
Après avoir fait frissonner les gens réunis au Marie-Louise de Montréal les 6 et 20 septembre ainsi que le 4 octobre, la nouvelle boîte à chansons La chansonnière n’a pas de nouvelles dates prévues à son agenda. Toutefois, ça ne veut pas dire pour autant que le projet se conclut. Les deux concepteurs, Mathilde Duval-Laplante (productrice et directrice artistique) et Jeffrey Bernier (directeur de production) se sont livrés à nous pour parler de leur expérience tant professionnelle que personnelle ainsi que de leurs aspirations.
Après avoir entendu que l’Espace St-Denis serait restructuré (avec la venue du Studio-Cabaret, Le Molière par Mousso; mais spécifiquement Le Marie-Louise), Mathilde Duval-Laplante s’est informée à savoir s’ils avaient pensé à faire une place pour les auteurs-compositeurs-interprètes. « Ça fait une dizaine d’années que je préparais le pitch que j’ai fait parce que je m’étais rendu compte en tant qu’autrice-compositrice-interprète que quand j’essayais de me produire, c’étaient toujours des soirées à perte. C’était difficile d’aller chercher des gens pour remplir la salle. Et dans ce métier; si on veut espérer intéresser un bookeur professionnel, il faut avoir fait nos preuves. Il y a quelque chose qui ne marchait pas. »



Après avoir créé le projet et avoir eu une rétroaction positive de l’Espace St-Denis, Mathilde a commencé à le développer en compagnie de son complice et ami Jeffrey Bernier. Le tandem a travaillé ensemble sur le logo, la formule et la direction artistique. « Pour moi, La chansonnière est vraiment un lieu de rassemblement et de diffusion pour les artistes indépendants; ça dépasse la mission de la découvrabilité de la relève. Il y a beaucoup de concours de la relève pour ça. Je connais des artistes de 40-50 ans et plus qui ont un message très fort et de magnifiques chansons, mais qui n’ont pas d’espace pour les présenter. Même si sur internet il y a de l’espace et que ça n’a jamais été aussi facile de se diffuser, la toile crée aussi beaucoup de bruit et d’interférence parce que tout le monde peut le faire. Comment est-ce que tu parviens à te faire entendre et te démarquer du lot? », s’exclame-t-elle.
Mathilde Duval-Laplante et Jeffrey Bernier





Un exemple révélateur
Justement, Jeffrey a lancé son premier extrait en carrière, intitulé Ce qu’il me manquait, le 1er septembre dernier en route vers son premier EP. Il avoue humblement que sans La chansonnière, il n’aurait jamais pu se permettre de faire un spectacle. « Faire un spectacle, c’est prendre un risque. Avoir l’occasion de faire mes propres chansons avec des musiciens, je ne me serais pas payé ça pour moi tout seul. La chansonnière est comme un contexte pour dire que j’ai des chansons, je vais les faire entendre et je vais les performer », avoue celui qui faisait partie de la brochette d’invités du 4 octobre dernier en compagnie de Frédérique Mousseau et Guillaume Laroche.
Frédérique Mousseau et Guillaume Laroche




Un Bordel musical ?
Mathilde aime particulièrement ce concept de boîte à chansons étant donné qu’il n’a pas nécessairement d’artistes en vedette comme dans une salle traditionnelle de spectacles. Ce qu’elle veut plus que tout, c’est de vendre l’expérience avant toute chose. « Le Bordel Comédie Club a été une inspiration pour nous. Les gens qui achètent un billet pour aller au Bordel savent qu’ils passeront une belle soirée. Ils savent qu’ils découvriront, passeront une soirée de qualité et partiront le cœur en vie », dit-elle tandis que son partenaire ajoute qu’il aimerait idéalement ne pas avoir à dévoiler les artistes qui s’exécuteront afin que ce soit une surprise chaque fois.
Après avoir présenté trois événements (avec sept personnalités musicales différentes) de La chansonnière au Marie-Louise, le duo croit dur comme fer à leur projet. « On sait que le concept marche. Il y a un besoin pour notre communauté d’auteur-compositeur-interprète, mais aussi auprès du public qui veut aussi avoir un lieu pour aller voir ces gens-là et vivre ce concept en toute intimité », explique Mathilde qui souligne avoir reçu presque 100 appels d’artistes, soit l’équivalent de 50 éditions.
Mathilde Duval-Laplante



