
L’autrice-compositrice-interprète Andréanne A. Malette porte plusieurs chapeaux. En plus de s’autoproduire depuis déjà quelques années, elle a produit des spectacles, dont la tournée Feu de camp, qui permettait au public de recevoir certains artistes directement dans leur cour! Elle pousse cette fois le projet encore plus loin; elle en fait une émission musicale. À travers ces quatre épisodes d’une durée d’environ 75 minutes chaque, elle nous permet de découvrir sous un nouvel angle 2Frères et Brigitte Boisjoli, Michel Rivard et Mara Tremblay, Vincent Vallières et Claude Cobra (Bleu Jeans Bleu) ainsi que Corneille, Marie-Mai et David Laflèche. Nous avons discuté avec elle de ce nouveau projet, plus spécialement du processus de création l’entourant.
D’abord, présente-nous l’émission Feu de camp.
Le concept est extrêmement simple. C’est moi qui reçois des artistes au bord de mon feu de camp. Ce sont des soirées en plein air. On a tourné ça à la Brasserie de La Ferme, à Shefford, d’où je viens, en fait. Chaque soir, je reçois des artistes autour de mon feu. Donc, plutôt que d’être des amis qui viennent gratter la guitare, ce sont des artistes de renom, donc ça donne lieu à des moments vraiment surréels. Tu sais, d’avoir un Michel Rivard qui chante « La complainte du phoque en Alaska », c’est comme impossible parce que cette chanson-là, on l’a toujours au bord du feu, mais cette fois, c’est l’original qui la fait!
C’est vraiment particulier. Puis, c’est important pour moi aussi qu’on se donne le temps de tourner longtemps. On filmait pendant à peu près deux heures. Le montage n’a pas été tant coupé que ça. Moi, je voulais vraiment que ça soit un peu comme un podcast musical, avec la portion discussion autant mise à l’avant que la portion musicale. On a vraiment de super bonnes discussions chaque soir, plein de sujets aussi, en plus des chansons!
Tu produis la tournée Feu de camp depuis quelques années déjà. D’où t’es venue l’idée d’en faire une émission musicale ?
En fait, l’idée de l’émission est née pas mal en même temps que l’idée de la tournée! Mais si la pandémie a eu quelque chose de positif dans cette petite boîte entrepreneure, c’est d’avoir donné l’accès à certaines subventions; il y avait des subventions de la SODEQ qui nous permettaient de faire des trucs un peu plus virtuels. On a juste à penser à toutes les émissions web que les gens ont faites! On a eu accès à ça, donc ça m’a permis de finalement faire cette idée. Puis, en ayant la saison 1 de faite, je pense que ça va être plus facile d’aller chercher des commanditaires ou des partenaires pour faire les saisons qui vont venir.
Donc, on peut s’attendre à ce que d’autres épisodes suivent ?
J’ai tellement plein d’idées (rires)! J’ai des idées de mixtes d’artistes qui pourraient être vraiment cool ensemble, donc oui, c’est sûr que j’aimerais ça qu’il y ait une saison 2. Mon but, c’est d’essayer de la proposer à des diffuseurs télé; je pense que c’est vraiment un projet qui a un super beau potentiel télé. Ça marche déjà très bien sur le web, donc je pense que ça pourrait être vraiment chouette. C’est vraiment mon intention qu’il y ait une saison 2!

Tu t’autoproduis depuis plusieurs années maintenant et tu produis régulièrement des spectacles, mais c’est la première fois que tu produis une émission! Comment as-tu trouvé l’expérience ?
Tu sais, j’ai souvent été plongée dans ce monde-là, ayant fait Star Académie, entre autres. J’ai vu les dessous d’une émission de télé. Je vois souvent comment ça fonctionne, l’envers du décor, mais je ne l’avais jamais fait; je n’en avais jamais produit. Je comprenais des trucs, mais j’ai quand même été chercher un producteur délégué, c’est-à-dire l’équipe de WhiteBox Play, la plateforme sur laquelle on est diffusés. Jean-René Grimard, qui a créé cette plateforme-là, c’est lui qui a réalisé le show, donc toute la portion plus technique. Moi, je ne sais pas combien de caméras ça prend; je ne connais pas les détails! Je sais que ça prend des roulottes pour héberger; la portion artistique, je la comprends, mais la portion technique, on l’a mise entre les mains de Jean-René.
