
Jusqu’au 11 décembre, la royauté anglaise et ses guerres de pouvoir envahissent le Théâtre du Nouveau Monde (TNM), avec Les Reines de Normand Chaurette. La pièce met en scène six reines du théâtre. Six comédiennes de grand talent qui se donnent la répartie harmonieusement et de façon vibrante face à leur passion, à leurs déchirements et à leurs désirs de pouvoir. Une féroce spirale féminine qui tourbillonne sur le plateau, tout en poésie.
Les Reines encore d’actualité
En 1991, Les Reines de Normand Chaurette prenait l’affiche pour la première fois.
Après trois décennies, on peut dire qu’elle s’inscrit encore dans l’actualité, puisque l’auteur y aborde les thèmes tels que les réfugiés, les relations mère/enfant, les tractations du pouvoir qui engendrent le déplacement de gens de leur pays d’origine. À cet égard, on n’a qu’à penser à la situation des migrants à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne.
Une émouvante fresque humaine à l’image de ces reines tirées de l’œuvre de William Shakespeare, Richard III, et aux généalogies de la couronne anglaise.
Les coulisses du pouvoir au féminin
Jeudi 20 janvier 1483, une tempête de neige se déchaîne sur Londres. Le roi Édouard agonise. Richard, son frère cadet, veut supprimer ceux qui l’empêcheraient d’accéder au trône. À l’aube de cet imminent changement de pouvoir, les femmes du château s’entredéchirent pour accéder au futur souverain.
Contrairement à l’Histoire qui amenuise fréquemment le rôle des femmes à cette époque, l’auteur leur donne toute la place avec leurs manœuvres secrètes et suspectes pour briguer le pouvoir, alors que les rois absents sur scène, demeurent omniprésents tout au long de la pièce par les textes.
Une guerre au féminin où la poésie s’invite.
Une mise en scène impeccable
Le metteur en scène Denis Marleau réussit à bien orchestrer tous les éléments de l’œuvre.
Les éclairages vifs et puissants, signés Marc Parent, mettent en évidence les tourments de ces femmes et la cruauté qui s’infiltrent peu à peu.
Quant aux costumes de Ginette Noiseux, ils sont remarquables, notamment les couvre-chefs qui permettent d’identifier les clans.
La pièce est rythmée par des tableaux où l’espace temps est défini par les heures sonnantes du Big Ben de Londres. Le son de ce symbole londonien ajoute avec force une note dramatique.
Une distribution impressionnante
Bien que ces éléments scénographiques soient réglés au quart de tour, cette pièce n’aurait pas toute sa puissance sans la grande performance des six comédiennes.
Une distribution impressionnante avec Céline Bonnier (Isabelle Warwick), Sophie Cadieux (Anne Warwick), Kathleen Fortin (Reine Élisabeth), Marie‑Pier Labrecque (Anne Dexter), Sylvie Léonard (Duchesse d’York) et Monique Spaziani (Reine Marguerite).
Bien ancrées sur scène, chacune d’elles utilise une tonalité qui s’harmonise à leur rôle respectif et à la dramaturgie. Elles interprètent avec justesse le langage poétique du texte, malgré les longues tirades.
À l’affiche jusqu’au 19 décembre
Les Reines, cette pièce vibrante de passion, de désir de pouvoir et de trivialité tient l’affiche au TNM jusqu’au 19 décembre.
Nul n’est tenu d’avoir les connaissances sur l’histoire d’Angleterre, car tout est mis en place pour que le spectateur éprouve un grand plaisir à assister à cette pièce.
Texte : Normand Chaurette
Mise en scène : Denis Marleau
Interprétation : Céline Bonnier, Sophie Cadieux, Kathleen Fortin, Marie‑Pier Labrecque, Sylvie Léonard, Monique Spaziani
Crédit photos : Yves Renaud
Texte : Micheline Rouette