
Cela fait maintenant vingt ans que le public québécois a découvert la timide Marie-Élaine Thibert qui sortait de sa coquille pour émouvoir tout le monde à chacune de ses prestations à Star Académie 2003, où elle a atteint la finale de l’émission. Depuis, elle n’a pas chômé: elle a fait paraître plusieurs albums solos, en plus de participer à des albums et spectacles hommages pour des artistes de toute la francophonie. Son fanclub est d’ailleurs, encore à ce jour, l’un des plus actifs, qui connaît mieux sa carrière qu’elle-même, selon ses dires! Lors de la réunion spéciale de la première édition, j’ai pu m’entretenir avec la première finaliste de l’édition québécoise du populaire concours pour mon dossier spécial des 20 ans de Star Académie.
On va se le dire : tu fais partie de ceux et celles qui ont une très belle carrière depuis l’émission. Quand tu regardes ce que tu as accompli, qu’est-ce qui te rend le plus fière ?
Je ne sais pas. Je vais avec ce que m’offre la vie, puis il y a toujours de belles choses. Des fois, je ne m’en rends pas compte, puis un autre artiste me dit : « Oh, mon dieu, on va chanter avec l’Orchestre symphonique de Montréal! » Et il est super nerveux, et je réalise que je l’ai déjà fait à peu près 15 fois en 20 ans. Donc, je me rends compte que je suis vraiment chanceuse! Je l’ai fait plein de fois. Et c’est des artistes établies qui me disent ça, des fois.
Aussi, chanter avec Céline Dion, à Las Vegas, sur la scène du Ceasars Palace. Comment tu veux ne pas trouver ça trippant! D’aller faire un vidéoclip avec Chris De Burgh, à Londres. Juste le voyage à Londres, avec l’équipe de tournage. Il y avait la grande roue, et on n’avait pas le droit de filmer et on l’a fait pareil en cachette (rires)! C’était incroyable! Il y a tellement d’affaires, des fois, qu’on ne se souvient même plus! Mon fanclub est très bon pour me ramener des choses en mémoire. C’est juste du beau!
Au contraire, qu’as-tu trouvé le plus difficile depuis ?
Je te dirais quand j’ai eu ma fille. J’ai recommencé à peu près deux mois après sur En direct de l’univers. Je recommençais, j’amenais ma fille à peu près partout avec ma mère. Mais ma fille est née, puis le premier La Voix commençait juste après. À un moment donné, ils t’appellent moins parce qu’ils pensent que tu es encore enceinte ou que tu es juste maman. J’avais trouvé cette année-là assez difficile. Je me disais qu’il y avait tellement de beaux nouveaux talents qui arrivaient et que peut-être que ce n’était plus ma place et qu’il fallait que je laisse ma place. Finalement, ça a toujours continué.
Évidemment, il y a aussi eu la pandémie, qui a été difficile pour tout le monde. Veut, veut pas, tu as un train de vie. Oui, je faisais de l’argent, mais j’en devais aussi beaucoup pour faire des shows puisqu’il faut en mettre beaucoup d’argent. Je me retrouvais avec rien, avec la PCU qui n’était pas assez pour payer notre maison, notre Hydro, notre ci, notre ça… On est déménagés, mais pour le mieux parce que, moi, ça faisait longtemps que je voulais déménager de Montréal, donc pour ça, ça a bien adonné. Mais ça a été un deux ans assez rough. La tournée de Nicole Martin que je fais en ce moment, c’était supposé être il y a deux ans, donc là, c’est tous des shows reportés! On a commencé en 2022, puis on va finir en 2024. Mais là, ça fait vraiment du bien! Tu chantes une grosse chanson et, à la fin, les gens se lèvent pour t’applaudir!
Partage-moi ton plus beau souvenir de l’aventure.
