
Le Théâtre Prospéro aborde de front le thème de la violence conjugale avec Poings. Jusqu’au 6 mai, ce puissant texte de Pauline Peyrade mis en scène par Gaétan Paré nous permet d’entrer dans la tête d’une victime.
Écouter sa petite voix
Un soir de rave party, Moi rencontre Lui. Rapidement, une peur s’installe chez elle.
Or, Moi décide d’ignorer cette voix qui lui crie de partir. C’est cette incapacité d’agir qui donnera naissance à Toi, une altération de Moi, une sorte de double qui exprime tout haut ses pensées les plus profondes.
Poings raconte leur histoire d’amour toxique en cinq étapes charnières, de la rencontre du couple jusqu’à leur rupture.
Après la scène initiale, Moi revisite les souvenirs traumatiques d’une agression dont elle a été victime.
Puis, on est témoins de la manipulation et des micro-agressions qu’elle subies au quotidien. Celles-ci s’enchaînent, toujours vertement commentées par Toi, jusqu’à ce que Moi trouve finalement la force de fuir.
Un texte percutant
Poings dénonce l’imprégnation quotidienne de la violence et la domination qui se joue à l’abri des regards.
Pauline Peyrade démontre habilement la façon insidieuse dont la violence s’installe dans une relation. Son texte lui a par ailleurs valu le Prix Bernard-Marie Koltès du TNS en 2019.
Une mise en scène originale
Puisque les personnages se croisent dans un rave party, l’utilisation des effets stroboscopiques était tout à fait prévisible.
Or, Gaétan Paré a eu l’idée plus inusitée de les réemployer dans une scène de viol. Ceci crée un effet de bribes de conscience de la victime mais sert aussi à accentuer la distance entre elle et son bourreau.
Une distribution impressionnante
Le jeu de Francis-William Rhéaume est si convaincant qu’on ressent très rapidement de la colère envers son personnage.
Jade-Măriuka Robitaille et Zoé Tremblay-Bianco ne sont pas en reste. Elles nous font vivre toute une gamme d’émotions dont beaucoup d’empathie envers cette femme qui essaie de se sortir de cette situation insoutenable.
Une œuvre poignante
La pièce est d’une durée d’une heure, que le spectateur passera en grande majorité sur le bout de sa chaise. On se demande quand Moi aura enfin la force de quitter. Et quand elle ose enfin, c’est toute la salle qui retient son souffle.
Poings jusqu’au 6 mai
Création de Opera Omnia, la pièce Poings tient l’affiche de la salle intime du théâtre Prospero jusqu’au 6 mai.
Texte : Pauline Peyrade
Mise en scène : Gaétan Paré
Avec : Francis-William Rhéaume, Jade-Măriuka Robitaille, Zoé Tremblay-Bianco
Crédit photo : Najim Chaoui
Texte : Nancie Boulay