
Bébé, on remplissait son biberon d’alcool afin qu’elle soit plus calme. Lui arrive ensuite un drame qui viendra influencer la suite de sa vie. La fuite dans la boisson, pour ne pas ressentir, pour se cacher de ses émotions. Le fameux cercle infernal du sexe, drogue et Rock&Roll. C’est le côté très intime de cette chute abyssale où l’on s’auto-mutile à coups de 24 et de shots de vodka et l’espoir de pouvoir enfin se dire qu’on est libéré de ses démons qu’on nous présente.
C’est dans un langage à la fois cru et poétique que l’autrice raconte sa vie à travers la lentille de la bouteille. Le propos est chargé en émotions mais le texte est d’une rare lucidité et sans aucune complaisance, écrit avec beaucoup d’humour et d’autodérision. C’est un texte qui fait réfléchir sur notre rapport à l’alcool et la place qu’il occupe en société. Même si le sujet est dur, la pièce, elle, est légère et aucunement moralisatrice. On rit ferme tout en réfléchissant.
Cette histoire, c’est aussi l’histoire de tant de gens. Et c’est pour cette raison que cette pièce ne nous laisse pas indifférent. Il y a un peu de chacun de nous dans ces mots livrés par Ariel Charest, qui, seule sur la scène est brillante et lumineuse. Elle porte ce texte avec une aisance désarmante. Elle joue avec candeur et justesse. On en aurait pris encore des heures.
Sans vouloir faire de jeu de mots, la mise en scène est sobre. Comme seuls éléments scéniques, un micro et un tabouret. La scène dépouillée fait écho à cette mise à nu sans artifice et lucide du personnage. Ce qui laisse toute la place au texte et à l’immense talent d’Ariel Charest.
S’aimer ben paquetée
Une production de La Bordée en codiffusion avec La Manufacture
Dans un texte de Cristina Moscini
Mise en scène par Pascale Renaud-Hébert
Interprétée par Ariel Charest
À l’affiche au Théâtre La Licorne jusqu’au 24 novembre
Texte : Tania Lamoureux
Crédit photo : Nicola-Frank Vachon