Ah mon dieu! Je te dirais que, mon plus beau souvenir, c’est après, quand on a fait la tournée de Star Académie. C’est sûr qu’il y avait trop de dates tout le temps. La plupart du temps, la fin de semaine, c’était deux shows par jour. Des fois, on n’avait plus de voix et on chialait, mais ça faisait du bien (rires)! Mais on le vivait tous ensemble. À l’Académie, oui, c’est sûr que j’ai eu de beaux moments, mais on était toujours filmés; on avait nos micros tout le temps.
Pour moi, c’est des beaux souvenirs quand j’y repense, mais sur place, je n’étais pas bien. Moi, j’habitais seule. J’ai deux demi-sœurs, mais elles n’habitaient pas avec moi, donc j’étais un peu enfant unique. De me retrouver là, ça avait été difficile! Donc je dirais que la tournée, pour moi, c’était le gros « wow »! J’ai fait le tour du Québec. Je n’avais jamais été partout au Québec, au Saguenay, en Abitibi, partout! Ça, j’ai vraiment adoré ça!
Si tu devais choisir une chanson que tu as interprétée pendant ton parcours, que ce soit une performance en solo, en duo ou en groupe, laquelle choisirais-tu et pourquoi ?
Je dirais « La quête » de Jacques Brel, ma première mise en danger. Après ça, j’ai presque toujours été mise en danger, sauf une fois! Mais je t’avoue que « Je n’t’aime plus » de Mario Pelchat, que j’ai faite à la finale des filles, aussi. Après ça, Mario est venu me voir à l’Académie. Il m’a réveillée, et je n’étais pas super à l’aise (rires)! Mais en même temps, j’ai rencontré une idole, puis après ça, il est venu dans la tournée la chanter avec moi. Mario, je le côtoie encore. Mon chum [Rémy Malo] est musicien pour lui en ce moment et depuis un boute, donc c’est vraiment une belle relation. Je suis contente qu’on soit encore amis!


Dirais-tu que ton rapport à la musique a changé depuis ton passage à l’émission ?
Quand même un peu. C’est sûr que, quand je suis entrée à l’Académie, je ne voyais que Céline (rires)! Mon chum, qui est dans la musique aussi, m’a fait découvrir tellement de beaux artistes de partout. Maintenant, j’écoute encore ma Céline, mais je suis très, très, très ouverte à la musique, à tout ce qui se fait dans d’autres pays aussi, très, très différents d’ici.
On est allés à Nashville, mon chum et moi, avec Marie-Mai et son chum d’ailleurs. C’est une ville de musique qui nous a tellement fait de bien. C’est du country, puis à partir de là, j’ai commencé à écouter du country. Je te dirais que, pour le métier en tant que tel, c’est sûr qu’au début c’est fantastique, c’est glamour, mais je te dirais qu’il y a des désillusions, à un moment donné. Mais tu t’habitues et tu vis avec ça. Tu fais de ton mieux dans ce milieu-là, puis tu travailles.
Y a-t-il des éléments des autres éditions que tu aurais aimé avoir lors de ton édition ?
Tu sais quoi ? La première, ça a été l’édition la plus croche (rires)! Je ne changerais rien, rien, rien. Les nouveaux qui sont arrivés, je les trouve beaux. L’image est super belle, le décor aussi! Les jeunes sont bons, sont beaux. Ils sont tous stylisés et ils sont à leur place sur la scène, sur leur « x » alors que nous on était tout croches quand on se faisait demander de se placer d’une certaine façon. Si tu regardes les galas, tu vas voir ça! C’était n’importe quoi (rires)! C’est tout beau, mais pour moi, on dirait qu’il n’y a pas la magie du premier ou des premiers, peut-être. Ce n’est pas la même équipe qui fait ça, non plus. C’est sûr que, moi, ça me rejoint moins. Ce n’est pas comme moi. C’est une autre émission, une autre belle affaire! Ce n’est juste pas le Star Académie que j’ai connu.
Si tu pouvais choisir un ex-académicien ou une ex-académicienne pour une collaboration, qui choisirais-tu et pourquoi ?
