
À chaque mois, je publierai une entrevue réalisée avec un artiste émergent qui tente de percer dans l’industrie musicale québécoise. Avec le beau temps qui s’en vient, la pop ensoleillée de Arielle est tout appropriée pour représenter le mois de juin. Découvrez dès maintenant son univers musical, vous pourrez aussi en savoir davantage sur son nouvel album paru le 22 avril dernier.
Comment s’est passée la recherche de l’identité musicale entre ton premier album et ton deuxième album ?
Je pense qu’il n’y a pas eu de recherche, du moins consciemment; mon identité musicale d’auteure-compositrice-interprète pop s’est faite tout naturellement. Mon nouvel album, « Adulescence », c’est un peu la continuité du premier EP que j’ai sorti en 2021: c’est très pop, mais il y a eu une évolution dans la profondeur des textes et des thèmes. C’est beaucoup plus mature, et ça reflète plusieurs réflexions que je me suis faites au courant des deux dernières années.
Comme plusieurs artistes, la pause de la pandémie m’a fait remettre en question plusieurs aspects de mon art et de ma personne, et j’ai écrit avec une expérience différente et une inspiration plus profonde. J’ai vraiment eu de la chance que le confinement m’ait servie!
Présente-moi ton nouvel album.
Dans ce nouvel album, il y a beaucoup de sonorités pop évidemment, mais aussi moderne, électro et reggaeton…Il traite de sujets plus difficiles qui caractérisent le passage vers l’âge adulte, comme les nombreuses crises existentielles, les peines d’amour et le chaos que ces expériences engendrent.
Mais c’est un album qui parle aussi de santé mentale, notamment avec l’anxiété, et d’apprendre à faire la paix avec le passé tout en naviguant dans des émotions à vif, à l’image du début de la vingtaine. Mais tout ça est abordé sur un ton léger, même si ce sont des sujets plus sérieux…On vit dans une époque si lourde et difficile, que j’ai comme ferme intention que ma musique ne déprime pas les gens! 😉
En deux mots, qu’est-ce qui définit ce nouvel album ?
Pop, mais réfléchi. Ce sont les deux mots qui me viennent en tête, parce que c’est vraiment un album qui se prête bien à écouter distraitement en voiture, par exemple, ou au quotidien, et qui va te soutenir dans ta journée, te donner de l’énergie et du moral. Mais par contre, si tu es plutôt d’humeur à analyser les thèmes et les sujets dont l’album traite, et que tu portes une attention aux paroles et à l’histoire des chansons, l’album appelle également à ce genre d’écoute plus active.
Sur cet album, tu t’ouvres sur tes problèmes d’anxiété. Pourquoi avoir décidé d’en parler ? Après avoir délivré tes émotions de cette façon, comment te sens-tu maintenant ? Si c’était à recommencer, est-ce que tu ferais ça différent ?
J’ai décidé d’en parler ouvertement parce qu’à l’époque, lorsque j’étais à mon pire, je ressentais énormément de culpabilité de me sentir différente des autres, ce qui me faisait sentir seule et isolée. Au bout du compte, ce sont les témoignages de gens sur internet que je ne connaissais pas, mais qui ont vécu la même chose que moi qui m’ont appris non seulement que j’avais besoin de guérir, mais qui ont fait en sorte que je me sois sentie validée.
Aujourd’hui, maintenant que j’ai passé au travers, je me dis que si je peux être cette personne pour quelqu’un d’autre, toutes ces difficultés n’auront pas été en vain! Par le fait même, si c’était à recommencer, mais que je savais que mon passé et mes chansons auraient le privilège d’aider le futur d’autres personnes, je n’y changerais rien. Je suis fière du travail de guérison et du chemin que j’ai parcouru pour m’y rendre.
Par contre, après avoir su à quel point j’allais me sentir mieux aujourd’hui, je serais peut-être allée chercher de l’aide avant…J’aurais tellement pu profiter du début de ma vingtaine, j’ai manqué tant de partys et d’opportunités de m’amuser!