« Je me sens dotée d’une responsabilité morale avec toutes les applications qu’on a eues. Je ne peux pas vendre de faux rêves à ces artistes qui ont des choses à dire et qu’on doit faire entendre. Au Marie-Louise, on a rencontré toutes sortes de défis, mais on ne s’est jamais laissé tomber. Ma motivation, c’étaient les artistes. Je ne peux pas arriver avec une belle idée comme celle-là et les abandonner », confie-t-elle.
Comme complément d’information, Jeffrey rappelle que le projet est fraîchement neuf et que le concept est en constante évolution depuis. « Quand tu veux que ça marche, tu mets les pions pour que ça fonctionne, tu y vas et tu le fais. On a appliqué ça, on a travaillé en équipe et on a accompli beaucoup en peu de temps (depuis avril). »
Jeffrey Bernier


La chansonnière sur la route ?
Après trois éditions réussies, les deux amis réfléchiront avec comme objectif de développer le projet comme une entreprise pour leur permettre de faire le plus d’éditions que possible et de répondre à la demande. « Idéalement, on se promènerait au Québec. On a envie de devenir comme Les soirées canadiennes, mais de la chanson. Quand on débarque dans une ville, c’est l’événement où l’on présente les meilleurs talents », dévoile Mathilde.
Citations en vrac …
« À chacune des éditions de La chansonnière, on fait des entrevues. On essaie de faire connaître l’univers de l’artiste. Je pense que ça crée la qualité d’écoute exceptionnelle qu’on a. Ce n’est pas juste d’écouter les tounes de l’artiste. Ce sont des soirées riches. Je n’en reviens pas de la qualité d’écoute du public qui était là pour nous découvrir et nous soutenir. C’est très précieux de se sentir écouté, entendu et compris. »
– Mathilde Duval-Laplante.
« On souhaite mettre tous les types d’artistes aussi (dans la brochette d’invités). On veut faire des paires et des trios qui fonctionnent en tant que direction artistique. On veut créer des complicités entre les différents auteurs-compositeurs. Je pense que notre rêve dans tout ça est d’unir tout le monde. On souhaite faire découvrir de nouveaux talents au public, mais aussi que les artistes se découvrent entre eux. Notre objectif serait de les unir et de les rassembler comme dans une communauté, et ce sans esprit de compétition. »
– Jeffrey Bernier.
Pour conclure, Mathilde réitère ce que son complice a dit en affirmant que les artistes ne sont pas en compétition, mais au contraire. « On est une communauté et c’est ce que La chansonnière représente. On milite aussi pour une meilleure reconnaissance de la communauté d’artistes indépendants. On est tous égaux, tout simplement. »
Quels sont les plans d’avenir pour La chansonnière selon leurs souhaits?
- Une réflexion pour s’assurer de la pérennité du projet;
- Répondre aux besoins des artistes indépendants et du public;
- Une tournée avec des événements un peu partout au Québec;
- Revenir au Marie-Louise, pourquoi pas;
- Une bonne présence en ligne;
- Un podcast, pourquoi pas;
- Des associations avec des maisons de production; Une émission de télévision, qui sait ?
Prestations musicales















Quels sont les plans d’avenir pour Mathilde Duval-Laplante (outre La chansonnière) ?
- Sortir son nouvel album (son meilleur disque selon elle) tout en impliquant ses fans à chaque étape du processus;
- Des opérettes au Marie-Louise d’ici la fin de 2023;
- Décrocher de nouveaux rôles à l’opéra.
Quels sont les plans d’avenirs de Jeffrey (outre La chansonnière) ?
- Sortir son EP d’ici quelques mois;
- De nouveaux projets seront annoncés prochainement au Marie-Louise.
Personnalités artistiques présentes
Notons la présence de Audrey-Louise Beauséjour, Cassandra Montreuil, Devi Julia Pelletier, Klara Martel-Laroche entre autres.









Frédéric Lebeuf | Journaliste & Photographe
Grand passionné de musique rock, metal, metalcore et post-hardcore, Frédéric adore assister à des concerts de ses artistes préférés qui gravitent autour de son palmarès hebdomadaire. Passionné de lifestyle et de télévision, il reste à l’affût pour couvrir des événements de tout genre. Son premier album qu’il a acheté est Americana de The Offspring.