
Le festival Juste pour Rire avait eu la bonne idée de donner, ce mercredi soir (20 juillet), carte blanche à l’humoriste.
Le trublion a débuté par la dérision, son arme favorite, devant une salle du théâtre de Maisonneuve affichant complet, parterre et les deux balcons pleins à craquer. Il a annoncé que le spectacle serait capté et que donc il y aurait des hauts et des bas, mais que de toute façon « des rires seront rajoutés au montage », preuve à l’appui sur un écran. Ajoutant que « l’on devrait rire toute la soirée, car cette année avec la pandémie les humoristes français n’ont pas pu venir ». Ensuite les gags se sont enchainés pour illustrer les aléas du direct : il a échappé son micro qui a volé et n’a plus fonctionné, une enceinte audio a explosé et fumé, un assistant est arrivé avec un extincteur, mais a aveuglé un autre technicien avec la mousse, puis une urgentiste est intervenue. Pierre-Yves Roy-Desmarais a fini pantalon sur les genoux, caleçon rouge apparent, à quatre pattes sur les planches. L’animateur en a fait des tonnes, mais il excelle dans cet art et le public l’a suivi dans ses délires. En live, la famille Ouellette s’est chargée de la musique à merveille pour l’entrée des artistes ou lors des transitions.
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Lors de la séance de 21 h, c’est Sam Boisvert qui est entré sur scène en premier, présenté par Pierre-Yves Roy-Desmarais comme un tellement bon ami qu’il « connaît sa commande St-Hubert ». D’apparence sérieuse, il est étonné d’être humoriste en ajoutant : « Je vous mens, vous me regardez et vous me donnez de l’argent. Qui l’eût cru » ? Il a parlé de son père avec beaucoup d’humour, comme la fois où le jour de la naissance « il a préféré jouer un match de tennis et a perdu en 3 sets .»


Adib Alkhalidey, artiste multidisciplinaire et primé au Gala Les Olivier en 2013, a alterné entre le stand-up classique et un humour plus tranchant comme en annonçant : « Il n’y a que deux Irakiens sur Netflix, Saddam Hussein et moi », faisant référence à sa présence dans la série Humoristes du Monde sur ladite plateforme. Il a décrit sa vie en campagne pour échapper à la ville, mais qui a vite ressemblé à un cauchemar avec des animaux bizarres, imitant le cri strident du renard, un grand moment, celui des oiseaux qui parfois emportent des chats dans le ciel, comme celui de sa voisine. Il a avoué qu’il parle des fois à un arbre appelé Michel, de ses deux ans de chômage comme tous les artistes. Excellent.
Oussama Fares a attaqué avec beaucoup de dynamisme, parlé d’un « truc super, la PCU » en rajoutant « moi pour 2000 par mois j’aurai mis de la dentelle ». Il a raconté sa première journée en ski où tout était blanc, les gens, comme les prix avec du chocolat au lait à 11 dollars et des bouteilles d’eau à 5, ajoutant : « Non merci, c’est bon je vais faire fondre de la neige ». Extraits : « en 2001, se prénommer Oussama, ça a changé un peu l’ambiance […] Mes parents sont venus au Québec pour me donner une bonne éducation et moi pour les remercier j’ai fait humoriste ». Dans le mille.
Daphné Letourneau, seule femme de la séance, est partie avec panache de sa jeunesse où elle voulait être chanteuse. Ou alors quand elle a créé des séries TV : « ça s’est super bien passé, tous les producteurs m’ont dit NON ». Elle développe sur sa vie, son chum qui est une pâtisserie, faisant référence à une émission sur Netflix où les objets peuvent être des gâteaux. La fin de son passage est excellente. Elle arrache un morceau du tabouret sur scène qui est en fait un moelleux au chocolat, trompe-l’œil parfait. Plus sobre, mais tout autant efficace.
Pascal Cameron a fait mouche avec son humour cynique et direct. Les rires débutent dès ses premières mimiques. Puis il a mis les pieds dans le plat pour mettre les gens mal à l’aise : « il doit y avoir des gens vaccinés et d’autres non dans la salle ». Avant se souvenir du soir dans un pub où les gens ont pu enlever leur masque « et certes femmes jeter leur stérilet en l’air ». Il balance sur tout le monde : les générations X, Y, les mononcles, les matantes, les Montréalais « Alors les Montréalais c’est payant un investissement pour un 3 ½ à 600 000 ? », les féministes, etc. Le public est debout, certaines personnes prises de fous rires et ne pouvant s’arrêter.
Phil Roy a abordé le thème de la jeunesse, quand nous nous entendons dire ce que l’on doit faire, de la joie de partir de chez ses parents. Mais aussi de la douleur quand il faut payer la première fois l’épicerie, quand on se rend compte que certains papiers toilette haut de gamme ne sont pas accessibles et qu ‘ « on ne peut s’acheter que celui pour les fesses rouges ». « Tu prends la caisse rapide 10 articles parce que tu ne peux pas t’acheter plus ». Puis parle de sa collection de skates remplacés par une de cactus quand il a emménagé avec sa blonde. Parle aussi de sa venue au spectacle en voiture par la rue Papineau, « car c’est la seule rue ouverte à Montréal ». Grosse présence scénique et jeu avec la salle.
On sent que le public, électrique, avait besoin de cette très belle soirée d’humour à saveur thérapeutique et qui devrait être remboursée par la RAMQ.