, ça m’a permis de la travailler, mais ça m’a surtout donné le boost de motivation et d’ambition dont j’avais besoin pour me lancer dans cette carrière-là. Moi, je fais de la musique depuis que je suis toute petite, mais j’ai toujours eu peur de sauter dans cette tribune du showbiz musical. J’ai fait un bac en travail social; là, je suis en train de faire une maîtrise. On dirait que je n’étais pas capable de me dire « ok, là, j’essaie pour vrai ». Je suis allée à Star Ac à cause d’un pari; je n’avais jamais écouté l’émission avant. J’ai vraiment fait comme un saut dans le vide. Ça m’a vraiment donné cette motivation-là de continuer. Je suis vraiment crinquée. J’ai le goût de mettre mon univers sur papier et de composer un EP pour que les gens puissent apprécier cet univers que j’ai dans ma tête.
Quel était ton objectif principal à ton entrée à l’Académie ? Considères-tu que tu l’as atteint ?
Mon objectif principal, c’était justement de trouver ce dont j’avais besoin pour me lancer dans ce business de la musique. Ça, je l’ai trouvé! J’étais venue à l’Académie pour les cours de composition. J’avais super hâte aux cours de composition avec Louis-Jean Cormier, mais malheureusement, je pars! C’est sûr que j’étais un peu déçue, mais je vais être sur le 24/7 pour faire les cours avec les autres! Je vais avoir mon petit cahier, le même cahier qu’on a eu au début de l’Académie, et je vais faire les cours avec eux. En fait, je vais me pointer sur le balcon dans la fenêtre à Waterloo… Le garde de sécurité me sortira de force (rires)!

Quelle est ta plus grande fierté par rapport à ton parcours ?
Je pense que c’est d’être restée moi-même du début à la fin. Quand j’ai su que j’étais prise, j’ai dit à ma famille que je voulais être la plus authentique possible. J’ai vraiment réussi à être moi-même. Je ne me suis pas mis de filtre. Des fois, peut-être que ça a joué contre moi, mais je pense qu’au bout du compte, j’ai réussi à être la plus authentique possible et j’en suis vraiment fière! Le Québec a vu la vraie personne que je suis dans la vie de tous les jours.
Parmi les rencontres avec des artistes, quelle est celle ou quelles sont celles qui t’ont le plus marquée ?
Il y a deux artistes qui m’ont vraiment marquée : c’est Yseult et Ingrid (St-Pierre). Je trouve que ce sont deux femmes authentiques; elles sont vraies. On peut vraiment ressentir leur vérité quand elles chantent. Souvent, on a parlé de vérité pendant l’aventure, et je trouve qu’elles ont vraiment cette vérité-là. On le sent dans leurs chansons. Ce sont deux belles personnes aussi, humainement. Ingrid, elle est super! Elle est tellement empathique, tellement humaine. C’est une perle, cette femme-là. Vraiment une belle rencontre cette année!

Peux-tu nous parler un peu des liens que tu as créés avec les autres candidats et candidates ?
Moi, dans la vie, j’ai toujours été one of the boys, je suis tout le temps avec une gang de gars. Édouard, Oli, Jay, ce sont mes trois nouveaux bros! Oli, pour vrai, il est tellement drôle ce gars-là. C’est facile d’être léger, autour de lui. J’ai vraiment tissé des liens forts! Avec Édouard, on était vraiment des bons confidents. C’est sûr que je vais re-chiller avec Édouard! Si non, chez les filles, j’étais vraiment proche d’Audrey-Louise. Mais en même temps, on est proches de tout le monde. Il y a des affinités qui se forment plus avec certaines personnes, mais quand même!
Tu as passé plusieurs semaines à l’Académie. Peux-tu nous partager ton moment préféré ? Cela peut autant être sur le plan personnel que professionnel.
Sur le plan professionnel, je dirais notre rencontre avec Sam Breton. C’est arrivé à un moment, au début, où notre confiance était un peu fragile avec les post mortems; on se faisait dire beaucoup de choses. On se faisait parler de plis qu’on a pris avec les années et qu’on devait défaire… Notre confiance était fragile, puis lui, il est arrivé comme un cheveu sur la soupe en nous disant « soyez vous-mêmes, soyez vrais ». Il nous a fait un bon pep talk, ça m’a fait du bien au début de l’aventure!
Si non, sur le plan personnel, je pense que mon breakdown que j’ai eu il y a deux semaines et la façon dont je m’en suis relevée… On dirait que j’ai appris à utiliser ma fatigue comme un avantage, comme un levier pour l’interprétation, au lieu de juste me descendre moi-même parce que j’étais fatiguée. Quand j’ai fait « Croire en rien » de Louis-Jean Cormier, j’avais dormi deux heures cette nuit-là. J’étais complètement arrachée, fatiguée, mais ça m’a enlevé des barrières et j’étais comme plus vulnérable. Ça m’a permis d’interpréter encore mieux la chanson.
C’est vrai que c’était bien de voir comment tu t’es relevée de ce breakdown. Je pense qu’on était plusieurs à s’inquiéter pour toi!
En plus, comme je suis vraie, on dirait que j’en parlais beaucoup, alors tout le monde au Québec savait que j’avais un breakdown (rires)! Ça a beaucoup paru, mais pour vrai, je suis fière de la façon dont j’ai remonté. Maintenant, je suis autant fatiguée qu’il y a deux semaines, mais je me suis dit « regarde, la fatigue, c’est mental, gère-toi, ma belle! » (rires)

