
Le 8 octobre prochain, La Carotte Polaire sortira son troisième album, intitulé Célibataire endurcie. Afin de paver la voie à son nouveau disque, Claudia Laurin (de son vrai nom) nous a offert la pièce estivale Fuir les fugues il y a quelques semaines.
Fuir les fugues est une chanson particulière pour l’auteure-compositrice-interprète. C’est la première fois qu’elle avait une inspiration très claire d’où est-ce qu’elle voulait s’en aller avec une pièce et tout spécialement au niveau de l’arrangement très spécifique.
Claudia avoue s’être inspirée du succès Hide and Seek d’Imogen Heap lorsqu’elle a travaillé sur la maquette finale de son récent extrait. « Il y avait tellement de voix dans la chanson. C’est la première fois que j’entendais autant d’harmonies vocales. Il y avait aussi beaucoup d’effets sur les voix. L’arrangement, en dehors des voix, était très épuré. Bref, cette pièce m’avait beaucoup marquée. J’avais envie de prendre Fuir les fugues et aller chercher le même petit effet englobant quand il y a beaucoup d’harmonies vocales qui sont appliquées sur une mélodie. »
Ce fut une partie de plaisir pour la Carotte Polaire d’adapter sa toune à celle de la chanteuse anglaise. « Fuir les fugues est certainement moins prog que ce qui est mis de l’avant avec Hide and Seek. Mais, c’est une couleur qui me ressemble plus », admet celle qui aime avoir des arrangements chargés dans ses chansons en citant l’exemple de Klô Pelgag. Sans surprise, les synthétiseurs ont plus de place sur le disque à paraître l’automne prochain.
Le défi qui pointait à l’horizon, c’est que Claudia sortait une chanson estivale qui au premier abord ne sonne rien d’estival. « Quand tu arrives au refrain de la pièce, il y a une vibe présente. On doit vraiment faire confiance au processus », affirme-t-elle en mentionnant qu’on doit se rendre un peu plus loin dans la chanson pour voir la valeur de la toune de l’été.
Quelque part et ensuite, le silence !
En écoutant son nouvel extrait, on remarque que la chanteuse a inséré un silence dès les premières secondes. Est-ce que la toune est bien lancée, peut-on se demander ? On sait que certains musiciens rock peuvent insérer des petits silences entre deux riffs ou lorsque l’instrumentalisation change distinctement. Toutefois, cette inclusion est différente, dans le cas de Fuir les fugues, par sa longueur et par son emplacement dans la pièce.
« La chanson commence avec une grosse basse omniprésente qui t’amène à penser que tu seras englobé par de la musique rock. Tu te doutes que ça va être fort dans tes oreilles. La première phrase dit : “Quelque part”, et ensuite, c’est un silence radio. Je trouvais que, justement, ça demandait à ton oreille de porter attention et de se dire qu’il y a un silence. »
« Quand tu étudies en musique, tu te fais tout le temps dire qui a autant de valeur dans ton silence que lorsque tu joues. On est dans une génération où le temps d’attention des gens a diminué grandement avec les réseaux sociaux. On a plus 30 ou 60 secondes pour aller chercher l’attention du monde. Donc, j’avais envie de placer un silence et de le mettre à l’honneur », explique-t-elle.
Célibataire endurcie, un nouvel album à paraître
Comme vous pouvez le percevoir selon le titre de son album, Claudia a eu un passé de célibataire endurcie bien qu’elle soit maintenant en couple depuis bientôt un an. « Faute de ne pas vouloir être sur le coin de la vie de quelqu’un, j’ai toujours préféré ne pas être dans la vie de quelqu’un. J’ai vécu beaucoup des relations où on se voyait très peu souvent. Si on se voyait plus d’une fois par semaine, ça devenait trop pour mon partenaire. Il n’y avait pas de place pour vivre les choses au fur et à mesure. Même si c’était d’extrêmement bonnes personnes avec qui j’ai été, les hommes que j’ai rencontrés durant cette période avaient besoin d’être seuls. Je peux comprendre le besoin d’être seul parce que c’est facile d’être seul. »
Sur sa nouvelle palette, la Carotte Polaire attaque même les mythes qui entourent les signes astrologiques. « Chaque fois que je dis que je suis scorpion, les gens insinuent que j’ai un gros caractère, que j’ai une grande sexualité et que je suis une mangeuse d’hommes. J’imagine que ça ne m’a jamais aidé dans mes relations. Tu te fais mettre dans une case. », dit-elle.
Comme elle trouvait que les stéréotypes de célibataire ou de femmes qui choisissent de vivre leur célibat étaient importants. Elle a décidé d’en prendre quelques-uns et de faire comme si c’était vrai le temps d’une chanson.
Un changement de sonorité musicale sur son nouveau disque
Sur son nouveau disque Célibataire endurcie, La Carotte Polaire est revenue à son instrument principal soit le piano. « J’ai fait un grand switch de catégorie. J’ai décidé que je ne faisais plus de chansons folk. Quoique quand je joue de la guitare en solo, ça a tendance à sonner folk. Toutefois sur l’album en tant que tel, c’est de la dream pop plus prog. », souligne-t-elle. Si elle plongeait, sans le vouloir, dans la musique folk, c’est qu’elle n’a pas de permis de conduire. Elle ne pouvait pas traîner son piano aussi facilement sur la route. Elle a donc dû remplacer le clavier par une guitare à de multiples occasions lors de spectacles.
À l’inverse des autres chansons de son disque, la chanson-titre de l’album (si le titre est conservé) est très épurée. Celle-ci est composée seulement de la contrebasse, du piano et des cordes. Elle fait l’état de célibataire endurcie. En plus, cette exception à la règle lui a permis de travailler un arrangement de piano en dessous de sa voix.