
Les deux musiciens et comédiens, unis sur scène comme à la vie, présentaient aux médias, avec leur groupe Comme dans un film, leur nouvel album intitulé Flashback. Nous avons pu échanger avec eux, en marge du mini-concert qu’ils ont donné sur la scène du Cabaret Le Lion d’Or à Montréal.

Dans un style folk-country, les deux artistes Isabelle Blais (chant et percussions) et Pierre-Luc Brillant (chant et guitare acoustique) ont enchainé des chansons francophones mythiques en les emmenant dans leur univers, modifiant les refrains par des arrangements musicaux et vocaux subtils. Ils le font intelligemment, tout en finesse, respectant les titres originaux. Les chansons sont identifiables et la nostalgie s’installe rapidement pour les plus de 40 ans.
Le duo se lance des regards complices et fait preuve d’un humour bienveillant pendant les enchainements. La représentation débute par un jeu théâtral où une jeune femme (Isabelle) appelle un animateur de radio d’une émission spéciale années 80 (Pierre-Luc), pour lui demander de passer un disque de France Gall, Samba Manbo (titre de 1976 écrit par Michel Berger), J’ai demandé à la Lune par Indochine (2002), Qu’est-ce que t’es belle par Marc Lavoine puis repris en duo avec Catherine Ringer des Rita Mitsouko (1987), ou encore La grippe par Brigitte fontaine et Jacques Higelin (1967).
Les harmonies sont magnifiques entre les deux voix qui se marient à merveille. Les deux musiciens du groupe qui les accompagnent, Dominique Laroche (basse) et Nicolas Grimard (guitare électrique et lap steel), complètent parfaitement le tableau.
Vous avez pour cet album repris des chansons francophones cultes, une belle idée, mais aussi un potentiel piège ?
Pierre-Luc Brillant (PLB) – Premièrement, nous voulions des chansons qui n’avaient pas été trop reprises, car le but était de faire redécouvrir des titres oubliés, mais qui se jouaient tellement quand on était jeune. Souvent c’était avec des sons qui ont très mal vieilli, mais de belles chansons, qu’il fallait rendre plus folk.
Isabelle Blais (IB) – Sur les originaux il y avait des synthétiseurs. Nous avons une approche plus acoustique, avec certes parfois du lap steel et de la guitare électrique, mais sans batterie. Nous ne voulions pas les parodier, nous les aimons pour vrai ces chansons. Il fallait les faire nôtres, les assumer.

Des chansons comme Qu’est-ce t’es belle, duo mythique entre Marc Lavoine et Catherine Ringer, sont un formidable terrain de jeu artistique et scénique pour vous deux ?
PLB – Aussi un couple qui chante avec chacun sa partie. En emmenant cette chanson à l’acoustique, on ouvrait un monde. Notre impression c’est qu’elle aurait pu être faite comme ça à l’époque. C’est vrai aussi avec le titre La grippe de Brigitte Fontaine, dans le même principe, un couple qui se répond. Nous avons construit cet album en s’amusant, en grattant avec les musiciens, nous nous sommes tellement réapproprié les chansons que cela n’a jamais été lassant.
Pour J’ai demandé à la Lune du groupe français Indochine, n’était-il pas difficile de sortir de l’original…
IB – Oui. C’est en plus la seule de l’album qui a été reprise plusieurs fois, et récemment. La plus fraiche aussi, datant de 2002, par rapport aux autres qui sont des années 70 et 80. Nous nous sommes dit : «Cela n’est pas grave, on va la faire quand même différemment».
Comment se sont déroulées les sessions d’enregistrement ?
PLB – Nous avons tout enregistré en trois ou quatre jours. Nous avions peu de temps, on s’est enfermé sans avoir vraiment répété, à la vieille méthode. C’était un peu un «live studio». Nous étions au studio B-12 à Valcourt, une ancienne maison des bombardiers, un manoir art décor.
IB – Nous avons travaillé en équipe. Cela a été un défi, dans un endroit isolé et tellement inspirant.
Est-ce que cet opus correspond à un moment de votre vie, pourquoi est-il arrivé maintenant ?
PLB – Pour être très franc, la pandémie nous a un peu scié, nous avions des tournées de prévues. Nous ne savions pas si les salles de spectacles allaient rouvrir un jour, cela n’était pas propice à la créativité.
IB – Nous devions aller notamment en Belgique, tout a été annulé. La finalité de faire ce qu’on fait, c’est de le présenter sur scène. Quand on a plus cela, on dirait qu’on perd quelque chose.

Comme vous êtes des amoureux de la chanson francophone est-ce que finalement ce n’était pas un bon moment pour cet album ?
IB – Nous c’est clair, chanter en français c’est vraiment important, cela fait partie de nos valeurs premières. Nous étions inspirés par du nouveau matériel et finalement cela s’est avéré un exercice super créatif, avec un effet «wouah». Cela nous a remonté le moral, une très belle expérience.
PLB – Cela nous a remis sur les rails de la création.
Quelles sont les reprises qui vous ont donné le plus de fil à retordre ?
PLB – Une chanson à la base qu’on avait déjà enregistrée, Le réel facile [chantée en 1974 par la Québécoise Emmanuëlle et écrite pas Stéphane Venne] qui nous a pris des mois de travail.
IB – Une chanson des années 70 très disco. On a fait plusieurs essais, au départ country rigodon qu’on a gardé finalement uniquement pour la fin.
PLB – Pour Un soir de pluie [chantée en 1987 par Clémence Lhomme de Blue Trottoir] aussi. J’avais l’impression que c’était une vieille chanson comme Les feuilles mortes, alors on a voulu la ressortir commun un vieux standard, plus chaleureux.
IB – Oui un rythme très samba, nous on y met un côté plus jazzy. On a fini par trouver ce qu’on voulait avec le temps.
Pour défendre cet album sur scène on peut s’attendre à des mises en scène particulières et de l’humour, comme vous nous y aviez habitués ?
PLB – Toujours, les entre-chansons sont aussi importantes que les chansons. Nous gardons notre personnalité. Chaque spectacle est une entité et surtout pas une suite de chanson.
IB – Dans les chansons comme telles, on ne joue pas de personnage, on garde cela le plus sobre possible, la musique pour la musique. Trouver des idées, des petits bijoux bien fun entre les chansons, cela nous plait bien.
Un mot sur les musiciens qui vous accompagnent ce soir ?
IB – Nicolas Grimard [guitare électrique et lap steel] je le connais depuis 30 ans et Dominique Laroche [basse] est un ami de jeunesse…
PLB – C’est très important pour nous de jouer avec des copains.


