
Dors avec moi, disponible dès maintenant sur la plateforme ICI TOU.TV, est une nouvelle série télévisée qui comprend huit épisodes d’une dizaine de minutes chacun.
Sophie Cadieux, qui a eu la gentillesse de nous accorder une entrevue, y tient le rôle de Laurence. Une mère de famille qui voit sa vie basculer à la suite de la mort de Camille, sa fille. Survenue il y a un an, cette noyade accidentelle est venue bouleverser le quotidien de cette femme qui peine maintenant à vivre sans son enfant. Essayant de la sortir du gouffre dans lequel elle s’enfonce de plus en plus, son mari tentera de l’aider. Sans succès.
Comment décrirais-tu ton personnage ?
Mon personnage de Laurence est une mère qui a perdu sa fille de façon tragique. On la retrouve un an plus tard, après le décès de Camille, encore dans un processus de deuil. Dans une incapacité d’aller de l’avant, de retourner travailler ou même de faire de la place à autre chose, elle se situe à un point critique où elle en vient à se demander si son enfant n’est pas de retour. Donc c’est un peu la prémisse. Et elle vit aussi un choc avec son mari (le père), sa meilleure amie et ce côté paranormal de l’existence.
Quels aspects de la série t’ont poussé à accepter ce contrat ?
Quand j’ai lu le scénario, je trouvais que c’était très intelligent. C’est écrit avec beaucoup de délicatesse et de sincérité. Ce que j’aimais aussi, c’est qu’on allait justement traiter un drame psychologique, mais qui flirtait avec l’horreur. C’est un genre qu’on touche rarement ici, au Québec.
Est-ce qu’il y avait des difficultés supplémentaires comme c’est un jeu très psychologique ?
Oui, et pour moi c’était un très beau défi que cette économie de mots. Ça veut dire qu’il faut vraiment avoir une espèce de parcours, où tout le chemin, tout ce que Laurence traverse doit apparaître aux téléspectateurs. Il y avait une confiance à rester dans le silence et à errer dans cette maison qui est un peu sans âme depuis le décès de l’enfant. Donc pour moi, ça s’est avéré un beau défi et un beau travail que de me prêter à ce genre de jeu avec Charles Grenier, le réalisateur.
Justement, comment t’es-tu préparée pour jouer cette femme désemparée ?
Comme c’est un projet qui devait avoir lieu il y a quelques années déjà, au début de la pandémie, et qu’on a remis et remis, on dirait que l’histoire a grandi en moi. Sinon, j’ai lu sur le sujet du deuil. Je me suis aussi entretenue avec des gens qui ont perdu des êtres chers et qui me parlaient sans du tout être ésotériques. Ils m’ont parlé de ce que sont la disparition et le deuil. Il y a tellement d’étapes, mais aussi de moments où tu fais : on dirait que cette personne est encore présente… Pourquoi son chandail est là ? Pourquoi il y a encore toutes ces choses, comme des signes un peu. Donc pour mon personnage de Laurence, cette présence est devenue très importante. Penser que dans la maison il y a encore quelque chose de l’enfant, mais est-ce que c’est de l’ordre de la fabulation ou vraiment une réelle présence ? C’est ça la frontière qu’on caressait dans la série.
Quelle est ta scène, ou ton moment préféré et pourquoi ?
Je pense qu’en tournant cette série qui était vraiment exigeante et où nous étions beaucoup dans la tension, la peur, le tragique de l’émotion, il y a eu des moments où nous faisions des retours en arrière. Tous les moments avec la petite Emma où on était dans la danse et la joie. J’avais accès à cette simplicité parmi des scènes plus exigeantes à jouer. Ce trio familial m’apaisait alors beaucoup.
En terminant, craignais-tu de ne pas être à la hauteur d’un sujet aussi sensible que la mort d’un enfant ?
Je ne voyais pas ça comme être à la hauteur ou pas. Ce que je souhaitais c’était de pouvoir amener le public dans la tête de cette femme. C’était vraiment le défi que nous avions. J’avais aussi confiance que toute l’ambiance que créerait l’équipe technique serait à point. Mes partenaires de jeu, le directeur photo et le réalisateur se sont vraiment appliqués à faire des images des cadres, une ambiance, la musique et vraiment un personnage dans la série donc je me suis vraiment laissée porter à faire partie d’un ensemble qui allait créer cette mélancolie. Et aussi ce désespoir, cette tragédie sans fond.