
Attendu depuis plus d’un an et tourné à l’automne 2019, « Le guide de la famille parfaite » se retrouve enfin sur les grands écrans. Voici des entrevues avec Louis Morissette, Émilie Bierre et Catherine Chabot, lors du tapis rouge de l’avant-première du film réalisé par Ricardo Trogi d’après une idée originale de Louis Morissette.
C’est après avoir eu une discussion avec ses trois grands enfants à propos de leurs angoisses, leurs inquiétudes, leurs peines et leurs tristesses que Louis Morissette a réfléchi sur le sujet de l’overparenting abordé dans le film. Il a, ensuite, travaillé avec divers psychologues.
Cette démarche a ouvert les yeux de l’acteur-producteur-scénariste sur plein de choses, dont l’anxiété de performance. Il a réalisé que ses enfants faisaient de l’anxiété. Il a aussi réalisé qu’il en avait fait dans sa jeunesse et qu’il n’était pas capable d’identifier d’où venaient ses maux d’estomac ; par exemple. C’est sur cette genèse que Le guide de la famille parfaite a vu le jour.

À la découverte des personnages
Martin (Louis Morissette) représente bien un père de sa génération. « On a tendance à répéter des patterns comment on a été élevé. Tu as beau dire que tu aimes ou n’aimes pas tes parents. Il y a une certitude, c’est qu’il y arrive un point quand tu élèves tes enfants, tu te regardes et tu réalises que tu deviens comme tes parents. C’est un gars qui apprend des affaires que j’ai apprises avant lui. En quelque sorte, il représente une vieille version de moi. Il est dépassé, mais il s’entête à dire que ça va être correct. Il me fait penser à Scotty Bowman, voire l’ancienne façon de coacher au hockey. Il est plus dur avec sa fille, par exemple, en imaginant que ça va régler la situation. Toutefois, ça ne fonctionne pas. », confie le principal intéressé sur son personnage.
Rose Dubois (Émilie Bierre) est la fille de Martin. Si c’est une jeune adolescente d’apparence assez parfaite, bonne à l’école et performante dans les sports, elle cache certains troubles et certaines inquiétudes qui prendront de l’ampleur au fil du récit. Elle comprendra qu’elle doit régler ces problèmes pour se sentir mieux et pour être capable de devenir ce qu’elle est vraiment.
Marie-Soleil (Catherine Chabot) est une femme qui vit beaucoup d’insécurité et qui se laisse, un peu, influencée par ce à quoi les autres s’attendent d’elle, ce à quoi la société s’attend d’elle, ce à quoi son chum s’attend d’elle et ce à quoi les autres mères s’attendent d’elle. Elle croule, donc, sous la pression. Elle est insécure, très anxieuse par rapport à sa performance dans le rôle de mère, de blonde, de femme et de travailleuse. « Son drame, c’est qu’elle s’est égarée dans tout ça. À un moment donné, elle a perdu le fil de qui elle était. Il faudra qu’elle se retrouve », déclare l’actrice.

Anxiété de performance
Anxieuse dans la vie à la base, Émilie Bierre s’est reconnue dans son personnage qui vit de l’anxiété de performance. « Ce n’est vraiment pas le même genre d’anxiété que Rose parce que je n’ai pas des parents qui me mettent la pression. Mon cercle et ma famille font en sorte que je ne vis pas ce genre d’anxiété, mais j’en vis par rapport à ce que je fais. Je me mets de la pression moi-même pour performer dans tout ce que je veux faire dans la vie », souligne-t-elle en ajoutant qu’elle a aussi reconnu d’autres personnes dans son entourage.
La jeune actrice de 17 ans avoue que cette production lui a amené certaines réflexions et certaines introspections chez elle. Deux ans après le tournage, elle a l’impression d’avoir pris de la maturité par rapport à son anxiété. « Je suis capable de me dire, parfois, que je ne suis pas une machine et que je suis un humain. Dans certains cas, c’est en se mettant un peu moins de pression qu’on va être capable de me mettre encore plus à l’aise et de mieux ressortir dans ce qu’on fait. »

Surprotection des enfants ?
Catherine Chabot, qui est nouvellement maman d’une fille de cinq mois, reconnaît que son personnage est un exemple à ne pas suivre. « Mon chum pourra me dire “Fais attention, Marie-Soleil” si je vais trop loin dans la surprotection et dans l’anxiété. Avoir un enfant, c’est anxiogène et ça fait monter les incertitudes. Un premier enfant, c’est toujours stressant. Heureusement, mon chum est là pour me tempérer. », dit celle qui a suivi des mères sur Instagram pour mieux s’approprier son rôle.
Louis Morissette ajoute que la surprotection des enfants est un fléau actuel. « Je trouve que les jeunes mères sont beaucoup aux prises avec ça comme la société leur envoie énormément de pression. »

Le mirage
Victime d’anxiété de performance, le personnage incarné par Émilie Bierre voudra sortir de son carcan familial et de l’emprise de son père. À un certain moment, elle verra sa mère (Isabelle Guérard) comme une bouée de sauvetage. « C’est quelqu’un qui est tellement plus permissif et moins restrictif pour ce qu’elle permet à Rose d’être. Quand l’option qu’elle peut se rapprocher de sa mère au lieu de son père se présente à elle, c’est quelque chose qui la rassure et elle voit ça comme une espèce de libération de son anxiété. Au final, elle ne se sentira pas nécessairement mieux parce qu’elle n’a pas assez de cadre pour rester dans quelque chose de juste et de pas trop bordélique. », avoue Émilie.
Pour toutes ses scènes émotives, elle essaie d’être à l’écoute du personnage. « Comme j’ai l’impression que si on avait la chance de revivre deux fois le même moment, on ne le vivrait pas exactement de la même façon. C’est de se laisser aller et de penser à la scène. Je ne pense pas à un événement triste de ma vie personnelle, c’est vraiment de lâcher prise et d’être à l’affût de son producteur. »

En guise de conclusion
« L’anxiété de performance est un sujet délicat, tu ne veux pas te tromper. Cependant, comme on savait qu’on avait un bon sujet et qu’on toucherait les gens, on était motivé tout au long de l’aventure. Je ne pense pas que si tu as des enfants, tu vas rester indifférent. Je ne pense pas que si tu es un adolescent, tu vas rester indifférent. Je ne pense pas que si tu es un grand-parent, tu vas rester indifférent », conclut Louis Morissette.

Photos de la distribution
Photos du tapis rouge
Synopsis
Sommes-nous dans une société « d’overparenting » ? Le film « Le Guide de la famille parfaite » se veut une comédie grand public qui expose en humour et soulève la question de la difficulté et la complexité d’élever des enfants dans une société d’ultra performance, nourrie par des parents qui, voulant donner le meilleur à leurs enfants, finissent par les étouffer. Parce qu’il est dangereux, le piège de vouloir faire des versions améliorées de nous-mêmes.
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