
Jusqu’au 18 novembre, le Théâtre Jean-Duceppe présente Docteure. Ce texte de Robert Icke, traduit par Fanny Britt et mis en scène par Marie-Ève Milot oppose la science et la religion dans un thriller moral prenant.
Dans une chambre d’un prestigieux institut de recherche médicale, une adolescente est sur le point de mourir avortement-maison bâclé. Dépêché par les parents de la jeune fille, un prêtre catholique insiste pour lui donner l’extrême-onction. La Dre Rachel Wolff, fondatrice de l’endroit, lui bloque brusquement le passage sous prétexte que d’apprendre sa mort imminente pourrait l’agiter inutilement. Or, le religieux a enregistré les propos de la médecin et des extraits circulent maintenant sur les réseaux sociaux.
Être ou ne pas être
Pour tempérer la colère, on tente de lui faire justifier son geste par sa religion, son genre, ses origines ou son orientation sexuelle. Or la Dre Wolff, magistralement interprétée par Pascale Montpetit, refuse les étiquettes et s’accroche à son identité de médecin et au code d’éthique de sa profession. L’opinion publique s’embrase et l’appui de ses collègues s’effrite tant qu’on en vient à proposer un vote de non-confiance.
Une production impressionnante
La mise en scène est rythmée et fait en sorte qu’on est rapidement accrochés par l’histoire. La scénographie ingénieuse est principalement composée de rideaux vaporeux disposés pour rappeler entre autres des corridors d’hôpital.
Marie-Ève Milot s’est entourée d’une enviable brochette de comédiens. Ceux-ci défendent leur rôle avec aplomb. Mentionnons par exemple Alice Dorval qui incarne Sami, dont le jeu module avec l’évolution de l’identité de genre de son personnage. Puis, Yanic Truesdale qu’on a surtout vu dans des rôles sympathiques (Les Mecs, Le bourgeois gentilhomme, La cage aux folles…) démontre ici toute l’étendue de son registre de jeu dans les traits d’Hardiman, le principal opposant de la Dre Wolff.
Plus ça change…
Créée à Londres en 2019, la pièce de Robert Icke est librement adaptée de Professor Bernhardi. Ce texte de l’Autrichien Arthur Schnitzler écrit en 1919 aborde les conflits interreligieux. Force est d’admettre que le sujet toujours d’actualité plus d’un siècle plus tard. Docteure a le génie de présenter les points de vue divergents de manière à susciter la réflexion du spectateur.
Docteure
Texte : Robert Icke, très librement adapté de Professor Bernhardi d’Arthur Schnitzler
Traduction : Fanny Britt
Mise en scène Marie-Ève Milot
Distribution : Alexandre Bergeron, Sofia Blondin, Alice Dorval, Nora Guerch, Ariel Ifergan, Tania Kontoyanni, Pascale Montpetit, Sharon James, Harry Standjofski, Elkahna Talbi, Yanic Truesdale
Texte : Nancie Boulay
Crédit photo : Danny Taillon