Après quatre belles saisons, la comédie Contre-offre a pris fin avec la diffusion du dernier épisode le 26 mars 2024. Voici une entrevue réalisée avec Marie-Chantal Nadeau, idéatrice de la série, qui a été marquée à tout jamais par cette aventure.
Prenez note : La diffusion étant chose du passé, vous pouvez toutefois binge-watcher l’ultime saison de cette série qui regroupait les acteurs et actrices Marie-Soleil Dion, Emmanuelle Lussier-Martinez, Noémie O’Farrell, Antoine Vézina, Tommy Joubert, Normand D’Amour, Pierre-Yves Cardinal, Charlie Pierre, Iannicko N’Doua, Patrick Emmanuel Abellard, ainsi que Dominic Paquet!
Qui est Marie-Chantal Nadeau ?
Je suis une personne qui adore jaser avec le monde. D’ailleurs, ma fille déteste venir à l’épicerie avec moi parce que je finis toujours par jaser avec quelqu’un ici et là! Je viens d’un petit village en Beauce, je suis née sur une ferme et ça fait partie de qui je suis. J’ai trois sœurs et un frère et dans toutes les histoires que j’écris, il y a très souvent des frères et sœurs. Les relations familiales sont à la fois les plus simples et aussi les plus complexes et profondes. Je suis une fille de famille, je me considère comme une des personnes les plus chanceuses du monde, car la vie m’a offert une famille en or! Je n’échangerais rien contre ce privilège d’avoir une grande famille et d’avoir les parents que j’ai eus.
Comment est venue l’idée de Contre-offre avec Benoît Finley ?
Je suis comédienne et lors de ma première grossesse, j’essayais de me trouver quelque chose à faire une formation pour avoir une certaine stabilité dans ma vie. Et pour être franche, je n’ai jamais été aussi instable que lorsque j’étais courtière! Je me souviens qu’à l’époque, je ne comprenais pas comment je pouvais continuer, c’était extrêmement difficile et il m’arrivait toujours des situations très absurdes avec les clients! J’avais la poisse, je pense. Et peut-être que c’était le destin, pour que je puisse écrire sur le sujet, la vie voulait me pousser à boutte!?
Pour ma part, l’idée de la série est née un matin alors que je venais de perdre une transaction de laquelle en découlaient deux autres et donc un revenu d’environ 20 000 dollars dont j’avais cruellement besoin. J’allais porter ma fille à la garderie quand j’ai reçu la mauvaise nouvelle au téléphone. (Dans une autre entrevue peut-être que je pourrais vous raconter ses péripéties!) Bref, je suis dans ma voiture et depuis six mois je travaille chez RE/MAX. Depuis 6 mois, je paie plus de 1 000$ pour aller travailler et rien n’est encore rentré…
C’est pire qu’être comédienne, je paie pour travailler! Mais surtout le pire, c’est que je ne passe pas mes soirées et fins de semaine avec ma fille, mais avec des clients capricieux! Longue histoire pour dire qu’à ce moment dans ma voiture je pleure et je pense à une histoire de famille, trois sœurs, dans le domaine de l’immobilier, un Marcel… Puis j’ai commencé à écrire dans un petit cahier mes aventures, mes clients… Dans la même semaine je me suis inscrit à un atelier de jeu avec Benoît Finley, je devais faire quelque chose d’artistique, la business j’étais plus capable. Pendant le stage, j’avais plein d’appels, de messages et j’en ai parlé à mon futur complice Benoît. Je lui ai dit que je vivais une période très difficile et que ce domaine était très loin de mes valeurs. Tout de suite, il se mit à me parler de ses péripéties en immobilier, de sa blonde avec qui ils écrivaient sur le sujet. De fil en aiguille, on a travaillé pendant plus d’une année par les soirs très tard ou les matins très tôt afin de créer une bible.
