
Ce 16 juin, les nuages se sont écartés pour laisser la place à l’auteure-compositrice-interprète française Juliette Armanet. De retour aux Francos (elle était en 2018 en première partie de Gaël Faure au studio TD, anciennement L’Astral), elle a interprété pendant 80 minutes dix titres issus de son deuxième et dernier album Brûler le feu (2021), qui évoque les grandes émotions de la vie, et quatre de son premier, très différent, Petite Amie (2017), qui lui avait valu une victoire de la musique en 2018 dans la catégorie Album révélation.
La pétillante artiste de 38 ans a une présence scénique incroyable. Elle s’est beaucoup donnée physiquement, tout en chantant avec justesse de bout en bout. Un spectacle très bien pensé au niveau des lumières, des déplacements et chorégraphies de la chanteuse, mais aussi des orchestrations, adaptées de façon très intelligente pour les concerts, faisant par exemple durer plus longuement chaque morceau avec des fins de sets puissantes et enflammées.
La Lilloise n’a pas non plus manqué d’humour, jouant et discutant en permanence avec les nombreux festivaliers présents, malgré un temps frais et humide.


Pour son entrée, elle est apparue au milieu de tons roses, vêtue d’une veste brillante blanche, et a jeté une rose blanche dans la foule. L’excellente musicienne a ensuite pris place au piano pour un doux Boum Boum Baby.
L’Épine, décrivant une blessure sentimentale, avec un solo de saxophone époustouflant, puis Vertigo, qu’elle a interprétés debout puis assis sur une marche, nous a rappelé parfois le style musical de Véronique Sanson ou du regretté Michel Berger.
« Je suis contente. Il y a eu le déluge et les alertes [d’orage de Météo Québec sur les mobiles]. On est là, c’est trop bien », clame-t-elle avec un sourire radieux.


Sous un éclairage rouge vif, elle a poursuivi avec Qu’importe, titrequi invite à continuer d’aimer. Une interprétation émouvante dans un rythme lent et tout en douceur au début, puis plus soutenu avec l’entrée de la batterie. Le refrain est très efficace : Qu’importe si tout… moi, je n’oublierai jamais, écrit comme à la craie.
L’indien a commencé à dévoiler la facette plus Disco de l’artiste, notamment sur le refrain, avec de sublimes envolées dans les aiguës et des musiciens au diapason entre sons de synthétiseur, guitare et saxophone. L’assistance conquise a applaudi à tout rompre.
Juliette Armanet, charmeuse, s’est retournée vers un spectateur et lui a dédicacé la très touchante Imaginer l’amour : « Mignonne ta chemise. La prochaine chanson, elle est pour toi. Accroche-toi, elle est triste ». La compositrice française a alors effleuré les touches blanches et noires, dans une interprétation piano-voix de toute beauté. « Jusqu’à me rendre fou », chante-t-elle.


Carte Postale (2017) et l’entraînante L’amour en solitaire (2017) —sans toi j’devenais flou — ont suivies, déjà présentées lors des Francos 2018.
La soirée a continué avec Le dernier jour du disco. Juliette Armanet est réapparue vêtue entièrement de paillettes argentées style « boule à facettes » des années 80, en parfaite harmonie avec la chanson, finissant même, sous de fortes lumières blanches, à genou et l’index pointé vers le ciel. Le feu a définitivement gagné la place des festivals.
Après avoir jeté son veston en l’air, elle a harangué la foule : « On continue », avant d’entonner À la folie (2017), l’électrisant Brûler le feu,puis Tu me play, pour son public.
L’artiste est revenue pour deux rappels dont Je ne pense qu’à cela, très explicite, pendant laquelle la foule a brandi à bout de bras son mobile avec la fonction lampe torche activée. Elle a terminé par quelques larmes, semble-t-il. Juliette Armanet a clôturé magistralement la représentation, après un « Tchao Montréal », par Sauver ma vie, jouant du piano debout pour un final en apothéose.

