
C’est quoi la rectitude aujourd’hui? C’est la question que Catherine Léger aborde avec humour dans son adaptation libre et contemporaine du film des années 70, Deux femmes en or. Jusqu’au 20 mai, avec supplémentaires en décembre 2023, l’autrice amène gaiement sur les planches de la Licorne une transposition théâtrale de l’œuvre cinématographique de Claude Fournier et Marie-Josée Raymond. Un feu roulant de situations cocasses jouées avec talent par les deux comédiennes Isabelle Brouillette et Sophie Desmarais.
Quand la libido n’y est plus
Deux voisines trentenaires, Violette (Sophie Desmarais) et Florence (Isabelle Brouillette) s’ennuient dans leurs condos situés dans un secteur écoresponsable en banlieue. L’une est en congé de maternité et l’autre en arrêt de travail. Cette dernière a décidé d’arrêter de prendre ses antidépresseurs.
Tout commence par un cri que seule Violette entend. Elle se rend chez sa voisine Florence pour élucider la question.
Au fil de leurs rencontres, les deux banlieusardes se rendent à l’évidence. Elles n’ont plu de libido. Elles s’emmerdent avec leur conjoint.
« Une panoplie infinie de ravissements »
Subjuguées par un extrait de l’essai de l’ex-politicienne Catherine Dorion, dans lequel il est écrit «une panoplie infinie de ravissements », elles concoctent un plan pour en finir avec leur ennui sexuel, question de swinger un peu.
Elles ont alors recours à divers stratagèmes pour se lancer dans des aventures amoureuses et faire exploser leur vie. Elles ont le diable au corps, pour reprendre une vieille expression québécoise.
Les planches vs le film
Catherine Léger a repris l’ossature du film qu’elle a remis au goût du jour.
Pour mener à bien et actualiser le scénario, elle se sert avec finesse des éléments contemporains tels que #metoo, Facebook, sites de rencontres, Kijiji, etc. Les femmes ne sont plus des ménagères au foyer comme dans les années 70, mais plutôt dans une pause maternité ou de maladie.
Tout au long de la pièce, l’autrice utilise l’humour comme c’était le cas dans le film. Les répliques sont savoureuses et jouées avec énergie. Avec une mise en scène sobre et bien réglé qui convient totalement au texte de la dramaturge, Philippe Lambert réussit à nous faire oublier le film.
Une distribution parfaite
Sur scène, les cinq comédiens évoluent autour et sur un lit gigantesque qui a une importance majeure et qui donne ainsi le ton au propos de la pièce.
En plus du rôle du mari de Florence, Steve Laplante incarne l’exterminateur et le nettoyeur de tapis. Quant à Mathieu Quesnel, il se glisse dans la peau de plusieurs personnages: le mari de Violette, représentant pharmaceutique qui trompe sa femme avec Miss Youtube (Charlotte Aubin), le gars du câble, un acheteur sur kijiji, le gars de Bell.
Une distribution parfaite et harmonieuse. On aurait pu choisir meilleurs comédiens pour camper ces personnages. Leur jeu adroit fait rire le public a maintes reprises et le captive en même temps.
On rit bien sûr sur les travers de l’humain du Québec et d’aujourd’hui, mais on se questionne également sur le rôle des femmes dans la société et leur liberté sexuelle en 2023.
Allié le rire aux réalités et enjeux de notre société, voilà une recette gagnante!
Deux femmes en or jusqu’au 20 mai
Production de La Manufacture, Deux femmes en or est à l’affiche de la salle Grande Licorne jusqu’au 20 mai, avec supplémentaires en décembre 2023.
Les billets se vendent à la vitesse grand “V”, il ne reste que quelques billets pour certaines représentations.
Adapté du scénario de Claude Fournier et Marie-José Raymond
Texte : Catherine Léger
Mise en scène : Philippe Lambert
Avec : Charlotte Aubin, Isabelle Brouillette, Sophie Desmarais, Steve Laplante, Mathieu Quesnel
Crédit photo : Suzanne O’Neill
Texte : Micheline Rouette