Il y avait une centaine de personnes qui travaillaient sur le projet, donc ça a pris vraiment des chefs de plusieurs départements! Il fallait bien organiser tout ça. Jean-René en a pris beaucoup sur ses épaules comme j’avais déjà beaucoup trop de chapeaux (rires)! Je devais apprendre les chansons de tout le monde, connaître les paroles et les accords de guitare, apprendre mes back vocals; juste ça, c’était une grosse job, et par-dessus ça, il fallait que je fasse des recherches, que j’écrive mes animations, que j’anime, que je sois ma propre styliste, que je produise le show, que je prenne des décisions, que je pense aux décors, à l’éclairage… Ça faisait beaucoup! Des fois, j’allais courir (rires)!
Justement, quels ont été les principaux défis de cette nouvelle formule Feu de camp ?
Principalement la quantité de choses à faire! Ça, c’était quand même difficile. De compartimenter aussi, quand est-ce que c’est le bon moment d’arrêter de focuser sur, je ne sais pas moi, le fait qu’on a brisé une partie du décor par exemple, parce que dans une heure commence le show et là, je dois pratiquer mes back vocals et que je sache où je m’en vais, donc compartimenter ma tête a été vraiment difficile. Sinon, je te dirais que, à part la portion technique, ça a été vraiment, vraiment du pur bonheur, autant pour moi que – je pense, je ne veux pas parler à leur place (rires) – pour les artistes.
Ils me l’ont dit que c’était tellement juste simple, autant pour le public que pour l’équipe que pour nous autres. Ça a été vraiment des moments dans le temps. On partait le show, il faisait encore soleil, on se mettait à jaser et à jouer de la musique, puis tranquillement il y avait le coucher de soleil, puis le soleil s’en allait et ça devenait la nuit. Le monde rit, pleure, joue de la guit, mange des guimauves, boit de la bière… On oublie qu’il y a des caméras, puis on fait juste passer une belle soirée. C’est quand même magique.
Tu as été chercher des artistes très variés pour les différents épisodes. Pourquoi les avoir choisis ?
Je te dirais que, un peu égoïstement, je suis allée avec des gens que j’aime beaucoup, que je connais, que je sais qu’ils sont des vrais fins, qui allaient me permettre d’être à l’aise. Ce n’est pas le moment de mettre quelqu’un qui te rend inconfortable quand tu fais un gros projet comme ça. Il y en a plusieurs qui sont des amis.
Tu sais, Michel, qui a été mon prof à l’Académie, j’ai une super bonne relation avec lui. Vincent Vallières, les 2Frères, ce sont des gars que je considère des amis, que je croise tout le temps, Brigitte aussi, Marie-Mai… tout le monde, en fait (rires)! Tout le monde qui est venu, c’est du monde profondément gentil, adorable, généreux. Ça prenait du monde qui allait embarquer, qui allait dire oui au projet. Tu sais, la saison 2, c’est plus facile, je peux dire « écoute la saison 1 et tu me diras si ça te tente ». La saison 1, il fallait que le monde plonge dans le vide avec moi. Ces gens-là ont embarqué dans mon trip, et je leur en suis super reconnaissante!
Comment les as-tu approchés pour les inviter à participer au projet ?
