
Le tapis bleu du film Crépuscule pour un tueur de Raymond St-Jean avait lieu au Cinéma Impérial le 28 février dernier. Nous avons profité de l’évènement pour nous entretenir avec les acteurs Éric Bruneau, Rose-Marie Perreault et Benoît Gouin ainsi que Anglesh Major.
Entrevues avec des artistes de la distribution
Pourrais-tu nous parler de ton personnage ?
Éric Bruneau : J’interprète Donald Lavoie qui, dans le milieu des années 70, était un des tueurs à gages attitrés du clan des Dubois. À cette époque, Montréal est divisé en différents clans, les Italiens, les Irlandais et la gang de l’Est. Quant à mon personnage, il était dans la gang du Sud-Ouest tenue par les Dubois. Au cœur de ce clan de 200 personnes, il y avait Donald qui baignait dans la criminalité.



Rose-Marie Perreault : J’interprète Francine, la femme de Donald. C’est une femme qui aime son mari et son enfant, mais elle se retrouve aux prises avec trop de violence dans sa vie. […] Elle voudrait que son mari change et qu’il sorte de ce milieu-là. Finalement, elle se rend compte que le clan Dubois a trop de poids dans sa vie. Donc, c’est une femme qui prend les moyens pour s’émanciper. Il y a un instinct de survie qui va faire en sorte qu’elle va devoir quitter cet homme-là, et changer de vie.
Benoît Gouin : Claude Dubois fait partie de la famille Dubois, c’était la pègre québécoise du Sud-Ouest dans la région de Montréal. C’est une famille qui était extrêmement puissante, et forte, qui a été élevée tissée serrée. Chacun étaient pauvre. Ils ont rapidement compris que s’ils se tenaient et qu’ils utilisaient la violence et la peur ensemble, ils pouvaient contrôler le monde. Ils sont devenus un clan très fort. Ce clan-là a été confronté à une partie de la pègre québécoise, de la pègre irlandaise et de la pègre italienne.
Claude Dubois, le personnage public, est un criminel notoire. C’est un personnage qui n’est pas purement inventé. […] Évidemment comme comédien, tu ne juges pas ton personnage, même s’il s’est tourné vers ‘’The Dark side of the force’’.
Il est un homme de pouvoir, extrêmement puissant, extrêmement violent, mais c’est un fin stratège. C’est quelqu’un d’extrêmement brillant, qui a une fibre familiale extrêmement forte et extrêmement développée. […] Le film est justement sur cette fidélité entre lui et son homme de main principal, Donald Lavoie. Il y a quelque chose qui s’effrite dans leur relation à un moment donné et puis c’est un test ; C’est qui ta famille ? Qu’est-ce que tu es prêt à faire pour me prouver que ta famille c’est moi, c’est nous, les Dubois ?
J’ai voulu en faire un personnage qui était fidèle à ce que l’on connait de l’histoire, parce que le contexte dans lequel évolue notre histoire est un contexte réel. Évidemment, on est parti de ces faits et on a romancé (le récit est librement inspiré). Alors, j’ai essayé d’incarner un personnage qui voulait être le plus proche de son tueur à gages et qui lui en est fidèle et intraitable. Lorsque tu es du côté de Claude, tu découvres que c’est un homme qui peut être extrêmement doux, chaleureux et qui peut te pardonner des choses s’il sent que ton allégeance est complètement à lui.


Est-ce qu’il y a une scène que tu as trouvée plus difficile à jouer ?
Éric : Je te dirais que le plus difficile, c’était au début du tournage. Je cherchais encore mes repères pour mon personnage, mais après, ça s’est libéré. […] J’ai aimé tout le tournage, il y a plein de scènes que j’ai trouvées difficiles, par exemple celles avec le frère de mon personnage. Il y a une journée au complet où mon personnage se sauve dans l’hôtel en faisant des cascades. C’est toujours agréable de passer de quelque chose de plus intérieur et intense à quelque chose de plus physique. Le rôle me permettait ça. Ça a vraiment été plaisant à faire.
Rose-Marie : Je pense que c’est juste le moment avant de commencer à tourner quand le personnage était clair sur papier. En même temps, j’avais plein de questions. Pourquoi cette femme restait-elle ? Comment justifier certains de ses choix ? C’est en en parlant, en ajoutant des couleurs et en approfondissant sur le plateau même que j’ai pu me donner de la confiance et y prendre du plaisir.
Benoît : Non, je te dirais que j’aime jouer ces scènes parce que ce sont des personnages qui ont des valeurs à l’opposé des miennes. On s’entend que je ne suis pas un criminel notoire (rires) et je sais que dans mon métier, j’ai le droit d’être terrible. Donc, j’ai juste à m’imaginer les moments dans ma vie où j’ai eu envie, d’excès de colère, où tu te dis, par chance que je suis un être civilisé (rires). Je n’ai pas trouvé de scènes difficiles. Je te dirais que j’ai eu énormément de plaisir à jouer ces facettes, de la vie, qui ne sont pas les miennes. Ce qui est formidable dans le travail d’un comédien(ne), c’est de jouer des choses qu’on ne vit pas.
Je n’ai rien trouvé particulièrement difficile, si ce n’est que c’était en pleine pandémie. Il fallait toujours enlever et remettre nos masques. J’avais de faux favoris qui accrochaient toujours, décolle-recolle (rires) c’était difficile et déconcentrant. Les consignes sanitaires qu’il fallait respecter relativement au masque sont la chose qui m’a agacé le plus dans le tournage.





