
Le premier concert de la série « Cartes Blanches » de Pro Musica, mettait en vedette le célèbre pianiste Sergei Babayan, dimanche 15 janvier à la Salle Pierre-Mercure à Montréal.
Né en Arménie dans une famille de musiciens, Babayan a débuté ses études avec Georgy Saradjev, et les a poursuivies au Conservatoire de Moscou avec Mikhail Pletnev, Vera Gornostayeva et Lev Naumov. Aujourd’hui âgé de 62 ans, Babayan est un citoyen américain qui vit à New York.
Si de brillants élèves profitent de ses talents de pédagogue, ce sont d’abord ses fascinantes qualités d’interprète qui lui valent tous les honneurs. Parcourant le monde depuis plusieurs décennies, Babayan a remporté de nombreux concours internationaux majeurs, et a collaboré avec des chefs d’orchestre de renom, et se produit régulièrement dans les salles les plus prestigieuses du monde, notamment le Carnegie Hall, ou le Wigmore Hall de Londres.



Reconnu pour son interprétation des œuvres de Bach, l’artiste ouvre son récital par la célèbre transcription de la Chaconne pour violon en ré mineur, réalisée par le pianiste-compositeur Ferruccio Busoni. La précision et la fluidité du jeu confirment son affinité avec Bach.
Comme il a confié durant un entretien l’an dernier: « Bach est très important pour moi, car il me permet de conserver un équilibre. Si vous êtes dans une période de votre vie où vous avez l’impression de perdre vos repères, il vous redonne une sorte d’énergie spirituelle, métaphysique. Il y a d’autres compositeurs qui vous aident à trouver l’harmonie, mais Bach reste pour moi le premier. »
Il enchaîne avec trois arrangements de lieder de Schubert réalisés par Liszt, dont Der Müller und der Bach, Gretchen am Spinnrade, et Auf dem Wasser zu singen. Après une sélection d’Études-tableaux et de Moments musicaux de Rachmaninov et la Ballade no 2 de Liszt, mettant en lumière l’extraordinaire dextérité du pianiste, Sergei Babayan conclut son concert avec le cycle des Kreisleriana de Schumann, puis revient sous les applaudissements pour offrir au public l’Aria de Goldberg Variations de Bach.


À son meilleur, l’approche immersive du jeu de Babayan peut emporter le spectateur. Il y a un sentiment de raffinement dans tout ce qu’il fait, gardant de la réserve, même dans les passages les plus techniquement exigeants, nous plongeant dans la magie qui coule sous les doigts de ce géant du piano, faisant des deux heures de concert, un instant aussi fragile que lumineux.