C’est drôle, Vincent dit dans l’émission au début « moi, quand tu m’as invité au bord de ton feu de camp, je m’attendais à 2-3 iphones, mais là, c’est pas tout à fait ça »! Il y a les caméras, 200 personnes dans le public, donc je pense que les artistes ont été surpris; c’était plus gros que ce à quoi ils s’attendaient. Quand je les ai approchés, je pense qu’ils m’ont fait confiance. Je pense que, depuis quelques années, d’une certaine façon, je démontre que, les trucs que je fais, je les fais de façon hyper professionnelle. C’est toujours bien fait; c’est important pour moi. Donc ils ont eu confiance que j’allais faire quelque chose qui allait être bien fait, dans laquelle ils allaient être confortables aussi.
La série comporte quatre épisodes. Comment as-tu créé les différentes équipes d’artistes pour chacun d’eux ?
J’ai essayé d’avoir le plus de diversité et d’équité possible. C’était un souci premier que j’avais. Avec le temps qu’on a eu pour booker la saison, je ne suis pas allée au maximum de ce que j’aurais aimé aller. Au début, il devait y avoir trois artistes par émission; je voulais qu’il y ait des artistes émergents. Je voulais faire découvrir certains univers. J’aurais aimé qu’il y ait plus de femmes aussi. On a compensé en ayant des femmes musiciennes, en ayant une équipe technique de femmes. On était beaucoup de femmes sur le plateau. Donc ça, c’était un souci que j’avais. Si on oublie ce souci-là, je suis allée avec des artistes généreux qui se connaissent un peu et qui allaient avoir des univers qui allaient fonctionner ensemble. La plupart se connaissaient.
Tu vois, Michel et Mara, ce sont des amis depuis 40 ans, donc je savais qu’on allait avoir plein d’anecdotes croustillantes. Les 2Frères et Brigitte Boisjoli, c’est du monde de party. Je savais qu’en donnant des guitares à ce monde-là, ça jouerait toute la nuit et que ça risquerait d’être drôle. Marie-Mai et Corneille, je trouvais ça l’fun de prendre deux artistes qui ont toujours un univers extrêmement léché, avec des costumes, des danseurs, de complets vestons cravates, et voir ce que ça donnait en les mettant en chemises carreautées! Puis, Vincent et Claude, ça, c’est plus un coup de dés (rires)! Je me disais que c’étaient deux boys vraiment gentils, qui viennent des Cantons-de-l’Est, qui ont deux univers complètement différents; comment on fait pour mettre ça ensemble, un qui fait des jokes dans ses tounes et l’autre qui est beaucoup plus sentimental. Finalement, ils sont devenus de super bons amis, je pense, après cette soirée-là. Ils ont découvert à quel point ils avaient des points en commun, surtout par rapport au fait qu’ils sont pères de famille. Donc ce sont des coups de dés réfléchis (rires)!
Tu m’as dit, lors de notre dernière entrevue, que 2022 était pour toi l’année de tous les chapeaux. La tournée SITKA tire d’ailleurs à sa fin. À quoi ressemblera la suite pour toi ?
Je vais essayer de remettre le chapeau d’artiste un peu plus parce que j’ai envie d’écrire le quatrième album. Donc je pense que ça va être principalement ça qui s’en vient, de l’écriture, du studio, de l’enregistrement de nouvelles tounes que j’ai vraiment hâte de vous présenter! Je crois à ça, la numérologie, je ne sais pas pour toi, mais c’est comme des cycles de neuf ans, et 2023, c’est une année 1 pour moi. Donc je pense que c’est comme un début de nouveaux cycles, de nouveaux projets. J’essaie des affaires! Je me lance dans un nouveau plan sur neuf ans, qui va peut-être inclure des trucs un peu plus personnels, tu sais, une maison. Y aura-t-il des enfants ? Je ne sais pas! Ça va être une nouvelle étape de la carrière et de la vie qui commence en 2023.

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Crédit photos: Page Facebook d’Andréanne

Samuelle Guimond | Journaliste
Samuelle est une passionnée de musique, de littérature, de télé et de théâtre. Si elle est journaliste pour le média, c’est dans le but de faire briller des artistes d’ici en qui elle croit, principalement à travers des entrevues. Tu pourrais très bien la croiser dans une salle de spectacle aux environs de Montréal!