Avec les conseils de la comédienne, scénariste et femme de Benoît, la magnifique Eugénie Beaudry. Nous étions fins prêts à pitcher notre projet à un producteur. C’est ainsi que j’ai contacté Martin Roy, le pro de la comédie, avec qui j’avais déjà travaillé sur la série Dans ma tête. Martin a tout de suite répondu oui à nous rencontrer et après le pitch il nous a dit qu’il voulait une option… On ne savait pas ce que ça voulait dire, mais ça semblait positif! Ensuite, on a rencontré Pierre-Louis Sanschagrin et Marie-Josée Ouellette avec qui ça a cliqué et qui sont devenus auteurs sur la série.
Le projet est sorti dans une époque terrifiante (la COVID). Est-ce que tu as eu des craintes que ton projet n’aboutisse peut-être jamais à un certain moment ?
OUI! Je me souviens que j’ai accouché de mon deuxième enfant quelques jours après qu’on ait eu le GO de Bell Média. Nous commencions les brainstorms, l’écriture des personnages secondaires et soudain tout s’est arrêté. Plusieurs projets se voyaient tirer la plogue. Puis Charles Lafortune et Martin Roy ont décidé de plonger et d’avancer avec le projet. Il a fallu ajouter des auteurs et faire toute la préproduction de la saison 1 en un temps record. Après District 31, nous étions le deuxième plateau à tourner. L’équipe a été incroyable, ce n’était pas évident toutes les contraintes qui se sont ajoutées… On fait un show dont le concept c’est d’avoir plusieurs lieux et clients! Ce n’est pas COVID friendly! Ensuite pour la saison 2, on a adapté un peu l’écriture à cette contrainte.
Est-ce que tu as l’impression que ce que tu avais idéalisé a atteint tout son potentiel après quatre saisons ?
Oui, le travail de toute l’équipe est énorme et le résultat des quatre saisons est fantastique. On s’attache à la famille, aux sœurs, à Marcel! Il manque juste un épisode de Noël ou un mariage au Costa Rica avec Alain! Non, mais un aspect qu’on ne voit pas c’est que les courtiers n’ont pas de réelles vacances. Je me souviens un 24 décembre au soir, je suis au téléphone, les clients ne s’entendent pas, ils ne veulent pas payer le certificat de localisation, l’un dit avoir assez descendu son prix, l’autre dit avoir assez bonifié son offre… UN 24 DÉCEMBRE en plein réveillon! Je vous ai dit que je suis une fille de famille et de tradition! Me faire déranger à Noël pour écrire une clause de plus à un contrat… Il faut le faire!
Est-ce que tu crois que la série avait encore quelque chose à dire ?
Clairement, la série aurait encore eu quelque chose à dire, le monde de l’immobilier évolue et change tout comme la série aurait pu continuer de le faire. Je crois qu’avec toute l’équipe de créateurs, Martin et Pierre-Louis, le chef auteur, nous aurions pu faire encore quelques saisons. Les personnages sont forts et des idées on en a à revendre. Toutefois, étirer la sauce, parfois ça peut devenir fade et ce n’est pas ce que nous voulions.
Qu’est-ce qui restera gravé dans ta mémoire de toute cette aventure ? Qu’est-ce que tu retiendras en général de cette aventure ?
Dans ma mémoire et dans mon cœur, il reste tous les bons moments avec Benoît, le co-créateur de la série. Au fil des années, c’est devenu un ami en or! Également les moments de création avec Martin, Pierre-Louis, Marie-Josée, Martine, Julien, Kristine, les auteurs fantastiques de la série. Les rencontres, l’équipe de production et l’équipe sur les tournages, c’était une petite famille.
Deux moments marquants également; dans la première saison j’ai eu la chance de jouer un magnifique rôle, celui de Nancy, j’ai joué avec un acteur fabuleux Ariel Ifergan. C’était mon rôle le plus long, c’est-à-dire de tourner six jours et faire évoluer un personnage, cela ne m’était arrivé qu’au théâtre. Avant je n’avais joué que dans des rôles épisodiques un ou deux jours de tournage ou des publicités. Puis un autre beau moment; la journée de tournage avec ma fille. Dans le premier épisode de la saison 4, il y a une petite cocotte et c’est ma petite Liliane. Comme les autres, elle a fait son audition et j’étais très fière de boucler la boucle avec cette petite apparition!
En quoi l’expérience de Contre-offre aura-t-elle changé ta vie ?
