
C’est dans la somptueuse Église Saint-Jean-Baptiste, sur Le Plateau-Mont-Royal où elle a grandi, que la chanteuse québécoise a renoué avec son public qui avait une nouvelle fois répondu présent. « Bienvenue au concert de Cœur de Pirate 2019 », annonce-t-elle pour débuter.
Entre six chansons de son dernier opus Impossible à aimer, dont le tube On s’aimera toujours (2021), Cœur de pirate, alias Béatrice Martin, a interprété des titres de Perséides, son album instrumental né aussi pendant la pandémie, ajoutant ainsi de délicieux interludes.
L’autrice et compositrice, heureuse d’être là et émue, a offert un voyage dans le temps depuis son premier album homonyme de 2008, ajoutant une interprétation toute personnelle de Foule sentimentale (1993), du français Alain Souchon. « Merci. Bientôt 15 ans que je fais de la musique. Des jeunes viennent même me dire… que leur mère m’adore ! », ironise-t-elle.

Vêtue d’un costume de scène or pailleté et de bottines noires, l’artiste a offert un merveilleux tableau, devant l’imposant autel, sous les hautes voûtes et les vitraux de Guido Nincheri. Les lumières sont parfois intimistes, parfois plus colorées, ne venant jamais ternir le décor. L’environnement sonore d’une église est un casse-tête pour tout interprète, mais la musicienne expérimentée de 32 ans le dompte à merveille, posant sa voix et démontrant sa maîtrise du piano, dans un dosage parfait.
Si elle apparaît seule au piano au début avec C’était salement romantique (2008) et Sacré cœur (2021), son groupe la rejoint sur son tube actuel On s’aimera toujours (2021), plus disco. Les musiciens, présents par intermittence sur scène, se mettent au diapason, tout en retenu, son vieil acolyte Renaud Bastien jouant délicatement de la guitare classique et le batteur Vincent Carré soulignant les chansons plus douces comme plus rythmées avec justesse. Le violoncelle viendra tout le long du concert apporter puissance et chaleur.

Cœur de Pirate a pu revisiter Pour un infidèle (2008) ou Dans la nuit (2018) dans une version plus épurée. Les fans ont pu retrouver des chansons tout aussi importantes comme Combustible (2018), Crier tout bas (2015) et Oublie-moi (2015).
Elle évoque dans ses chansons les déceptions amoureuses, l’amour et parfois ses désirs de vengeance comme dans le très explicite Tu peux crever là-bas (2021). Debout et micro en main, elle interprète Mistral gagnant (1984) du chanteur français Renaud, debout entre sa claviériste au piano classique et sa violoncelliste, un moment intense et touchant. Il en sera de même sur Tu ne seras jamais là (2021). « Ma pianiste va m’accompagner pour cette chanson, car Alexandra Stréliski [qui l’accompagne au piano sur l’album] n’a pas pu venir. Alexandra Stréliski a une vie elle aussi ! », clame-t-elle.

Car Béatrice Martin intervient entre les titres avec beaucoup d’humour. « On me demande pourquoi j’écris des chansons sur les gens qui m’ont fait du mal, alors qu’ils n’en valent pas la peine. Mais je me suis rendu compte qu’ils paient mes hypothèques […] Je suis maman pour la deuxième fois, maintenant que j’ai un garçon, que je le vois, que je vois son père, mon père, je me dis que les hommes ne sont pas tous méchants […] Cela va être la dernière chanson. Vous connaissez le principe. En vrai, je vais me cacher ici. Puis généralement, les gens applaudissent et nous revenons pour faire des chansons pour lesquelles vous êtes vraiment là ce soir […] J’ai eu beaucoup de stress pour ce concert, comme toujours. Je peux m’évanouir. Pas pour ce soir, je pense […] J’ai le stress, mais surtout celui de réveiller mon bébé en rentrant […] Je viens d’être maman pour la deuxième fois et je salue mon médecin qui doit être dans la salle. »
Après T’es belle (2020) qu’elle dédie « aux jeunes filles, mais aussi à toutes les femmes », elle enchaîne sur l’entraînante Prémonition (2018).
Comme cadeau, elle invite pour un duo, Le Monopole de la douleur, le jeune chanteur et guitariste Mon doux saigneur alias Emerik St-Cyr-Labbé.


La soirée s’achève avec un classique, Comme des enfants (2008), chanté dans une belle communion par un public conquis. Cœur de Pirate a une nouvelle fois « fait mouche ». Les spectateurs repartent avec le sourire aux lèvres et le cœur léger, dévalant les grandes marches de pierre et s’engouffrant dans la nuit du quartier cher à Leonard Cohen…
Pour tout connaître des albums et des prochaines dates de concert de Cœur de Pirates, à partir du 8 avril : ICI
Le présent concert avait été programmé dans le cadre du festival Pop Montréal qui avait été reporté à cause de la COVID.


Première partie avec l’envoûtante thaïs
La chanteuse franco-québécoise thaïs, 26 ans, a présenté son album Paradis artificiels, accompagnée par son batteur. Autrice et compositrice, elle nous invite dans son univers planant et très doux. Sa voix claire accompagnée de longues notes électros apporte un son moderne et frais. Sur le titre Les alentours, les harmonies avec son musicien sont magnifiques, comme quand elle va chercher des notes tenues très aiguës pour offrir des instants féériques. La jeune artiste a du talent à revendre. Sa reprise de Blanche d’Ariane Moffatt est savoureuse. Elle sera d’ailleurs en duo avec l’artiste, comme d’autres auteurs-compositeurs de la nouvelle génération, sur un album soulignant les 20 ans d’Aquanaute. Elle poursuivra aussi les premières parties de Cœur de Pirate, qui l’a prise sous son aile chez Bravo Musique, sa propre maison de disque. À découvrir : ICI









1 thought on “Cœur de Pirate brille pour son retour sur scène à Montréal”