
Le public du Théâtre aux Écuries est invité à assister à Mononk Jules, une leçon d’histoire bien particulière. Ce premier spectacle solo de Jocelyn Sioui retrace le parcours de son grand-oncle tout en nous faisant découvrir des pans rarement enseignés de l’histoire des Premières Nations.
Le contenu d’une boîte sert de point de départ
C’est en lisant La femme qui fuit d’Anaïs-Barbeau Lavalette que Jocelyn Sioui est tombé sur un passage qui parlait de son grand-oncle Jules. On y relate comment les automatistes avaient appuyé le combat de cet activiste autochtone.
Ce court extrait de deux pages lui donne l’idée d’aller fouiller dans les archives familiales.
Tout ce qui reste des souvenirs de son oncle, tient dans une seule caisse.
C’est le contenu de cette boite qui sert de point de départ au spectacle, mais aussi d’inspiration à la scénographie et d’outils pour imager le récit.
Pour ce faire, il s’appuie sur des archives audio, des projections vidéo, mais aussi du contenu des fameuses caisses disposées sur scène.
On y trouve des personnages en carton à qui l’interprète, qui est aussi marionnettiste, donne vie.
En 1940…
Tout débute en 1940, alors que les hommes en santé sont conscrits, même les Autochtones. Or, ces derniers n’étant pas Canadiens, ils n’ont pas le droit de vote. Pour Mononk Jules, la conscription sans droit de vote, c’est le début de la guerre.
Entre 1940 et 1950, il livre un combat contre le gouvernement canadien pour l’indépendance des Premières Nations. Ceci le mènera jusqu’au sacrifice ultime; une grève de la faim de 72 jours.
Mononk Jules et l’Histoire
Pendant deux heures, Jocelyn nous parle de la vie de son oncle, tout en nous racontant l’Histoire telle qu’elle a été vécue par les Autochtones. Le spectacle est séparé en trois parties : le contexte historique, la vie de son grand-oncle et la chute du héros.
« J’ai découvert comment, par souci de propreté, on se débarrasse des objets les plus gênants. » Ce qui gêne surtout, dans le cas de Jules Sioui, c’est une condamnation pour grossière indécence.
Or, par souci de transparence, Jocelyn a choisi d’aborder le sujet sans détour pour raconter toutes les facettes de l’histoire.
Finesse, intelligence et humour
Mononk Jules reconstitue avec finesse, intelligence et humour le parcours d’un Wendat qui a bousculé l’Histoire canadienne avant de sombrer dans l’oubli collectif.
Jocelyn Sioui y livre une performance empreinte d’une grande sensibilité qui capte l’attention des spectateurs dès le premier instant.
Mononk Jules jusqu’au 6 novembre à Montréal et du 8 au 18 décembre à Québec
Mononk Jules est présenté en codiffusion avec le Théâtre Aux Écuries et Casteliers à Montréal jusqu’au 6 novembre, puis à Québec au Théâtre Périscope du 8 au 18 décembre.
Le récit a également été publié sous forme d’essai aux Éditions Hannenorak.
Mise en scène, auteur, interprète et idéateur : Jocelyn Sioui
Crédit photos : Marie-Julie Garneau
Texte : Nancie Boulay