
Le théâtre documentaire a la cote en ce moment. Les Productions Porte Parole, la compagnie cofondée par Annabel Soutar et spécialisée en la matière, présente d’ailleurs deux pièces chez Duceppe cette saison. Plus tôt cet automne, le public a pu assister à Tout inclus de François Grisé, où l’on abordait la vieillesse et la fin de vie. Une seconde production vient de prendre l’affiche. Présentée jusqu’au 18 décembre, Rose et la machine de Maude Laurendeau raconte le parcours du combattant d’une mère dont l’enfant reçoit un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme.
Injustices et absurdités du système
Ce genre théâtral permet, entre autres, de dénoncer les injustices et les absurdités du système.
C’est exactement ce que fait Annabel Soutar depuis un bon moment.
Maude s’est donc rapidement tournée vers elle après le diagnostic de Rose lorsqu’elle a constaté à quel point il s’avérait difficile d’aller chercher de l’aide et des ressources.
La dramaturge l’a armée d’une enregistreuse et lui a fourni les outils nécessaires pour mener son projet à bien.
Rose et la machine – Un projet de longue haleine
Puis, trois ans après le début des démarches, Rose et la machine a finalement vu le jour.
Sur scène, Maude, qui interprète son propre rôle, est accompagnée de Julie Le Breton.
Ce choix n’est pas fortuit puisque, outre le grand talent de la comédienne, c’est aussi la marraine de Rose.
Comme ce sont des émotions qu’elles ont toutes deux vécues, il va sans dire que leur jeu est juste et touchant.
Julie démontre encore une fois sa grande polyvalence en interprétant tout le reste des personnages, passant aisément du travailleur social à la personne autiste.
Scénographie brillante de symbolisme
La scénographie brillante de symbolisme illustre très bien le propos.
Les lignes tracées au sol représentent leur chemin au travers les dédales de la bureaucratie.
Les nombreuses boîtes faisant partie du décor évoquent les cases dans lesquelles on essaie de faire entrer Rose.
La maison surélevée laisse entendre que Maude et Rose se sentent coupées d’un système qu’elles peinent à intégrer.
Puisque le théâtre documentaire sert aussi à se mettre dans la peau des personnages, les éclairages et l’ambiance sonore ont aussi été mis à profit.
Les sons et la lumières ont été exagérés pour nous permettre de ressentir ce qu’un autiste en surcharge sensorielle peut vivre.
Illustrer une réalité complexe et méconnue
Enfin, Rose et la machine remplit très bien sa mission d’illustrer une réalité qui est encore complexe et méconnue de plusieurs.
Le spectacle étant le reflet de la réflexion de son autrice, il comporte beaucoup de zones de lumière.
Jusqu’au 18 décembre
Création et production de Porte Parole, Rose et la machine est à l’affiche du théâtre Duceppe jusqu’au 18 décembre.
À voir pour se familiariser avec le sujet en laissant notre vision de neurotypique de côté un moment.
Dramaturgie : Annabel Soutar
Mise en scène : Édith Patenaude
Interprétation : Maude Laurendeau, Julie Le Breton
Crédit photos : Dany Taillon
Texte : Nancie Boulay