Pourquoi l’avoir intitulé « Adulescence » ?
En voyant les chansons que j’ai sélectionnées pour faire l’album, je me suis rendu compte qu’elles avaient toutes un fil conducteur et un point en commun. Chacune à leur façon, et sous différents thèmes, ce sont toutes des chansons qui témoignent de mon passage à l’âge adulte et de la difficulté que cette transition a signifiée pour moi à cette époque de ma vie.
Je pense aussi que « Adulescence » est un mot qui est souvent employé de façon péjorative, mais qui résume pourtant comment tant de gens de tous âges se sentent; ni adolescent, ni adulte, et parfois un peu essoufflés par la vie et ses responsabilités…
J’ai choisi de tourner l’attention de l’album sur ce thème, mais en réalité, ce sont des chansons que j’aurais tout aussi bien pu écrire à 30, 40 ou 50 ans. Ce sont des thèmes universels et des sentiments qu’on peut ressentir à toutes les époques de nos vies. Je crois vraiment que cet album peut plaire à tout le monde, peu importe le groupe d’âge!
Quelle est la pièce coup de cœur de ton nouvel album ?
« L’art de l’amour » vient me chercher chaque fois. C’est beaucoup d’émotions concentrées en une seule chanson. L’écriture de celle-ci a tellement été facile et naturelle; c’était moi, toute seule, pendant les premiers matins du confinement de mars 2020, avec une guitare, un cahier pour écrire, un café à la main et une boîte de « Timbits » en guise de déjeuner. J’aime tellement ce qu’on a réalisé ensuite en studio, plus d’un an plus tard! C’est pop, mais avec des touches électros et des influences très EDM, un style que je n’avais jamais abordé auparavant! J’aime beaucoup les contrastes entre les couplets et les refrains qui représentent bien le chaos et les émotions à vif que je voulais transmettre.
Également, si je me fie à la réaction des gens qui m’écrivent, beaucoup ont accroché sur « ADN », le dernier single que j’ai sorti! J’ai fait mon premier vidéoclip à vie pour cette chanson au printemps dernier, et c’était toute une expérience! J’ai vraiment adoré! Le tournage a duré presque 12 heures, et c’était une journée bourrée de défis qui demandait beaucoup de concentration…pourtant, j’ai eu tellement de « fun », j’avais l’impression qu’elle est passée très vite!
Quelle est la chanson sur « Adulescence » qui te ressemble le plus ?
C’est difficile à répondre, mais si j’avais à choisir, ce serait la chanson « Tout va bien » ; Le son est léger, délicat, sur un ton presque comique, mais si on écoute les paroles comme il faut, on se rend compte que c’est une chanson qui traite d’un sujet plutôt sérieux, l’anxiété et la santé mentale, et que c’est finalement beaucoup plus « deep » et réfléchi que ce que la musique ne laisse paraître. Je pense que les gens peuvent me percevoir comme une personne hyper candide, toujours de bonne humeur et légère, mais intérieurement, je réfléchis beaucoup et j’ai un énorme besoin d’introversion et de solitude! C’est un peu paradoxal, d’être une chose et son contraire, mais je ne pourrais jamais être à 100% introvertie ou extravertie. Ce sont deux facettes qui me rendent complète.
Si tu avais sorti ton premier album durant ton adolescence, à quoi aurait-il ressemblé ?
Ça aurait été un TOUT AUTRE album. Jamais je n’aurais pu faire un album aussi pop et dynamique! J’ai commencé à écrire des chansons à 13 ans, mais jusqu’à l’âge adulte, je n’écrivais que des ballades au piano. J’étais une ado définitivement posée et timide, et mes chansons étaient beaucoup plus tristes et calmes, totalement à l’opposé de la pop qui se veut légère et dansante que je veux offrir aujourd’hui.


Comment s’est passé ton lancement qui a eu lieu le 22 mai dernier ?
Tellement bien! Mon lancement d’album a dépassé toutes mes attentes. Ça faisait si longtemps que j’y travaillais, et on a dû le reporter tellement de fois à cause de la COVID, que parfois j’avais l’impression que je n’y arriverais jamais!
Finalement, tout s’est passé à merveille, l’ambiance était superbe, les gens ont été vraiment chaleureux et on a rempli au complet la salle Le Ministère à Montréal…J’ai eu un plaisir fou à faire toutes les chansons de mes deux albums avec deux musiciens et deux danseurs. J’ai même dansé des bouts de chorégraphies avec eux, ce qui était une première pour moi!
J’avais vraiment l’impression de réaliser un rêve, parce que c’est ce genre de spectacle que j’ai toujours voulu faire, avec beaucoup de couleurs, de dynamisme, du visuel et de la danse. Maintenant, j’ai juste vraiment hâte à la prochaine fois!


Quelle est la suite des choses ?
Maintenant que l’album est sorti, il faut le promouvoir! Je suis une artiste indépendante qui s’autoproduit, je n’ai donc pas de maison de disques ou d’équipe marketing pour s’occuper de la publicité. Si je veux que ma musique se rende aux oreilles du public et que les gens écoutent ma musique, je dois le faire par moi-même…
Je suis active sur les réseaux sociaux (@arielle.officiel) et j’aime beaucoup écrire et jaser avec les gens sur ceux-ci. Mon souhait serait d’élargir ma « fanbase », afin d’avoir le privilège de remplir des plus grandes salles et de faire des spectacles, au Québec ou ailleurs!
D’ici là, je vais me remettre à mon piano et à mon crayon, puisque j’ai déjà recommencé à créer et écrire pour un troisième album! Je ne sais toujours pas à quoi il ressemblera, mais c’est certain qu’il sera pop et que je veux continuer à faire bouger les gens et leur donner le sourire. On continue!