
Vous connaissez Martin Luther King, figure de proue du mouvement de la défense des droits civiques aux États-Unis dans les années 60? Accompagné de la comédienne Sharon James (Camae), Didier Lucien se glisse dans la peau de ce personnage emblématique, dans la pièce Au sommet de la montagne présentée chez Duceppe jusqu’au 26 mars. Une œuvre-fiction qui reconstitue la soirée de ce pasteur militant non violent, dans sa chambre de motel, la veille de son assassinat à Memphis. Des propos qui font encore écho 54 ans plus tard!
I’ve Been to the Mountaintop
Le 3 avril 1968, seul dans sa chambre du Lorraine Motel, à Memphis, Martin Luther King commande un café à la réception.
Dans la journée, il a prononcé son légendaire discours « I’ve Been to the Mountaintop » – d’où le titre de la pièce – au Bishop Charles Mason Temple, à Memphis.
Il est épuisé et prépare le discours qu’il devra prononcer le lendemain, jour de son assassinat. Discours qui n’aura jamais lieu.
Sa vie, son combat, ses valeurs
Arrive alors Camae, femme de chambre, qui lui apporte son café. Énergique et pleine de vie, elle n’a pas froid aux yeux. Elle a toutefois un secret…
S’ensuit alors un échange sur divers sujets, tantôt anodins, tantôt philosophiques, au cours duquel on découvre un être profondément humain, sa vie, son combat, ses valeurs.
D’un réalisme touchant
Bien ancrés sur scène, les deux comédiens offrent aux spectateurs une prestation remarquable et nuancée pendant plus d’une heure et demie, sans temps mort.
On sent la chimie entre eux, comme une synergie quasi-parfaite.
Grâce à un décor réaliste d’une chambre de motel des États-Unis, on a l’impression d’assister à une histoire vécue, alors qu’il s’agit d’une oeuvre-fiction.
Pour renforcer davantage cette impression de réalité, des images et vidéos des moments forts de cette période sont projetées sur scène, mettant en lumière des manifestations et discours sur la lutte des droits civiques.
C’est d’un réalisme touchant qui nous interpelle encore aujourd’hui. On n’a qu’à penser aux manifestations du mouvement Black Lives Matter après le meurtre de George Floyd, à l’été 2020.
« C’est la même chose qu’avant, à propos de la situation des Noirs dans nos sociétés. Cela n’a pas bougé. Dans la pièce, on parle d’un garçon noir tué par balle par la police. On est encore là-dedans. On pourrait faire le même discours qu’il y a 50 ans. », souligne Didier Lucien à un journaliste.
Première fois en français
Présentée pour la première fois à Londres en 2009, la pièce, créée par Katori Hall, a connu un grand succès.
Offerte pour la première fois en français, I’ve Been to the Mountaintop a été traduite par Edith Kabuya et mise en scène par Catherine Vidal.
Au sommet de la montagne jusqu’au 26 mars
À coup sûr, vous plongerez spontanément dans cette œuvre-fiction teintée d’humour, qui rappelle le courage et l’héritage de Martin Luther King, tout en révélant aussi la vulnérabilité de l’homme.
Chez Duceppe, jusqu’au 26 mars, avec le soutien de La Fondation Cole.
Auteure : Katori Hall
Mise en scène : Catherine Vidal
Traduction : Edith Kabuya
Interprétation : Didier Lucien, Sharon James
Crédit photos : Denis Taillon
Texte : Micheline Rouette