
Ubu compagnie de création, en coproduction avec Espace Go, présente jusqu’au 2 avril Le traitement de la nuit. Une pièce, d’Evelyne De La Chenelière, qui navigue sur l’étrangeté entre le rêve et la réalité.
Fissure familiale
Léna a l’habitude de fuguer. Elle finit toujours par revenir.
Et à chaque fois qu’elle revient, ses parents, Viviane et Bernard, font comme si rien ne s’était passé.
Ils habitent un beau domaine avec de magnifiques jardins qu’ils appellent le paysage. Paysage entretenu grâce aux bons soins de Jérémie, un jeune jardinier ex-détenu qui mange seulement dans le noir, une fois la nuit tombée.
Léna voue une haine implacable pour ses parents et ne s’en cache pas.
Les parents, quant à eux, veulent paraitre généreux et bons mais tout ça n’est qu’écran de fumée.
Tout ce paraitre ne fait que souligner à gros traits le vide incommensurable de ces deux êtres qui sont incapables d’éprouver de l’amour sincère et désintéressé.
Vortex du langage
L’autrice nous amène vers des avenues où les mots se répètent, créant un genre de vortex du langage.
Les personnages sont aspirés par cette répétition, rejouant la même scène encore et toujours, courant eux-mêmes vers leur perte imminente.
Le public n’est jamais certain si ce qu’il voit et surtout ce qu’il entend est la réalité ou s’il n’est pas plutôt pris au cœur du rêve.
Mise en scène éclatée
Les acteurs se tiennent debout ou assis, les uns au côté des autres mais sans qu’il y ait de réelles interactions entre eux.
Ils s’animent au moment de parler et retournent dans « l’attente » en silence.
Superbe utilisation des projections, apportant beaucoup de profondeur à la scène. Notamment pendant les scènes de nuit où la petite route de campagne étroite ressemble à un étau qui se referme sur les personnages.
Le traitement de la nuit jusqu’au 2 avril
Présentée à Espace Go, Le traitement de la nuit de Ubu compagnie de création est à l’affiche jusqu’au 2 avril.
Texte : Evelyne De La Chenelière
Mise en scène : Denis Marleau
Interprétation : Anne-Marie Cadieux, Henri Chassé, Lyndz Dantiste, Marie-Pier Labrecque
Crédit photo : Yanick Macdonald
Texte : Tania Lamoureux