Y a-t-il des conseils des professeurs qui t’ont davantage marquée, qui pourront te servir pour le reste de ta carrière ?
Certainement! Les conseils des profs, ce sont vraiment des choses que je mets dans mon baluchon. Par exemple, la prononciation. Quand je chantais, comme je vais beaucoup dans ma musicalité, je prononçais mal parce que je ne pensais pas assez à mon mot, avant. Les profs m’ont vraiment montré à penser aux mots, à vraiment bien prononcer. Pour avoir écouté ma prestation d’hier, je trouve que j’aurais pu encore plus prononcer. C’est donc un travail qui est en cheminement. Aussi, je faisais beaucoup de faces au début. Ça, c’est quelque chose que je ne savais pas avant de faire cette aventure-là. Je fais des grimaces quand je chante, je ferme un œil, je lève la tête, je dandine ma tête… J’ai appris à plus me gérer. J’ai beaucoup chanté devant un miroir. Quand j’ai regardé ma prestation d’hier, j’ai trouvé que c’était moins pire qu’au début!
Tu as été mise en danger deux fois, et tu as chanté en français à chaque fois. Tu avais également chanté en français au premier gala et lors de ton audition finale. En quoi est-ce important pour toi ?
Le français, c’est quelque chose de vraiment important. C’est ma langue maternelle. C’est là-dedans que je veux composer, aussi. Même si je suis une fille qui parle beaucoup à la montréalaise – je dis beaucoup de mots en anglais – je ne veux pas qu’on perdre notre langue française. Je trouve qu’on dénature beaucoup la langue française. Je ne pense pas que c’est mal nécessairement, mais en même temps je trouve que c’est bien de la mettre de l’avant quand on a une tribune aussi immense que Star Ac.

Justement, si tu t’étais rendue en demi-finale, as-tu une idée de la chanson que tu aurais interprétée ?
Pour vrai, j’ai aucune idée (rires)! Sûrement encore une power balade en français. Si j’avais continué après dimanche, il aurait vraiment fallu que je travaille fort pour trouver une bonne toune. Parce que j’aurais pu faire du Daniel Bélanger au complet… Je le connais par cœur. J’ai fait du Daniel Bélanger pour mes deux premières auditions. J’aurais pu faire ses albums au complet, même dans mes évals!
Avec ce que tu as vu des autres candidats et candidates, qui, selon toi, pourrait gagner Star Académie 2022 ?
C’est sûr que mon bet a changé depuis la semaine dernière (rires)! Là, je pense que ça pourrait se jouer entre trois personnes. Je dirais Éloi, Oli ou Camélia.

Ses deux mots pour décrire l’aventure: intense et enrichissante. Nous souhaitons le meilleur des succès à Marily pour la suite!
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Crédit photo principale: Eric Myre

Samuelle Guimond | Journaliste
Samuelle est une passionnée de musique, de littérature, de télé et de théâtre. Si elle est journaliste pour le média, c’est dans le but de faire briller des artistes d’ici en qui elle croit, principalement à travers des entrevues. Tu pourrais très bien la croiser dans une salle de spectacle aux environs de Montréal!
j ai beaucoup apprécié sa prestation le 20 mars 22., très bonne interprétation d une merveilleuse chanson