
Jusqu’au 27 mai, le Théâtre du Nouveau Monde présente Le rêveur dans son bain, créé et mis en scène par Hugo Bélanger, directeur de la compagnie Tout à Trac. Une pièce où réalité et rêve se côtoient de façon prodigieuse en empruntant les codes du cinéma, de la bande dessinée et de l’illusionnisme. C’est fantastique!
Que peut nous raconter ce rêveur dans son bain?
Hugo Bélanger aborde le domaine de la création avec un imaginaire débordant et fantaisiste, en compagnie d’un dessinateur de bandes dessinées (Normand d’Amour) plongé dans son bain depuis 20 ans parce qu’il n’arrive plus à créer. Il cherche l’étincelle et attend Ondine (Cynthia Wu-Maheux).
Arrive alors un jeune homme (son alter ego) intrigué par la réputation de cet ermite qui habite une maison sans âge où gisent une multitude d’objets hétéroclites. La grande majorité de ces objets jouera un rôle au cours de la pièce.
On les a oubliés
Pour faire comprendre au jeune homme (Sébastien René) et à son fils (Renaud Lacelle-Bourdon) pourquoi il ne veut pas quitter sa maison et sa baignoire, il amène son imagination à prendre forme en invitant plusieurs créateurs et créatrices des XIXe et XXe siècles oubliés avec le temps.
On verra alors surgir sur scène le cinéaste Georges Méliès (Éloi Cousineau), le bédéiste et cinéaste d’animation Winsor McCay (Carl Béchard), le magicien Jean-Eugène Robert Houdin (Carl Poliquin), la Baronne Elsa von Freytag-Loringhoven, sculptrice et inspiratrice du mouvement dadaïste de New-York et l’artiste plasticienne allemande Hannah Höch (Marie-Ève Trudel).
Tous ces artistes ont un trait en commun. Ce sont des précurseurs dans leur domaine qui se sont fait damer le pion par des personnages plus flamboyants et qui ne font pas partie de la mémoire populaire ou très peu.
A titre d’exemples : On connaît davantage le magicien Houdini que Jean-Eugène Robert Houdin, les animations de Walt Disney ont pris le dessus de celles de Winsor McCay.
Le dramaturge juxtapose également ce rappel de l’existence de ces créateurs presque oubliés au rôle des femmes dans les arts et leur combat pour faire reconnaître leurs œuvres.
Une scénographie magique!
Pour accentuer la transformation du réel vers le rêve, Hugo Bélanger se sert de plusieurs disciplines artistiques sur scène. Décors et effets spéciaux prendront une place prépondérante durant la pièce, créant ainsi une ambiance euphorique dans la salle.
On verra des tours d’adresse et d’illusion, des mimes, des clowns. À ces artistes sur scène, s’ajoutent diverses projections, notamment des extraits du film Le voyage dans la lune (1902) de Méliès, des animations, des réalisations de bandes dessinées avec leurs cases et leurs phylactères.
Tous ces éléments sont magnifiquement bien arrimés aux histoires dans l’histoire et au jeu des comédiens. On sent le travail colossal derrière ce spectacle et la synergie de l’équipe.
Abracadabra!
Tout au long de la pièce on voyage, on rit, on s’amuse à travers ces histoires abracadabrantes, puis tout à coup le ton change pour nous mettre en mode réflexion sans pour autant freiner notre intérêt.
Un mystère ne sera dévoilé qu’à la finale. Voilà le talent d’un conteur et metteur en scène, tel que Hugo Bélanger qui sait captiver son public.
Bravo à toute l’équipe pour ce merveilleux spectacle rempli de joie, de lumière, de féérie et de réflexion!
Le rêveur dans son bain jusqu’au 27 mai et webdiffusée
Création du Théâtre Tout à Trac en collaboration avec le Théâtre du Nouveau Monde, la pièce Le rêveur dans son bain est présentée jusqu’au 27 mai.
La pièce sera également webdiffusée du 21 mai au 6 juin.
Texte original et mise en scène : Hugo Bélanger
Avec : Carl Béchard, Éloi Cousineau, Normand D’Amour, Renaud Lacelle-Bourdon, Carl Poliquin, Sébastien René, Cynthia Wu-Maheux
Crédit photo : Yves Renaud
Texte : Micheline Rouette