Éric, j’ai lu que tu avais des inquiétudes par rapport à la glorification d’un criminel. Est-ce que tu pourrais m’en parler ? Est-ce que tu es satisfait du résultat final ?
Éric : En travaillant le rôle et en effectuant des recherches sur lui, j’ai ressenti une pression. De prime abord, le petit gars en moi qui regardait des films de gangster était bien excité de pouvoir jouer un tueur à gages. Quand tu te mets à réaliser le réel impact que le vrai Donald a eu sur la vie des gens autour de lui et de sa famille, j’essayais juste de trouver le bon angle pour jouer ce gars-là. Ce n’est pas juste quelqu’un qui tue du monde pour tuer du monde. Je pense qu’à un moment donné, il avait un certain poids sur lui. Je voulais que ça se sente dans mon interprétation que c’était une job pour lui. Quand j’ai compris ça, ça m’a comme enlevé un certain poids.
Rose-Marie : Je suis complètement contente du résultat final. La violence n’est pas gratuite. On raconte une époque aussi et un système qui était bien établi dans la ville dans les années 70. Le côté historique était super intéressant et pertinent à revisiter.


Entrevues avec des invités
Anglesh Major
Peux-tu nous mentionner la raison pour laquelle tu es venu voir le film ce soir ?
C’est une belle invitation, une belle brochette d’acteurs, puis je ne sors pas souvent (rires). […] Je travaille énormément. Quand j’ai des moments de congés souvent, je préfère rester à la maison et je ne sors pas trop. Ce soir toutefois, je me suis dit que j’avais envie de venir et c’est le fun de vivre une première.
On connaît tous ton projet principal présentement (STAT). Mis à part celui-là, est-ce que tu as quelque chose qui s’en vient, est-ce qu’on va te voir quelque part ?
Pour l’instant non, j’essaie vraiment de focuser sur STAT, c’est tellement prenant et j’ai envie de me concentrer là-dessus […] J’aurais peut-être des tournages cet été, des petits rôles ici et là. On ne sait pas encore, on ne peut rien dire en fait pour le moment.
Est-ce que ton rôle dans STAT a changé quelque chose pour toi dans ton métier de comédien ?
Oui, d’accepter où je suis rendu. Ça va tellement vite. Tout est tellement rapide que tu n’as pas le temps de revenir sur ce que tu as fait. […] Ça avance tellement vite qu’il y a comme une espèce d’acceptation qu’il faut absolument avoir. Il faut se dire à ce moment-là c’est ce que je pouvais donner et j’ai tout donné. Ensuite, on passe à autre chose. Ça aide à accepter le travail qu’on fait. Souvent, je trouve que je suis très critique envers moi-même. Ça m’a aidé à me dire ; relaxe un petit peu et fais tes trucs. C’est moins bien parfois, mais ce n’est pas grave.

Le film Crépuscule pour un tueur sera à l’affiche dans un cinéma près de chez vous dès le 10 mars 2023 !
Synopsis
1979. Tueur à gages redoutable, Donald Lavoie (Éric Bruneau) travaille sous les ordres de Claude Dubois (Benoît Gouin), le boss de la pègre du sud-ouest de Montréal. L’assassin prend sous son aile la jeune recrue Serge Rivard (Joakim Robillard), un bouillant petit malfrat qui ne tarde pas à le compromettre dans un double meurtre salopé. Grâce aux avocats chèrement payés par le clan Dubois, Donald échappe à la justice, mais ce n’est que partie remise pour le sergent-détective Roger Burns (Sylvain Marcel) qui cherche à convaincre Lavoie de devenir délateur. Pour tester la dévotion de son tueur, Dubois lui demande d’éliminer un proche de son entourage. Lorsqu’il désobéit à cet ordre, Donald s’associe avec d’autres criminels pour planifier un vol de banque afin de financer son exil vers le Sud. Traqué par le clan Dubois d’un côté et par les enquêteurs de Burns de l’autre, Donald se retrouve pris dans un étau qui se resserre.
Autres photos du tapis rouge