Ça aura viré ma vie à l’envers! C’est-à-dire qu’après la saison 1, j’ai tellement aimé être dans le processus de création, les brainstorms, le travail avec les auteurs… Que j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai appliqué à l’École national de l’humour (ENH) volet scénarisation. Avant je ne savais pas, car je suis dyslexique et écrire était ma bête noire, mais je voulais tellement raconter des histoires que je suis devenue comédienne! Heureusement, j’ai été accepté à l’ENH et j’ai tellement appris des enseignements et des rencontres que j’ai eues là-bas. Grâce à l’école, j’ai développé une confiance qui me pousse à continuer d’écrire et surtout qui m’aide à cogner aux portes des producteurs avec mes projets.
Pourquoi est-ce que les gens à la maison devraient binge-watcher la saison 4 ?
Parce que cette saison est un baume. C’est de la joie, du rire simple et aussi, car on ferme les histoires de nos personnages principaux. Évidemment, c’est possible d’écouter seulement la saison 4, mais je recommande de commencer par la saison 1 et d’embarquer avec la famille Lévesque dans tout ce tourbillon d’immobilier, de famille et d’amour.
Qu’est-ce qui s’en vient pour Marie-Chantal Nadeau ?
La fin du temps des sucres… Une dernière production de beurre d’érable… Haha! Ça, c’est ce qui s’en vient concrètement, mais du côté artistique, je suis en train de travailler sur deux, trois projets de séries que j’ai dans le cœur et dans la tête. J’espère qu’ils débarqueront un jour dans les écrans du Québec. Je joue un beau rôle dans la saison 3 de la série Portrait-Robot qui sort bientôt. Aussi, je viens de terminer le tournage d’une co-production Québec-Toronto super drôle « Au jus confidentiel! ». Bref, je continue de tourner, d’auditionner pour des pubs et des séries, la chance quoi!
Entrevue avec Emmanuelle et Noémie
Lors du tapis rouge de la 25e édition du Gala Les Olivier, on a réalisé une entrevue avec Emmanuelle Lussier-Martinez et Noémie O’Farrell à propos également de la fin de l’aventure de Contre-offre.
Comment vous sentez-vous avec la fin de la série ?
Emmanuelle : Un petit deuil.
Noémie : Un petit deuil, certain !
Emmanuelle : On s’est senti en famille autant dans la vraie vie que dans la fiction. C’est un deuil, mais avec un sentiment de mission accomplie.
Noémie : Quatre belles saisons quand même !
Emmanuelle : Une grande fierté ! Je trouve que d’une saison à l’autre, c’était comme du bon vin ! En espérant que le public sera au rendez-vous jusqu’au dernier épisode. Je suis juste fière.
Noémie : Moi aussi, vraiment ! Je ne suis pas inquiète que les gens seront au rendez-vous. C’est le fun de se voir avec la nomination de ce soir.
Qu’est-ce que vous retenez de votre expérience ?
Noémie : Le plaisir de tourner ensemble. Pour moi, c’était de travailler avec de bonnes actrices – soit le trio ainsi qu’Antoine Vézina. On était souvent ensemble avec Tommy Joubert aussi. Ce sont tous de bons acteurs et de bonnes actrices. C’était un climat très familial avec beaucoup de plaisir.
Emmanuelle : En termes d’humour, je trouve qu’on a réussi avec des textes qui étaient drôles à jouer sur la ligne de la vérité. C’était le défi de rendre des phrases un peu punchlines quand même crédibles. Notre plus grande force, du quatuor principal, était de les sortir comme des phrases de tous les jours; plutôt que des phrases de shows comiques. C’est grâce à Martin (Roy) qui nous a dirigés pour que ce soit drôle, mais qu’on fait semblant qu’on ne le sait pas.
Frédéric Lebeuf | Journaliste & Photographe
Grand passionné de musique rock, metal, metalcore et post-hardcore, Frédéric adore assister à des concerts de ses artistes préférés qui gravitent autour de son palmarès hebdomadaire. Passionné de lifestyle et de télévision, il reste à l’affût pour couvrir des événements de tout genre. Son premier album qu’il a acheté est Americana de The Offspring.