
ELBOW
Flying Dream 1 (★★★★★)

Pendant que la pandémie force à prendre poussières toutes les salles de spectacles du monde, le quatuor Elbow s’offre un des plus beaux, le Théâtre Royal Brighton (un vieux monument de 200 ans) pour donner la vie à son neuvième album dans chacune des pièces où l’acoustique est à couper le souffle.
Après le très orageux Giants of All Sizes (2019), le groupe anglais s’offre un univers plus épuré dans ses arrangements de rock. Voici Flying Dream 1, 10 pièces dans une musique alternative qui chatouille la pointe des pieds et qui carbure à la nostalgie sur des notes entre le jazz frémissant, le rock chatoyant et le progressif agile qui s’installe plus lentement dans votre esprit, mais une fois faite, l’expédition est romanesque et de toute beauté.
Avec cet album écrit à distance lors du lockdown, le claviériste Craig Potter produit avec la bande un album dans lequel on délaisse les arrangements rock raboteux et orchestral pour laisser place à une collection de ballades moelleuses et réconfortantes creusées dans des rythmes introspectifs et intimistes qui nous ramènent dans une époque entre Talk Talk, Van Morrison et Peter Gabriel.
Guy Garvey et ses comparses nous emportent dans des chansons irrésistibles qui explorent un hommage au musicien et ami de Manchester Bryan Glancy, celui qui également inspiré l’album phare de Elbow The Seldom Seen Kid (2008), les souvenirs de l’adolescence, la nostalgie des hivers en famille, Superman, la vie et son courant trop vite et le pouvoir de l’amour.
Sur le plan des arrangements, Elbow va dans une approche plus texturée et tendre sur des hymnes moins vifs et davantage planants de la clarinette, une batterie brossée, des synthés enveloppants, des guitares qui effleurent lentement les mélodies qui coulent furtivement comme des pas dans la neige, des envolées de pianos magistrales et des choristes pour dessiner des territoires vastes là où le vent est d’un calme inspirant.
Comparativement au rituel de créativité du groupe, cette fois on change la méthode
en plus d’y avoir sur la voix de Guy posée, flottante et dépouillée. Le chanteur nous prouve qu’il est un parolier architectural et incomparable depuis trois décennies. Bien que je les aime quand ils sont plus rock aventureux, les membres d’Elbow vous attrapent par le cœur dès la première note de ce grand récit.
Flying Dream 1 est une œuvre minimaliste, empathique et douce. C’est beau de partout quand on laisse nos repères se perdre et vivre l’expérience des berceuses d’Elbow à son paroxysme.
Chansons favorites :
- What Am I Without You
- Six Words
- The Seldom Seen Kid
- Flying Dream 1
- Is It a Bird
- The Only Road
- Red Sky Radio (Baby Baby Baby)