
Le Théâtre du Rideau Vert termine sa saison avec la pièce Traces d’étoiles. Présentée jusqu’au 10 juin, cette œuvre américaine, traduite par Maryse Warda et mise en scène par Pierre Bernard, nous fait vivre des moments intenses où l’invraisemblable amène deux êtres à l’âme blessée à se rencontrer. Mylène Mackay et Maxim Gaudette se glissent dans la peau de ces deux protagonistes ébranlés par la vie. Ils offrent aux spectateurs une extraordinaire performance!
Rencontre incongrue de deux être blessés
Dans une cabane en Alaska en plein cœur d’un « White out », tempête de neige où on ne voit ni ciel ni terre, Henry Harry voit tout à coup sa tranquillité brisée. Une femme en robe de mariée et souliers de satin aux pieds arrive brusquement chez lui dans la nuit. Mêlée, paralysée par le froid et complètement exténuée, elle s’écroule et s’endort profondément.
Au réveil de Rosannah, Henry s’occupe d’elle pour lui redonner le souffle. Mais pourquoi cette femme a-t-elle fait brusquement éruption dans sa vie? Que vient-elle faire dans le Grand Nord, en plein milieu d’une tempête? Pourquoi est-t-elle en fuite? Pourquoi lui vit-il comme un ermite?
Coincés dans cette cabane, ces deux parfaits inconnus ont de la difficulté à parler de leur passé. Leurs échanges sont parfois houleuses, parfois tendres.
Ainsi, on apprend que Rosannah, en détresse et au caractère imprévisible, a fui avant de dire oui à son fiancé et a conduit du Sud des États-Unis jusqu’en Alaska sans s’arrêter, sauf pour prendre de l’essence et grignoter.
Quant à Henry, cuisinier sur une plate-forme de forage, il vit isolé à la suite du deuil de son enfant par manque de vigilance et se questionne à savoir s’il aurait pu faire autrement. Il préfère vivre seul son tourment.
Les deux fuient, se rencontrent et essaient de comprendre.
Un duo parfait!
Dirigé au quart de tour par le metteur en scène Pierre Bernard, le jeu de Mylène Mackay et Maxim Gaudette est parfait. On les sent bien ancrés dans leurs personnages troubles, avec beaucoup d’humanité. Durant l’entièreté de la pièce, ils sont présents sur scène et se donnent la répartie avec une authenticité captivante. Ils sont prisonniers de cet espace clos et étouffant et exploitent cet environnement de façon tangible.
Chapeau à ces deux comédiens qui nous montrent leur habileté au théâtre et à quel point ils ont du talent!
Une scénographie significative
Une tempête de neige monstre, visible à la fenêtre haut placée, traduit l’enfermement de ces deux êtres tourmentés. Le décor tout en angles (mur, plancher), de Daniel Castonguay, reflète l’angoisse des personnages, leurs émotions, leurs blessures. Tout est mis en place pour créer une ambiance asphyxiante et tumultueuse que supportent admirablement bien les deux comédiens.
Une deuxième vie à Traces d’étoiles
Le metteur en scène Pierre Bernard présente pour la deuxième fois la pièce Traces d’étoiles. La première fois en 1992, il avait obtenu un succès retentissant. L’ovation dans la salle laisse croire qu’il en sera de même cette année.
« Je fréquente cet univers une seconde fois, avec la même ferveur et la même émotion que j’avais il y a plus de trente ans. J’y distingue encore le même ébranlement de l’âme humaine, et toute sa complexité. », souligne-t-il
Traces d’étoiles jusqu’au 10 juin
Un peu plus de 30 ans après sa création en français à Montréal, la pièce Traces d’étoiles de Cindy Lou Johnson est présentée au théâtre du Rideau Vert jusqu’au 10 juin.
Texte : Cindy Lou Johnson
Traduction : Maryse Warda
Mise en scène : Pierre Bernard
Interprétation : Mylène Mackay, Maxim Gaudette
Crédit photo : François Laplante Delagrave
Texte : Micheline Rouette