
Le Théâtre Bistouri présente sa plus récente création, Les prémonitions de Mikaël Morneau, en formule 5 à 7 à La Licorne jusqu’au 3 novembre avec des supplémentaire les 7 et 9 novembre. Cette courte pièce de de la dramaturge écossaise Frances Poet traduite par Marc-André Thibault porte un regard à la fois tendre et humoristique sur l’anxiété et l’obsession.
En proie à des visions cauchemardesques depuis des années, Mikaël (Olivier Barette) en est venu à complètement s’isoler. Sa réclusion lui a même fait manquer les funérailles de la mère de sa meilleure amie Éliane (Rose-Anne Déry) pour qui il avait pourtant une grande affection.
Persuadé que l’humanité cours un très grave danger, il décide d’attirer Eliane chez lui pour qu’elle l’aide à changer le cours des choses. Celle-ci croit d’abord que la meilleure chose à faire est de contacter les autorités pour envoyer son ami en psychiatrie. Puis, un détail mentionné par Mikaël la convainc d’entrer en contact avec Cassie (Victoria Diamond), une amie d’enfance qui travaille maintenant au gouvernement.
Un trouble palpable
L’action se passe dans l’appartement de Mikaël. En jetant un coup d’œil autour, on constate immédiatement sa détresse. L’endroit est tapissé mur à mur des tonnes de notes qu’il a prises et des liens qu’il tente d’en tirer. L’aquarium sale de son poisson mort trône au milieu de la pièce.
Lorsque le jeune homme entre en scène, on est frappés d’un coup par son angoisse. Brillamment interprété par Olivier Barette dont la posture, les contorsions faciales et le ton nerveux illustrent parfaitement toutes les émotions qui le traversent.
Une grande tendresse
À son arrivée chez Mikaël, Éliane est mue par la colère qu’elle éprouve en raison de son absence à un moment important de sa vie. Cette émotion fait rapidement place à de la préoccupation lorsqu’elle constate l’état dans lequel se trouve son ami. Rose-Anne Déry incarne toute la tendresse dont Frances Poet a imprégné son texte, par ailleurs magnifiquement traduit et adapté par Marc-André Thibault.
Creuser l’humain
Depuis sa création en 2011, le Théâtre Bistouri a moult succès à son actif, dont Les Ossements du Connemara (Théâtre Prospero, 2016), Mazal Tov (Théâtre Prospero, 2017) et Madra (Théâtre La Licorne, 2019). Aux dires de son fondateur Marc-André Thibault, c’est « Un théâtre qui creuse l’humain et qui s’efforce de le comprendre, dans ses bons et ses moins bons angles. Un théâtre qui se permet de parler de sujets durs en utilisant l’humour comme langage. » (1) Les prémonitions de Mikaël Morneau s’inscrivent tout à fait dans cette vision. On y aborde des sujets comme l’anxiété et l’obsession avec humour et sensibilité sans tomber dans l’apitoiement ou la lourdeur.
Du théâtre en formule 5 à 7
Pour seulement 25$, les spectateurs ont accès à cette courte pièce dans une formule décontractée. Quelques tables sont disposées dans la salle de répétition située au 2e étage de la Licorne. Cela permet une proximité très intéressante avec les comédiens. Le prix du billet inclut également une consommation et une collation. C’est là une belle façon d’attirer un public qui n’est pas nécessairement habitué d’aller au théâtre.
Les prémonitions de Mikaël Morneau
Une production du Théâtre Bistouri présentée à La Licorne du mardi au vendredi à 17 h 30, jusqu’au 3 novembre. Des supplémentaires ont été ajoutées les 7 et 9 novembre.
Texte : Frances Poet
Traduction : Marc-André Thibault
Mise en scène : Clara Prévost
Distribution : Olivier Barette, Rose-Anne Déry et Victoria Diamond
(1) Source de la citation : https://theatrebistouri.com/#nous
Texte : Nancie Boulay
Crédit photo : Maryse Boyce