
Tournée entièrement dans la région du Lac-Saint-Jean, la nouvelle adaptation du classique de Louis Hémon, Maria Chapdelaine, prend vie au cinéma aujourd’hui (24 septembre). Voici des entrevues réalisées avec Sara Montpetit, Sébastien Ricard, Antoine Olivier Pilon et Robert Naylor lors de la première médiatique Montréalaise.
À la découverte des personnages
Maria Chapdelaine (Sara Montpetit) est une fille de 1910, mais elle représente autant les femmes d’avant que les femmes d’aujourd’hui. Elle est très simple. Elle a une grande intériorité. Elle peut sembler timide, mais ça correspond à l’étiquette paysanne de l’époque. Comme elle a une grande présence à l’intérieur d’elle, elle n’a pas besoin de le démontrer par l’extérieur. Dans le film, elle doit prendre une décision pour son destin avec trois prétendants qui cognent à sa porte.
Samuel Chapdelaine (Sébastien Ricard) est le père de famille. C’est un agriculteur et un pionnier. Il est extrêmement vaillant et courageux comme tous ceux qui ont fait ce métier. C’est un homme qui est partagé entre son amour de la terre et son désir de toujours aller plus loin dans la forêt. « Il y a une tension que je trouve très belle et qui est, à mon avis, rend le personnage encore plus attachant. C’est donc le père de Maria », révèle l’acteur qui avoue que c’était son rôle préféré dans l’œuvre de Louis Hémon.
Eutrope Gagnon (Antoine Olivier Pilon) est le plus proche voisin des Chapdelaine. C’est un jeune homme très timide et poli. Il a une douceur qui l’accompagne. Il suit à la lettre le protocole de l’époque. Par exemple, il ne s’assoit pas avant qu’on lui permette de le faire, il enlève son chapeau quand il rentre dans la maison des Chapdelaine et il essaie de ne pas trop parler. Les valeurs d’Eutrope représentent la continuité des Chapdelaine.
Lorenzo Surprenant (Robert Naylor) arrive de loin pour tenter de récupérer Maria. Il a fait un long voyage pour vendre sa sauce auprès d’elle. Son désir est qu’elle vienne s’établir à Boston avec lui. Il lui propose quelque chose de différent des deux autres — soient Eutrope Gagnon et François Paradis (Émile Schneider). Comme tout le monde dans ce temps-là, il travaille fort. Il n’a pas une terre, mais il travaille fort dans les usines. Il est convaincu du style de vie urbain, il offre à Maria un peu de modernité. En même temps, pas exactement puisqu’il lui propose de devenir femme au foyer. « Est-ce vraiment la modernité ? Et lui espère qu’il pourra persuader Maria d’accepter ça. Les conditions de travail dans la ville n’étaient pas super bonnes non plus. Alors, c’est plus une semblance de modernité qu’un réel mouvement vers le progrès. »
Leur plus grand bonheur de tournage
Sébastien Ricard : « Le fait qu’on soit allé au Lac-Saint-Jean et que l’histoire se déroule là-bas, c’est quelque chose qui m’a fait plaisir. C’est tout le temps agréable pour une équipe de s’isoler dans un endroit, ça fortifie les liens. Tourner avec Sébastien Pilote, un réalisateur que j’admire, ça me fait énormément du bien. »
Robert Naylor : « Revêtir tous ses beaux costumes. Je venais de la ville. Donc, je portais un superbe complet trois-pièces avec la montre qui pendait. C’est toujours le fun de pouvoir totalement se lancer dans une nouvelle époque et un nouveau personnage. Quand tu portes du linge de même et que tu arbores une moustache, ça t’aide à croire en ton personnage. »
Antoine Olivier Pilon : « Aller tourner en région, ç’a été quelque chose de plaisant. C’est comme un long camp de vacances pour adultes. C’est vraiment chouette, ça nous rapproche tous l’un des autres et ça crée des rapports plus forts. On est dans une espèce de bulle encore plus intime que quand on tourne chez nous (par exemple à Montréal). Pouvoir porter un costume d’époque dans des décors aussi beaux, c’est un gros terrain de jeu pour moi. Je trouve ça extraordinaire de représenter ces années-là authentiquement. »
Incarner Maria Chapdelaine
Sara Montpetit a bien saisi le personnage qu’elle allait incarner en lisant le livre de Louis Hémon et en regardant les adaptations. Mais, c’est plus tard qu’elle a compris l’importance de Maria Chapdelaine au sein de l’histoire du Québec. C’est vraiment une figure mythique dans certaines régions et dans certaines familles, dit-elle.
Pour son rôle, la jeune actrice a dû travailler sa posture pour bien représenter les gens de l’époque. « Maria a beaucoup de choses sur les épaules, elle doit être tout le temps droite. Alors, j’ai travaillé mon dos et ma posture. », mentionne celle qui avoue se reconnaître dans son personnage par son intériorité et son côté très superstitieux.
Quelle serait la vocation de leur personnage s’il avait vécu en 2021 au lieu de 1910 selon eux ?
Sara Montpetit : « Elle serait pareille. On a tendance à penser que les femmes de l’époque étaient hyper différentes, mais je crois qu’elle serait une femme comme n’importe quel autre. J’aime penser que Maria, c’est un peu ma mère, ma sœur et ma grand-mère. On a tendance à essayer d’imposer à Maria un féminisme, elle fait juste être libre dans sa manière d’être. »
Sébastien Ricard : « Ça serait quelqu’un qui aurait certainement une dévotion comme celle de mon personnage. Je ne sais pas quel métier il ferait, cela dit. Peut-être un agriculteur, pourquoi pas ? Ce n’est pas un boulot facile encore aujourd’hui. Ça prend une foi assez extraordinaire pour faire ça. »
Antoine Olivier Pilon : « Ce serait un gentleman et une personne qui travaille extrêmement fort. C’est quelqu’un de physique définitivement. Il y a une humilité qui l’habite. Il serait peut-être un pompier. »
Robert Naylor : « Ça serait un individu qui travaille au centre-ville dans une firme d’avocats. Lorenzo ne souhaitait pas nécessairement faire partie de l’élite de la société, mais il ne voulait pas vivre comme ses ancêtres. Je pensais qu’il aurait poussé encore plus loin. »
Photos du tapis rouge
Synopsis
En 1910, Maria Chapdelaine, une jeune fille de dix-sept ans, vit avec sa famille aux abords de la rivière Péribonka au nord du lac Saint-Jean. Les Chapdelaine travaillent sans relâche pour repousser toujours plus loin les limites de la forêt. Là où les difficultés du quotidien s’arriment avec la délicatesse d’une vie familiale chaleureuse, Maria, forte et pleine d’espoir, se retrouve devant des dilemmes de taille. François Paradis, un ancien voisin de la famille qu’elle aime depuis son enfance, devenu coureur des bois et guide pour les étrangers, lui fait la promesse de revenir au printemps pour l’épouser. Mais le printemps se fait attendre, et deux prétendants vont alors se manifester. Lorenzo Surprenant, un jeune exilé qui travaille dans les « factries » du Massachusetts, offre à Maria de le suivre aux États-Unis, et Eutrope Gagnon, leur vaillant voisin, lui propose de défricher les lots de terre qu’il a pris tout près de ceux des Chapdelaine. Maria, poussée dans le monde adulte, devra soudainement choisir son avenir de femme.