
Note attribuée par notre chroniqueur Lilian Largier
Critique du film Eiffel, sortie en salle au Québec le 29 avril 2022
Le spectateur est invité à suivre Gustave Eiffel depuis son retour de New York où il a construit la structure métallique de la statue de la Liberté, jusqu’à la finition du premier étage de la tour. Nous découvrons que le génial ingénieur français a révolutionné son époque avec des techniques novatrices, les coulisses de sa décision de se détourner du métro pour se concentrer sur la construction d’une tour métallique dans la cadre de l’exposition universelle à Paris en 1889, par défi et par amour, et que l’idée de la tour ne venait pas directement de lui.
Si la construction de l’édifice mondialement connu tient une part importante et jalonne le récit, l’histoire d’amour fou prend beaucoup de place, celle entre Adrienne Bourgès et son amant Gustave Eiffel, deux anciens amoureux séparés brutalement quelques années auparavant. Les acteurs Romain Duris et Emma Mackey sont excellents, dans la retenue, la dramaturgie et la passion. Ils sont touchants. Les seconds rôles sont au diapason et jouent juste comme Pierre Deladonchamps dans le rôle d’Antoine de Restac (ancien collègue d’internat d’Eiffel et mari d’Adrienne), tout comme Armande Boulanger, dans celui de la fille d’Eiffel.
Bande-annonce
Les images sont magnifiques de bout en bout, mises en valeur pas la musique féérique d’Alexandre Desplat.
On voit que le réalisateur, Martin Bourboulon, a beaucoup travaillé pour créer de magnifiques tableaux : la reconstitution du chantier de la tour Eiffel, le cabinet d’ingénierie d’Eiffel, les plans, les maquettes, les rues de Paris, les salons feutrés remplis de fumée de tabac dont le premier à l’ambassade des États-Unis pour la remise de sa médaille de citoyen d’honneur. Jusqu’à des plans en longue focale avec Romain Duris traversant un pont parisien, coiffé de son chapeau haut de forme. Le grain des images et les lumières de Matias Boucard sont sublimes et différents en fonction des scènes, comme les effets spéciaux d’arrière-plan. Rien n’est laissé au hasard dans ce très beau film.
Martin Bourboulon a eu le courage de s’attaquer à un monument du patrimoine français et mondial, s’appuyant sur le scénario de Caroline Bongrand. Pendant 20 ans, de nombreux réalisateurs n’ont pas osé. L’angle du film est assumé, ce que précise la présentation du film : «bien que ce film ne soit pas un biopic et encore moins un documentaire […]» ou tout au début avec la mention «librement inspiré de faits réels».
En 2023, la France fêtera le 100e anniversaire de la mort de Gustave Eiffel, et en 2024 les Jeux olympiques où la charmante Dame de fer sera à l’honneur, en première ligne. Ce film arrive donc enfin, à point nommé.
Le film est agréable de bout en bout. On ne s’ennuie pas une minute, entre le défi de la construction de la tour et les tensions avec les riverains et le personnel du chantier, et la passion torturée des deux amants et personnages principaux, tout en apprenant des choses sur Gustave Eiffel. Un très bon moment, du grand et beau spectacle.
Pourtant il manque un petit quelque chose pour déclencher des OUAH ! Peut-être une meilleure mise en valeur des excellents seconds rôles ? … Le titre Eiffel pourra également frustrer les passionnés de films historiques, car Martin Bourboulon prend quelques largesses avec l’histoire et les costumes, et ne s’en cache pas…
Synopsis
Venant tout juste de terminer sa collaboration sur la Statue de la Liberté, Gustave Eiffel est au sommet de sa carrière. Le gouvernement français veut qu’il crée quelque chose de spectaculaire pour l’Exposition Universelle de 1889 à Paris, mais Eiffel ne s’intéresse qu’au projet de métropolitain. Tout bascule lorsqu’il recroise son amour de jeunesse. Leur relation interdite l’inspire à changer l’horizon de Paris pour toujours.
Distribution
Romain Duris, Emma Mackey et Pierre Deladonchamps