
Clara Luciani a livré ce mardi soir 15 titres de ses deux albums Sainte-Victoire (2018) et Cœur (2021), dans la salle montréalaise, en configuration debout, pleine à craquer. L’artiste a habité la scène, se déplaçant en glissant et sautillant avec ses longues jambes, toujours avec grâce, le sourire en prime. Ses admirateurs ont répondu envoutés à toutes ses demandes de chorégraphies levant les bras, tapant des mains ou des pieds. Avec en cadeau un duo émouvant avec Pierre Lapointe.
Clara Luciani s’est présentée vêtue d’un haut à manche courte noir à point blanc et d’un pantalon beige patte d’eph, sous les battements pour chanter Cœur, puis Amour toujours, deux titres doux.
« J’ai rêvé à vous pendant la pandémie. Très heureuse de venir vous voir. »
C’est à partir de Nue, où elle est sur le devant avec ses deux guitaristes, que le public s’est réveillé, tapant dans les mains et sautant, dans une ambiance festive qui demeurera jusqu’à la fin, puis viendra dans la même veine la rythmée Comme toi.


Avant d’interpréter Tout le monde (sauf toi) puis Le chanteur, la native de Martigues n’a pas manqué de faire une pointe d’humour : « Pendant la pandémie, nous avons eu deux années de drague très difficiles […] Si vous voulez conclure, c’est maintenant ».
« Une journaliste m’a demandé en rentrant de Paris quel est le souvenir que je prendrai dans ma valise. J’ai répondu que je ramènerai un ami qui m’a manqué », avant que Pierre Lapointe ne vienne la rejoindre sous des applaudissements nourris, pour le duo qu’ils ont coécrit, Qu’est-ce qu’on y peut. Un moment d’émotion suspendu, leur voix se mariant à merveille, sobrement accompagnés au piano par Alban Claudin.


Pour Sad & slow, en l’absence de Julien Doré, c’est l’un des musiciens, le bassiste Pierre Elgrishi, qui a repris le flambeau avec brio, encouragé par les mouvements de vagues de la foule.
Se sont enchaînés ensuite ses plus grands tubes comme La baie, Le reste ou La grenade, repris en cœur par tout le MTELUS, et qui ne feront pas retomber l’ambiance électrique.
« Tellement bien ce retour à la vie, à la culture. Je voudrais vous voir transpirer et… Respirer encore », chanson dont les paroles collent à l’actualité : l’immobilité forcée, ce soir la vie va recommencer.
Lorsqu’elle revient pour le rappel, acclamée pendant de nombreuses minutes, elle ne manque pas d’ironie encore une fois : « J’aimerais bien chanter avec vous toute la nuit, mais je n’ai que deux albums ! » avant de conclure, seule avec sa guitare (qu’elle a dû faire raccorder), sur un très émouvant titre de ses débuts, Drôle d’époque.


Clara Luciani a conquis Montréal, cette fois-ci en tête d’affiche. Il faut dire aussi que la chanteuse, dotée d’une aisance scénique, maîtrise sa voix à merveille dans les graves comme les aiguës, d’une façon déconcertante. Sans être une rockeuse, avec son style, elle a une capacité à transcender ses fans. Et que dire de ses habituels musiciens – Mathieu Edward (Batterie), Alban Claudin (Claviers), Benjamin Porraz (Guitare) et Pierre Elgrishi (Basse) – impeccables de bout en bout, sans un accroc.
Écouter et voir Clara Luciani, à la joie contagieuse et naturelle, cela fait tellement de bien. « Je suis bien, je suis bien, je suis bien », dit-elle.


Photos : Victor Diaz LAmich (Francos de Montréal)