(Note: Nous avons exclu Annie Blanchard de la question, comme elles travaillent présentement ensemble sur le spectacle Nicole, les chansons d’une vie.) Bonne question! Maxime Landry, c’est quelqu’un que j’aime beaucoup, qui a une belle voix, qui peut chanter n’importe quoi. On est quand même amis, mais pas proches, proches, mais j’ai l’impression que c’est un bon confident aussi, une bonne personne. C’est important de s’entourer de personnes en qui on a confiance. Maxime, je dirais que oui, j’aimerais beaucoup! Sinon, n’importe qui de ma gang (rires)! Il y avait Martin Giroux, aussi. Lui, après son Star Ac en 2004, il était artiste invité sur ma tournée. Quand j’écoute des chanteurs, chanteuses, c’est rare que j’ai beaucoup d’émotions, mais quand il a fait « Le cœur est un oiseau », je ne voyais plus rien, j’avais les larmes aux yeux, et c’est pour ça que je l’avais invité dans mon show.
Comment décrirais-tu ton rapport à Star Académie 20 ans plus tard ?
Bonne question, mon dieu! Mon rapport avec Star Ac, moi, je l’ai toujours dit : je suis fière du chemin que j’ai parcouru et d’où je viens. Quand on a commencé, Star Ac, c’était très, très gros; c’est entré dans le cœur de tout le monde, mais dans le milieu artistique, c’était très mal vu. On se faisait regarder croche parce qu’on arrivait et qu’on prenait la place de tout le monde, au niveau des entrevues et de la radio, tout ça.
Il n’y avait plus de place pour les autres qui étaient déjà établis. Et je les comprenais d’être un peu fâchés de ça! Tu sais, des fois, il y en a qui peuvent être gênés de venir de telle place, mais pour moi, c’est juste de la fierté. Ça a dérangé parce que c’était nouveau. Je ne l’ai pas pris sur moi; je ne l’ai pas pris sur mes épaules, ce mal-là. Quand je pense à Star Académie, c’est, pour moi, il y a 20 ans avec les Productions J, avec Julie [Snyder], à TVA. C’est vraiment toute cette grosse machine-là qui a fait en sorte que je sois ici, aujourd’hui, 20 ans plus tard.



Parlons maintenant un peu de tes projets actuels! Tu fais l’hommage à Nicole Martin que tu as mentionné tout à l’heure.
Oui, jusqu’en 2024. Ça marche, ça marche, ça marche! Pour ceux qui ont connu et aimé Nicole Martin, c’est un spectacle qu’ils vont aimer, c’est sûr! C’est deux heures et demie, mais pour les gens, ils en prendraient encore une heure de plus. C’est ce qu’on entend dire. Nous, on avait peur de partir ce show-là. Pour moi, vocalement, c’est le show le plus difficile que j’ai fait de toute ma carrière. Sa voix était tellement incroyable!
Prépares-tu aussi un spectacle solo en lien avec ton dernier album, Notre histoire, paru l’an dernier ?
Oui, c’est sûr que j’aimerais ça le mettre sur la route. Mais je ne veux pas que ça soit juste une tournée de cet album-là. Je veux y regrouper tout ce que j’ai fait en 20 ans. C’est sûr que j’aimerais que cette tournée-là parte en 2023, peut-être à l’automne, mais sinon, ça sera en 2024.
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Samuelle Guimond | Journaliste
Samuelle est une passionnée de musique, de littérature, de télé et de théâtre. Si elle est journaliste pour le média, c’est dans le but de faire briller des artistes d’ici en qui elle croit, principalement à travers des entrevues. Tu pourrais très bien la croiser dans une salle de spectacle aux environs de Montréal!

Patricia Duval | Photographe
Passionnée par la musique et les arts depuis son jeune âge, elle a découvert il y a quelques années la passion pour la photographie. Elle carbure aux défis, adore les festivals et capter l’émotion. Elle a une piqure pour le country, si vous voyiez une petite noire dans un pit de spectacle ou en train de courir partout pour s’assurer d’avoir une belle photo, c’est bien elle.
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